Les cartes sont désormais sur la table. Le gouvernement a présenté ce jeudi la liste des gagnants et des perdants du nouveau bonus écologique, baptisé bonus électrique, destiné aux voitures électriques neuves. Si le montant de l'aide, actuellement comprise entre 5.000 et 7.000 euros n'a pas été rediscuté, il ne sera désormais plus possible d'acheter une voiture électrique de marque chinoise en concession avec remise à partir du 31 décembre. Du côté des autres marques asiatiques, le flou persistait sur une inclusion ou non des voitures venues de Corée ou du Japon. Le gouvernement a tranché : aucune voiture produite en dehors de l'Europe n'aura le droit à une aide de l'Etat lors de l'achat.
Parmi les marques hors Europe, seules la Hyundai Kona, la Mazda MX-30, les Nissan Townstar et Leaf ainsi que la Toyota Proace city verso continueront de bénéficier de ce dispositif d'aides. Bien moins que Stellantis et ses plus de 20 modèles encore en lice. En tout, 30 % des voitures électriques vendues actuellement n'auront plus de réduction à l'achat. Fabriquée en Chine, la Dacia Spring a également été écartée. Son prix remontera au minimum à 20.000 euros désormais en entrée de gamme. Un coup dur pour Renault, puisque ce modèle s'est placé en 15ème position des ventes de voitures en France depuis janvier, toutes motorisations confondues.
Tesla, de son côté, perd sa Model 3 mais parvient à garder sa Model Y dans le coup, grâce à une partie de sa production assemblée à Berlin. Un soulagement pour le constructeur américain, le seul à positionner une voiture électrique dans le top 10 des ventes de voitures en France grâce à ce modèle. Pour rappel, seules les voitures de moins de 47.000 euros et de moins de 2,4 tonnes peuvent avoir le droit à cette subvention.
« Pas de pénalisation à l'origine de production »
Si cette liste n'a pas beaucoup surpris, elle laisse peu de doutes quant à l'intention du gouvernement français de protéger l'industrie automobile européenne, en particulier Stellantis et Renault. « C'est une mesure solide pour notre empreinte industrielle », a rappelé ce matin une source proche du dossier, qui insiste sur le fait « qu'il ne s'agit pas là d'une pénalisation à l'origine de la production » mais invite les constructeurs asiatiques à produire sur le sol européen. Le géant BYD prévoit d'ailleurs une usine en Europe, annoncée d'ici la fin de l'année et MG a également confié son désir de produire sur le Vieux continent « à moyen termes », soit d'ici 3 à 5 ans.
Pour autant, du côté des constructeurs chinois, le constat est amer. Ils dénonçaient déjà dans La Tribune un « name-bashing. Les critères adoptés paraissent biaisés, ciblant notamment les productions asiatiques sans fondement écologique évident » via la Chambre syndicale internationale de l'automobile et du motocycle (CSIAM).
Le gouvernement se défend quant à lui de privilégier des aides sur des productions à l'empreinte écologique 40 % inférieure à celle en Asie, qui permettra d'économiser 800.000 tonnes de CO2 par an en moyenne.
Une méthodologie très floue
Pour définir les grands gagnants de ce nouveau bonus, le gouvernement a refilé le bébé à l'Agence de la transition écologique à Paris (Ademe). Celle-ci s'est chargée de définir un score environnemental appuyé sur 4 critères principaux : la production de matériaux pour le véhicule (en particulier l'aluminium et l'acier), la fabrication de la batterie, l'assemblage de la voiture ainsi que son transport. Mais tous les critères n'ont pas la même importance. Car le gouvernement sait qu'une grande partie des éléments qui composent les voitures électriques actuelles en Europe, notamment les batteries, proviennent de Chine.
Afin d'éviter la restriction des choix de voitures neuves aux Français, l'Ademe a donc mis des coefficients selon les critères, avec un appui marqué sur le transport, d'après le constructeur chinois MG. « Nous n'avons même pas essayé de déposer de dossier puisque le transport compte pour un tiers de la note », avait-il précisé avant les annonces.
Interrogé plusieurs fois par La Tribune, l'Ademe n'a jamais souhaité détailler ses méthodes de calcul, alimentant le flou autour de la sélection des critères. Idem côté gouvernement où on tait les détails de calcul de cette liste.
Seule certitude en revanche, ce bonus conditionné à l'empreinte carbone permettra de redonner du souffle aux constructeurs européens pendant quelque temps, car les futures Citroën C3 électrique ou Renault 5 seront désormais parmi les moins chères du marché, proposées autour de 20.000 euros.
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