Avec Austral, Renault enterre le Kadjar pour mieux reconquérir le segment des SUV compacts

Le groupe automobile français renouvelle son SUV compact et le met en conformité avec la nouvelle stratégie de montée en gamme initiée par Luca de Meo, le nouveau directeur général. L'Austral doit repositionner Renault sur l'un des segments les plus rentables d'Europe, mais il devra affronter la nouvelle génération du puissant et très lucratif Peugeot 3008...
Nabil Bourassi
(Crédits : Renault)

Kadjar n'est plus qu'un souvenir... Personne chez Renault ne vous dira si le SUV compact du losange lancé en 2015 restera un bon ou un mauvais souvenir, mais la marque automobile française a toutefois décidé de changer de nom pour le modèle qui doit lui succéder. Et pour cause, l'Austral doit marquer un véritable changement d'ambition.

Pas des moindres, puisqu'il doit mettre en application la nouvelle stratégie du groupe de reconquête du segment C, non par le volume mais par la qualité. Ce virage avait été impulsé par Luca de Meo arrivé en juillet 2020 à la tête de Renault et qui avait jugé que la crise commerciale et financière qui avait conduit Renault au bord de la faillite, s'expliquait aussi par la perte de valeur sur ce fameux segment des compacts : « ce sont les deux tiers des profits en Europe », avait-il observé.

Renault Austral

Pour rappel, le Kadjar ne disposait même pas de finition Initiale Paris, la version très haut de gamme qu'on pouvait trouver dans une Clio ou une Espace. En face, Peugeot faisait son beurre avec un 3008 nettement plus premium, tant sur les finitions que sur les équipements. C'est donc une nouvelle équation que doit résoudre Austral.

Le retour des quatre roues directionnelles de la Laguna

« Nous sommes sur une autre stratégie de positionnement et d'équipements », confirme Jean Chevennement, directeur du produit qui a dirigé le projet Austral. Pas moins de 32 assistants de conduite nec plus ultra dont un très futuriste régulateur de vitesse contextuel (prise en compte de la cartographie pour anticiper des ronds points ou autres obstacles et ainsi adapter la vitesse). Renault ressuscite également les quatre roues directionnelles de la dernière Laguna (disparue en 2015), un vrai marqueur premium. Austral promet d'être aussi agile en ville qu'une citadine.

Renault Austral

En outre, Austral va inaugurer un nouveau label de finition inspiré de l'autre marque du groupe : Esprit Alpine. Cette finition va offrir une proposition de valeur, sonnante et trébuchante, plus sportive qu'Initiale Paris et qui va aussi permettre d'entretenir et protéger la valeur résiduelle du produit (prix à la revente).

Le fait de labelliser une finition en référence à une marque haut-de-gamme rappelle la ligne AMG de chez Mercedes, ou la gamme GT Line chez Peugeot qui a permis de tirer les prix et les profits vers le haut. C'est la fameuse stratégie de "pricing power" (ou capacité à monter les prix). Jean Chevennement souligne que c'est aussi une opportunité pour Alpine de constituer une image de marque à échelle grand public.

L'offre moteur, clé de la compétitivité de l'Austral

Mais c'est l'offre de motorisations qui doit permettre à l'Austral d'être attractif et compétitif. Toute l'offre sera électrifiée, que ce soit avec une petite hybridation, ou la fameuse technologie E-Tech qui doit permettre à ce SUV d'être particulièrement bien positionné en termes de consommation CO2 (105g pour le E-Tech) et ainsi entrer dans les « car policy » des flottes (politique d'achats de voiture de société).

Renault refuse de donner des objectifs que ce soit en volumes, en part de marché, ou tout simplement de rang européen (podium ou pas). Austral doit avant-tout, selon les porte-parole de la marque, repositionner Renault sur le segment et recréer une dynamique vertueuse. La marque compte surfer sur le succès de l'Arkana, ce SUV coupé compact qui s'est déjà vendu à plus de 70.000 unités entre juin et décembre dernier, dont 60% équipée de la technologie E-Tech.

Avec le lancement imminent de Megane E-Tech (100% électrique), Renault est paré pour une année 2022 et 2023 très offensive sur le segment des compactes. En attendant celle, très attendue, de son concurrent historique, Peugeot, qui s'apprête, lui, à lancer dans les prochains mois son premier SUV coupé puis un remplaçant à son célèbre 3008 (en 2023)...

A LIRE AUSSI | Redressé, Renault prêt à attaquer le "plus gros marché automobile d'Europe"

Nabil Bourassi

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 1
à écrit le 08/03/2022 à 10:24
Signaler
Kadjar, R5, Twingo (laquelle)... que des prototypes..

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.