L'enseigne de prêt-à-porter Naf Naf placée en redressement judiciaire

Le tribunal de commerce de Bobigny a rendu sa décision ce mercredi, confirmant le placement judiciaire de l'enseigne de prêt-à-porter Naf Naf. Lancée en 1973 par deux frères, la marque fait face à « des arriérés de paiement de loyers » accumulés durant la période de Covid. Pour rappel, Naf Naf emploie 660 salariés en France, détient 131 magasins et affichait en 2022 un chiffre d'affaires de 141 millions d'euros.
Pour rappel, Naf Naf avait déjà été placée en redressement judiciaire en mai 2020.
Pour rappel, Naf Naf avait déjà été placée en redressement judiciaire en mai 2020. (Crédits : ReutersMagali Cohen / Hans Lucas via Reuters Connect)

[Article publié le mercredi 6 septembre 2023 à 11h51 et mis à jour à 12h11] C'est officiel. L'enseigne Naf Naf a été placée en redressement judiciaire par le tribunal de commerce, a confirmé la direction à l'AFP, ce mercredi. De fait, l'entreprise est confrontée à « des arriérés de paiement de loyers » accumulés durant la période de Covid, n'ayant pas été éligible aux aides mises en place par l'exécutif durant la crise sanitaire.

« On fera tout pour remettre sur pied Naf Naf dans l'année à venir. Il ne faut pas que (les prestataires) nous confondent avec Camaïeu et toutes ces autres entreprises qui n'ont pas réussi à se redresser face à la crise du secteur du "retail" », a déclaré à l'AFP le dirigeant de SY, Selçuk Yilmaz.

Naf Naf bénéficie ainsi d'une période d'observation de six mois renouvelable, « sans doute deux fois six mois », a précisé à l'AFP l'avocate du groupe Virginie Dupé du cabinet Hyest. Cette période d'observation lui permettra « de prendre très rapidement un maximum de mesures pour redresser la situation ».

Une vingtaine de magasins sur la sellette

Outre la crise du Covid-19, l'entreprise a été durement touchée par l« es manifestations à répétition des gilets jaunes puis contre la réforme des retraites », par les conséquences de « la guerre en Ukraine qui a provoqué un choc inflationniste et la flambée des prix de l'énergie, des matières premières et du transport », ainsi que par « la concurrence étrangère dont les moyens de production discutables lui offrent une compétitivité déloyale », affirme un communiqué de presse transmis à l'AFP.

« On sait qu'il va y avoir des fermetures de magasins, a priori une vingtaine, et un nouveau PSE au siège, qui va déménager », a déploré Angélique Idali, secrétaire du CSE et déléguée syndicale CFDT, majoritaire à 87% chez Naf Naf. « Il y a une énorme inquiétude des salariés quant à la fermeture des magasins, ils attendent la liste », a-t-elle encore dit à l'AFP.

« C'est le deuxième redressement judiciaire en trois ans, il y a donc beaucoup d'inquiétude, de défiance, de peur », selon la syndicaliste qui espère que sera évitée « au maximum une casse sociale ».

Le prêt-à-porter français en mauvaise posture

Pour rappel, Naf Naf avait déjà été placée en redressement judiciaire en mai 2020 et reprise dans la foulée par le groupe franco-turc SY, qui est toujours son actionnaire, et qui avait déjà acquis l'enseigne Sinéquanone en 2019. La société avait alors commencé à se restructurer et supprimé 27 postes en juin 2023 dans le cadre d'un PSE, avait indiqué le porte-parole à l'AFP fin août.

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La marque française lancée en 1973 par deux frères emploie 660 salariés en France, détient 131 magasins et affiche un chiffre d'affaires 2022 de 141 millions d'euros, « en croissance », indiquait fin août un porte-parole de l'enseigne à l'AFP.

Comme elle, Camaïeu, Kookaï, Burton of London, Gap France, André, San Marina, Kaporal, Don't Call Me Jennyfer, Du Pareil au Même et Sergent Major... Ces marques bien connues des consommateurs français ont souffert d'un cocktail détonnant : pandémie, inflation, hausse des coûts de l'énergie, des matières premières, des loyers et des salaires et concurrence de la seconde main.

L'« ultra low cost » tire son épingle du jeu

Ainsi, en 2022, le chiffre d'affaires du secteur du e-commerce et de la vente à distance a progressé de 13,8% en France par rapport à 2021, à 146,9 milliards d'euros, selon son syndicat, la Fevad. Et ce, après deux années de croissance exceptionnelle portées par l'épidémie de Covid-19. Cette conjugaison de facteurs a été fatale pour certaines marques, qui ont été liquidées, comme Camaïeu en septembre 2022, dont le licenciement des 2.100 salariés a fortement marqué les esprits.

Face à ces marques, dites de « d'entrée de gamme », en difficulté, celles « ultra low cost » sont, elles, en parfaite santé« La crise du pouvoir d'achat conforte notre modèle », s'était ainsi félicitée, la directrice générale France de Primark, Christine Loizy, en mars dernier, alors que l'enseigne irlandaise de vêtements à bas prix ouvrait son 23e magasin de 3.500 m2 à Saint-Etienne.

« Dans cette période très difficile pour tout le monde, nous on marche très bien alors que la crise a maintenant un an (...). On récupère des clients qui n'ont plus les moyens pour des produits plus chers », avait-elle expliqué à l'AFP.

« Les marques qui vont remplacer celles qui ont fait faillite seront ultra-fast fashion, offrant une vaste sélection à des prix défiant toute concurrence », confirmait alors Laure Claire Reillier, DG du cabinet de conseil en stratégie Launchworks & Co et experte de la distribution

Elle estime que « les marques disparues (Pimkie, Kookaï, Camaïeu...) n'ont malheureusement pas su intégrer le digital à temps. Du côté du low cost, celles qui sont avant tout "digital first", parce qu'elles sont nées comme ça (SHEIN) ».

(Avec AFP)

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Commentaires 2
à écrit le 06/09/2023 à 12:28
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C'est triste pour les salariés qui vont se retrouver au chômage. Mais la profusion des magasins de fripes ne pouvait pas continuer ainsi. La plupart n'ont maintenant plus aucune valeur ajoutée: stock trés réduit , service client "maigre", prix de ph...

à écrit le 06/09/2023 à 12:20
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comme l'a dit la banque de france ! y a pas de récession tout va bien .......

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