« Renault passe à l'offensive à l'international en lançant huit nouveaux véhicules d'ici à 2027 », a annoncé, ce mercredi, Fabrice Cambolive, le directeur de la marque Renault, dans un communiqué. L'ambition est forte. La marque n'a pas attendu la rentrée 2024 pour dévoiler sa stratégie internationale. Car le compte à rebours a commencé. Luca de Meo, le directeur général du groupe, veut doubler le chiffre d'affaires sur ses véhicules hors Europe d'ici 2027. Pour ce faire, Renault va investir 3 milliards d'euros d'ici à 4 ans, en particulier sur une toute nouvelle plateforme qui produira 5 des 8 nouveaux véhicules destinés à l'international. En 2022, la marque vendait 43 % de ses voitures hors Europe et compte bien augmenter cette part, sans pour autant annoncer d'objectif fixe.
Une montée en gamme et une réduction des coûts
Cette stratégie, voulue par Luca de Meo via son plan Renaulution en 2021, a été accélérée en raison du contexte géopolitique actuel. Le retrait du groupe en Russie (deuxième marché de la marque), la montée en puissance de l'industrie chinoise et le protectionnisme américain ont amené Renault à repenser son plan.
« En partant de la Russie et en étant absent de Chine et des Etats-Unis, il était important de repartir à l'assaut des régions où nous étions déjà présents. Ce qui change pour ces prochaines années sur le plan international est la volonté d'aller vers une marque globalisée avec davantage d'ADN de Renault en termes de technologies, de design et d'aides à la conduite », précise Fabrice Cambolive, dans une interview en amont de la présentation.
Pour atteindre l'objectif de doubler le chiffre d'affaires par véhicule, Renault veut opérer une montée en gamme. Ainsi, les productions futures seront des véhicules sur les segments C et le D, synonymes de marges plus importantes. Le constructeur souhaite également développer les services liés aux nouveaux modes de financement des voitures (leasing, abonnement...). L'objectif : séduire la classe moyenne qui s'enrichit dans les pays émergents.
D'autre part, le groupe veut réduire les coûts de production et développer des modèles similaires à l'international, avec quelques éléments adaptés aux contraintes locales. Une démarche qui se fera grâce à une nouvelle plateforme de production, très flexible, pouvant produire des modèles allant de 4 à 5 mètres de long et répondant au besoin spécifique de connectivité de chaque pays.
Une nouvelle plateforme plus flexible et plus connectée
D'abord inaugurée au Brésil, cette plateforme est destinée à la production des cinq modèles internationaux et sera présente dans quatre régions stratégiques : l'Amérique latine, l'Afrique du Nord, la Turquie et l'Inde. Elle permettra d'adresser plusieurs motorisations, allant de l'éthanol E85, très utilisé au Brésil jusqu'au full hybride.
« Nous ne partons pas de zéro », explique toutefois Fabrice Cambolive. En effet, cette plateforme est en réalité une dérivée de la CMF-B en Europe, qui produit notamment la Clio, la Captur ou la Dacia Sandero. Elle sera la première sous l'ère post-alliance avec Nissan. Une rupture marquée par le fait qu'elle n'a, pour l'heure, pas de nom, et pourra être utilisée par le constructeur japonais que dans certains projets spécifiques.
« Si, un jour, nous co-finançons les projets avec Nissan, ils pourront produire dessus », n'exclut pas le directeur général. Une deuxième plateforme déjà existante, la Compact Modular Architecture (CMA), située en Corée du Sud, produira quant à elle 2 autres véhicules de la gamme internationale, uniquement hybrides, sur les segments D et E (gros pick-up). Une stratégie expliquée par Fabrice Cambolive :
« Cette deuxième plateforme joue un rôle complémentaire à la nouvelle présente dans les quatre pays, notamment dans l'hybridation et la présence géographique, car elle permettra de couvrir le Moyen-Orient ainsi qu'une partie de l'Asie autre que l'Inde. »
Le dernier modèle de cette gamme internationale sera un véhicule utilitaire, produit sur les plateformes déjà utilisées pour ce type de voiture.
Le SUV Kardian ouvre le bal
Quant au premier véhicule issu de cette stratégie internationale, la marque au losange a choisi un B-SUV nommé Kardian. Sa production a déjà commencé à Curitiba, au Brésil, pour une distribution dès début 2024 en Amérique latine d'abord, puis au Maroc ensuite où il sera produit dans l'usine de Casablanca. Les autres zones internationales stratégiques de Renault suivront ensuite.
Plus petit, il amorce la montée en gamme de Renault grâce, notamment, à une boîte de vitesse automatique à double embrayage, une première mondiale pour Renault. Ce système est un avantage concurrentiel puisqu'il optimise le refroidissement des embrayages et augmente leur durabilité.
Outre une longueur de 4,12 mètres et un empattement de 2,60 mètres, comparable à la Renault Captur actuellement présente en Europe, ce SUV sera bardé de technologies d'aides à la conduite. Avertisseur d'angle mort, permettant de détecter des véhicules non visibles, régulateur de vitesse adaptatif, avertisseur de collision frontale... Autant de nouveautés qui marquent une rupture avec les véhicules de la marque existants à l'international.
Le Kardian sera le seul véhicule du segment B produit sur la nouvelle plateforme. Les suivants seront tous plus imposants. Pour l'heure, seul un concept appelé Niagara, inspiré des lignes des pick-up est dévoilé aujourd'hui, et permet de deviner les futurs modèles. Pour le reste, Fabrice Cambolive temporise : « L'horizon 2027, c'est proche. Nous allons sûrement annoncer des sorties tous les 6 mois ». Seule certitude : il n'y aura pas de voitures électriques Renault dans ce plan. Les productions électriques sous la marque au losange, très coûteuses, restent pour l'instant aux mains de l'Europe.
Sujets les + commentés