Le défi vert de Nespresso

Alors que la demande mondiale de café explose, la filiale de Nestlé s’efforce de réduire son empreinte écologique.
Le PDG de Nespresso, Guillaume Le Cunff, au siège de la marque, à Vevey (Suisse).
Le PDG de Nespresso, Guillaume Le Cunff, au siège de la marque, à Vevey (Suisse). (Crédits : © LTD / William Gammuto/MUTO)

Alors que deux associations poursuivent Nespresso pour allégations trompeuses en matière environnementale et que leur plainte a été jugée recevable, l'entreprise maintient ses positions. Présent à Paris cette semaine pour le sommet ChangeNow, consacré à la transition énergétique et climatique, son PDG, Guillaume Le Cunff, savoure ce moment. Non seulement la marque star de Nestlé, créée en 1986, poursuit sa croissance avec un chiffre d'affaires de 6,57 milliards d'euros en 2023, mais le lancement l'an dernier en France et en Suisse de ses capsules en papier - qui ont demandé trois ans de développement, car le matériau doit résister à une pression de 19 bars sans altérer le goût du café - est un succès. L'objectif consiste à atteindre le « zéro émissions » en 2030.

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« La capsule, en alu comme en papier, est l'une des solutions les plus efficaces pour l'environnement », souligne ce Breton entré chez le géant suisse il y a vingt-cinq ans en tant que contrôleur financier de Perrier. Une première étude indépendante, en 2018, réalisée par le cabinet d'expertise environnementale Quantis, avait démontré que les machines Nespresso produisaient moins d'émissions (108 grammes d'équivalent CO2 par tasse) que ses concurrentes « à l'italienne » (110 grammes) ou à broyeur automatique (142 grammes). D'autres études ont depuis confirmé ces résultats.

Grâce à la maîtrise de notre chaîne de valeur, des fermes jusqu'aux capsules, nos émissions de CO 2 diminuent - Guillaume Le Cunff, PDG de Nespresso

Un argument de poids, compte tenu d'une demande de plus en plus forte. Avec près de 3 milliards de tasses bues quotidiennement dans le monde, la consommation a doublé depuis les années 1990, dopée par l'émergence des classes moyennes en Indonésie et en Inde. Elle devrait encore doubler d'ici à 2050, notamment en Asie et en Afrique. D'où des déchets de grains usagés, émetteurs de méthane, en perpétuelle augmentation, sans oublier les gobelets en papier. « Grâce à la maîtrise complète de notre chaîne de valeur, des fermes productrices - qui représentent 40 % du total des émissions - jusqu'aux capsules, nos émissions de CO 2 diminuent régulièrement, explique Guillaume Le Cunff. Et la création des capsules en papier nous donne désormais une avance supplémentaire. »

Nespresso continue parallèlement d'accélérer le recyclage de ses capsules originelles. Et souhaite atteindre le seuil de 75 % de foyers français équipés de bacs de tri spécifiques financés par l'entreprise, au lieu de 50 % aujourd'hui.

« Nous travaillons aussi pour les autres acteurs du secteur, ajoute le dirigeant. Si l'on souhaite que les consommateurs recyclent davantage, il faut leur rendre la vie facile. »

Intérêt pour le marché indien

Après une forte hausse des ventes à domicile pendant la pandémie, la société voit aujourd'hui les circuits de consommation s'équilibrer. Avec 800 boutiques dans le monde (dont 50 en France) et trois sites de production, l'entreprise réalise 60 % de ses ventes en ligne et a gagné des parts de marché aux États-Unis, grâce à sa nouvelle machine Vertuo. Autre signe de reconnaissance, Nespresso a fait son entrée dans le classement Interbrand des 100 premières marques mondiales en 2023. Déjà installée dans 80 pays, la filiale de Nestlé s'intéresse de très près au marché indien, le dernier de cette ampleur d'où elle est absente, et pourrait s'y implanter bientôt.

Si le prix des grains de café n'a pas subi la même envolée que celui des fèves de cacao (lire ci-contre), l'Organisation internationale du café indique néanmoins qu'il s'est affiché au plus haut depuis vingt-neuf ans en janvier 2024. Chez Nespresso, l'augmentation se situe entre 5 et 10 % depuis 2022, pour des capsules majoritairement vendues entre 0,43 et 0,52 euro - les plus chères atteignant 2,50 euros. Si l'inflation côté matières premières devait se poursuivre, le réseau de producteurs de la marque (150 000 caféiculteurs dans 18 pays) est perçu comme une protection.

Le marché du cacao hors de contrôle

Les cloches de Pâques apporteront bien aujourd'hui des œufs, des poules et des lapins. Mais plus petits. Et surtout plus chers. Car la hausse du prix de la fève de cacao, à la base de tous les produits au chocolat, dépasse 250 % en un an. Avec un nouveau record atteint le 26 mars, à plus de 10000 dollars la tonne sur le marché de New York, un record vieux de quarante-six ans vient de tomber. Mais, en 1978, la tonne ne se vendait qu'à... 5 000 dollars. Les causes de cet emballement sont pourtant multiples. Les fèves proviennent surtout d'Afrique de l'Ouest, puisque la Côte d'Ivoire, le Ghana et le Cameroun assurent 75 % de la production mondiale. Le changement climatique est le premier responsable de la crise. Trois ans de mauvaises récoltes se sont succédé. Les petites exploitations n'ont pas pu investir: les prix bas pendant trop longtemps ont empêché un entretien indispensable. Alors que les arbres, de plus en plus vieux, sont plus fragiles face aux maladies.

Les industriels cherchent des solutions face à une demande mondiale qui a doublé en trente ans, avec la Suisse en tête (12 kilos par personne et par an), suivie par les États-Unis (9 kilos). Selon les estimations, il manquerait entre 300 000 et 500000 tonnes pour satisfaire l'ensemble des consommateurs. Du côté des grands chocolatiers - les américains Hershey et Mondelez ou le suisse Nestlé -, la rareté entraîne une hausse du prix ainsi qu'une « shrinkflation », avec des quantités réduites dans les emballages. Mais des ruptures de stock ne sont pas à exclure.

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Commentaires 2
à écrit le 31/03/2024 à 14:00
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Les dosettes c'est pratique pour changer de café d'une tasse à l'autre. J'ai une machine Melit* qui broie le café, mais le système à deux compartiments est un leurre, fonctionnellement. Il faut 2,5 tasses, quand on a basculé la manette, pour que le n...

à écrit le 31/03/2024 à 12:45
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Gros consommateur de kfe, nous boycottons cette marque depuis ses debuts. Acheter du kfe en grains est bien plus satisfaisant. Beaucoup de choix d'origines et surtout etre non captif d'un fabricant helvete.

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