Elles étaient partout il y a 7 ans, elles brillent désormais par leur absence au Consumer Electronics Show (CES) à Las Vegas, qui s'est achevé le 12 janvier dernier. Les voitures autonomes, longtemps présentées comme le futur de l'industrie automobile, sont reléguées au second plan dans les allées du salon, à peine montrées par certains constructeurs comme Volkswagen.
Pour rappel, on qualifie les voitures autonomes de niveau 5 SAE, soit les véhicules en interaction totale avec leur environnement et qui ne nécessitent pas de chauffeurs. Elles ne possèdent pas de volant, ni de pédales contrairement au niveau 4, actuellement sur la route en Californie, dans lequel le conducteur peut reprendre la main en cas d'urgence. À titre d'exemple, les Tesla actuelles sont de niveau 2.
Après une première désillusion pour Uber ou encore Renault qui ont, tour à tour investi, dans cette technologie avant d'abandonner, c'est Cruise, filiale de General Motors spécialisée dans les voitures autonomes, qui a, plus récemment, suspendu son activité. De ce fait, elle a licencié un quart de ses effectifs, après un accident grave au mois d'octobre en Californie. Le drame a entraîné une telle déflagration que les constructeurs ont visiblement préféré faire profil bas au CES. D'autres problématiques sont également venues s'ajouter à leur feuille de route.
Electrique et logiciel en priorité
En réalité, les groupes automobiles ont surtout changé leur fusil d'épaules. Fragilisés par les multiples crises de ces dernières années, ils ont d'abord cherché à sauver leurs industries. Pour ce faire, ils ont réduit la part destinée à la recherche et au développement sur l'autonomie de leur véhicule. L'électrification à marche forcée en Europe a également orienté les investissements sur le Vieux Continent.
Au CES, le véritable maître-mot était : « Software defined vehicule ». La définition ? « Un véhicule dont les caractéristiques peuvent être contrôlées et modifiées par un logiciel ». Longtemps dominés par l'Américain Tesla, qui a fait de sa voiture un véritable "smartphone" sur roues, pouvant être mise à jour à tout moment, les autres constructeurs cherchent également à se développer sur le sujet. Pour ce faire, différentes stratégies sont établies. Volkswagen tente de développer son propre logiciel, rencontrant plusieurs difficultés ces derniers temps et envisageant d'ouvrir à d'éventuels partenariats. Un choix qu'a déjà opéré Renault. Ce dernier travaille avec Google et Qualcomm dans la création d'un logiciel commun en 2026.
En revanche, si les constructeurs traditionnels européens misent tout sur le logiciel et l'électrique, de l'autre côté de l'Atlantique et en Asie, une tout autre bataille se joue.
Les constructeurs européens en retard
Et pour cause, dans ces territoires bien spécifiques, la voiture autonome n'a pas été mise de côté. Malgré son absence au CES, force est de constater qu'elle est présente à San Francisco. La ville californienne abrite Cruise et Waymo - celle-ci est une filiale de Google - ont déployé un réseau de taxis sans chauffeurs. Si le premier a été suspendu après l'accident de la route impliquant un piéton, le second officie toujours.
Et d'autres villes américaines semblent intéressées par le dispositif. Ce dernier permettrait en effet de réduire les embouteillages dans les villes, de réduire les temps de trajets en les optimisant et ainsi, d'augmenter le nombre de courses. Mais cette technologie présente plusieurs inconvénients, dont les défaillances techniques et la responsabilité en cas d'accident. Des risques qui n'effraient pas les entreprises américaines :
« Aux Etats-Unis, les voitures sont mises sur la route, puis on met en place des dispositifs en cas d'accidents. À l'inverse, en Europe, nous régulons avant de pouvoir éventuellement mettre des voitures autonomes sur la route, regrette Damien Deroanne, consultant spécialisé sur les voitures autonomes. Les constructeurs européens risquent de perdre du terrain, comme pour l'électrique. »
En Asie aussi, de nombreux investissements sont actuellement en cours notamment en Chine, ainsi qu'en Corée du Sud, principalement via les entreprises tech et les télécoms. « Elles viendront tôt ou tard inonder le marché et l'Europe ne devrait pas être isolée de ce mouvement. Nous n'allons pas rouler comme les Amishs », ironise Damien Deroanne.
S'il n'y a pas d'information nouvelle actuellement, cela ne veut pas dire que les recherches sont arrêtées. Après son passage au CES, le cabinet AlixPartners confirme que si « la "hype" autour des véhicules autonomes est à l'arrêt, il est certain qu'il y a eu de nombreuses discussions à huis clos, reste à savoir quand les entreprises communiqueront dessus ».
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