Voiture électrique : exclu du nouveau bonus écologique, le constructeur chinois MG casse les prix

Avant les annonces des voitures électriques éligibles au futur bonus écologique cette semaine, les constructeurs qui n'en bénéficieront pas tentent d'attirer les clients.
La MG ZS est commercialisée à moins de 18.000 euros depuis quelques semaines, et ce, jusqu'au 15 décembre, date à laquelle le futur bonus écologique ne s'appliquera plus.
La MG ZS est commercialisée à moins de 18.000 euros depuis quelques semaines, et ce, jusqu'au 15 décembre, date à laquelle le futur bonus écologique ne s'appliquera plus. (Crédits : Reuters)

Les annonces gouvernementales sur les modèles qui bénéficieront ou pas du futur bonus écologique sont imminentes. Cette aide, comprise entre 5.000 et 7.000 euros à l'achat d'un véhicule électrique neuf, sera destinée aux véhicules ayant obtenu un score environnemental favorable à compter du 15 décembre. Parmi les recalés d'ores et déjà connus : les constructeurs chinois. Ils savent en effet que leurs véhicules, fabriqués en Chine, ne pourront plus recevoir d'aides. Pour autant, ils ne restent pas les bras croisés et ont déjà déclenché la contre-attaque.

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Remises et augmentation des stocks

« Nous avons fait une campagne de pub depuis plusieurs semaines à la télévision et en radio pour inciter les gens à venir acheter avant la fin du bonus écologique », confirme MG, le constructeur chinois. Ce dernier propose ainsi des remises de l'ordre de 3.500 euros sur ses modèles phares, faisant descendre le prix du SUV urbain ZS à moins de 18.000 euros, bonus inclus. La promotion s'arrêtera pile le 15 décembre lors de la mise en place des nouvelles règles du bonus. Mieux, le constructeur chinois propose également un leasing social à 99 euros par mois jusqu'à vendredi, là aussi avant les annonces gouvernementales qui dresseront également la liste des véhicules à 100 euros par mois pour les ménages aux revenus modestes.

Les résultats sont au rendez-vous. Selon MG, les prises de commandes ces dernières semaines n'ont jamais été aussi fortes.

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Les autres marques produisant en Chine et sur la sellette n'ont pas directement lancé de promotions avant les annonces des modèles éligibles à cette aide. Mais les concessionnaires s'activent pour augmenter les stocks de ces véhicules afin de pouvoir les livrer avant le 15 mars 2024, condition imposée par le gouvernement pour que ces voitures électriques puissent bénéficier du bonus avant le changement de règles.

« MG a stocké près de 4.000 véhicules pour cette fin d'année », explique Marc Bruschet, président des concessionnaires de véhicules particuliers au sein du syndicat Mobilians.

Tesla, de son côté, modifie la stratégie d'approvisionnement de ses véhicules dans les concessions françaises. « Depuis octobre par exemple, nous constatons des approvisionnements en Model Y en provenance de l'usine de Berlin », fait valoir Marc Bruschet, alors qu'ils venaient jusqu'ici majoritairement de Chine. Auquel cas, elles devraient bénéficier du bonus, contrairement à la Tesla Model 3 propulsion qui restera fabriquée en Chine et, de fait, n'aura pas la remise.

Les contours encore flous

Les autres victimes collatérales de ce blocage anti-voitures chinoises devraient être la Dacia Spring, la nouvelle Mini Cooper électrique ou encore la Smart électrique, toutes fabriquées dans l'ex-Empire du milieu. D'autres modèles sont encore dans le flou, comme les Hyundai Ioniq5, Toyota bZ4X ou encore la Kia Niro électrique, fabriquées au Japon ou en Corée.

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« Le transport compte pour un tiers du calcul dans ce système et la Chine a des coefficients multipliés par 3 jusqu'à 10 dans certains cas », tempête MG. Ce dernier n'a même pas souhaité déposer de dossier à l'Agence de la transition écologique (l'Ademe), en charge du calcul du score environnemental, estimant que « la règle a été dictée contre nous. »

Interrogé par La Tribune, l'Ademe ne fournit pas la méthodologie de calcul et renvoie vers le gouvernement. De son côté, le cabinet de la ministre de la Transition écologique Agnès Pannier-Runacher avait avancé 4 critères en septembre dernier : la production de matériaux pour le véhicule (en particulier l'aluminium et l'acier), la fabrication de la batterie, l'assemblage de la voiture ainsi que son transport. Cependant, difficile d'en savoir plus à ce stade.

Inquiétude des distributeurs pour 2024

Du côté des concessionnaires, on s'inquiète de cet effet du bonus. Parmi les 16 % de voitures électriques vendues cette année, plus d'un tiers proviennent de Chine. Ce nouveau bonus pourrait faire baisser les commandes de voitures, déjà dans le rouge pour cette année, avec une baisse de 13 % comparé à 2022, « déjà l'une des pires années pour l'automobile », concède Marc Bruschet.

En cause, des prix trop élevés pour toutes les motorisations. Sur les voitures électriques, en moyenne 10.000 euros plus chères que leurs homologues à essence, le bonus sur les voitures fabriquées en Chine permettait d'avoir des modèles autour des 20.000 euros. Désormais, il sera difficile de se procurer des voitures électriques à ce prix-là. Il faudra attendre l'arrivée de la prochaine Citroën C3 et de la Renault 5 au printemps prochain pour bénéficier de modèles électriques en dessous des 20.000 euros.

D'ici là, les automobilistes devront se contenter des modèles du segment B (les citadines électriques) autour de 30.000 euros, bonus inclus. À moins que les constructeurs non-éligibles au bonus ne décident de casser les prix à la rentrée pour attirer les clients. Le constructeur MG ne nie pas cette possibilité, mais rappelle que les marges sont déjà faibles sur les petits véhicules électriques.

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Commentaires 19
à écrit le 21/12/2023 à 10:15
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cela tend à prouver que les aides tirent les prix vers le haut et que sans aides les constructeurs revoient leurs tarifs à la baisse à des niveaux plus proche de la réalité

à écrit le 14/12/2023 à 8:17
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Conseil de lecture : ne manquez pas de lire "Terres rares" de Jean Tuan chez C.L.C. Éditions. Un néo-polar épicurien et érudit qui dévoile certaines menaces que la Chine fait peser sur le monde. Lecture édifiante et distrayante ! Disponible en libr...

le 14/12/2023 à 9:34
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Qu'est ce que ça vient faire dans les VE ? Il n'y a pas un gramme de terre rare dans les VE. En revanche on en trouve dans les pots d'échappement des diesels, et des plus couteux en plus !

à écrit le 13/12/2023 à 18:13
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2 manières de faire du business soit pas trop de volume très chers avec une grosse marge soit du volume et des prix compétitifs apparemment les chinois ont choisis, pas les constructeurs français .chercher l erreur !

le 14/12/2023 à 9:35
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Les constructeurs français c'est 10 ans de déni du 20 qui réussissent l'exploit d'avoir 20 ans de retard

le 14/12/2023 à 9:36
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Les constructeurs français c'est 10 ans de déni du VE qui réussissent l'exploit d'avoir 20 ans de retard

à écrit le 13/12/2023 à 14:51
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Chez Renault Flins il y a eu jusqu'à 22 000 salariés (sans les sous-traitants ) contre 1 900 aujourd'hui qui n'assembleront plus de voirure très prochainement. Ce n'est certainement pas la faute des chinois récemment arrivés sur le marché automobile....

le 13/12/2023 à 17:45
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Incurie politique? Ce sont les industriels qui choisissent . .. le politique ne fait que l’enrobage … Vous avez la mémoire courte : qui a tout fait depuis 10 ans pour ne pas développer l électrique pendant que les chinois et Japonais voir Sud coréen...

à écrit le 13/12/2023 à 13:44
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Les chinois sont de bons commerçants. Ils produisent de gros volumes. Tout en étant dans l'OMC, ils pratiquent allègement le dumping, entre autres, pour satisfaire leurs clients occidentaux..... Pourvu que ça dure !

à écrit le 13/12/2023 à 12:40
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C'est le moment de "casser les reins" de la dictature stalino communiste chinoise.

le 14/12/2023 à 10:10
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Valbel n'a toujours pas saisi les enjeux.

à écrit le 13/12/2023 à 10:45
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Les "aides" ne sont que des subventions déguisées qui vont indirectement dans la poche des actionnaires, dont certains chinois... :)

à écrit le 13/12/2023 à 9:27
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un peu de soft power pour commencer, si les francais sont un peu trop reticents, dans un grand cadre bienveillant de la justice pour tous donc pas capitaliste, les chinois couperont l'acces aux metaux lourds et aux metaux rares, ca va tout de suite f...

le 13/12/2023 à 15:19
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Les industriels chinois ont aussi besoin d'écouler leurs productions en grande quantité sur les marchés mondiaux pour faire aussi baisser les prix sur leur propre marché .Le commerce est une éternelle négociation où il faut souvent faire des concessi...

le 13/12/2023 à 15:55
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Ne compliquez pas le pronleme Il couperont seulement les batteries. Elles sont toutes faites la bas, ils ne commercent pas les composants que l'on a dedans.

à écrit le 13/12/2023 à 9:12
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LOL ! La bonne grosse marge indécente et bien juteuse de l'actionnaire milliardaire, celle qu'il planque dans ses paradis fiscaux, est subventionnée par l'argent public ! Ils ne savent plus faire quoi que ce soit sans l'argent public.

à écrit le 13/12/2023 à 9:09
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Amusant de voir le forcing anti chinois de Stellandis auprès du gouvernement . Un beau pied de nez au ministre de l'économie après l'entrée de Stellandis dans le capital d'un constructeur chinois . Autre point la production de voitures Stellandis dan...

le 13/12/2023 à 9:59
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Vous oubliez (volontairement ?) que Stellantis a de nombreuses usines en France (Sochaux, Mulhouse, Rennes, Poissy, Sevel Nord, Metz, Tremery, Valenciennes, Douvrin, Sept Fons, Charleville ...) ainsi que des centres de développement et d'essais (Veli...

le 13/12/2023 à 14:08
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rappelons nous que notre president est le mozart de l economie !! Plus personne ne l ecoute ,ni ne parle avec lui lors des conferences internationales. Van der Leyen le fait a sa place .

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