Automobile : le grand retour de la voiturette

Pratiques, ludiques et écologiques, les véhicules légers intermédiaires (Veli), offrent une alternative pour les petits trajets quotidiens.
Ami, la voiture sans permis commercialisée par Citroën.
Ami, la voiture sans permis commercialisée par Citroën. (Crédits : © CITROËN AMI)

François Wüstner, de Reims, le revendique : « J'aime l'automobile, j'ai une Porsche 911 T 2.4 l de collection, je roule en Toyota hybride au quotidien, mais cette Microlino me fascine car elle ressemble à l'Isetta BMW avec sa porte unique à l'avant. » Cet architecte esthète, auteur du phare de Verzenay, est le tout premier client de la concession Microlino de Reims. Il est fier de sa mini-voiture de 2,44 mètres de long (soit 30 centimètres de moins qu'une Smart) dont la porte s'ouvre devant le volant, ce qui permet de grimper à bord sans courber l'échine avant de s'asseoir élégamment sur la banquette. L'auto transporte ensuite ses occupants sans un bruit, catapultée par son moteur électrique de 12,5 kW (17 ch) jusqu'à 90 km/h, de quoi emprunter une voie rapide. Avec son habitacle cossu, ses couleurs flashy et sa silhouette ovoïde, la Microlino, malgré son prix premium de 22 990 euros (avant déduction du bonus de 900 euros) est le fer de lance de la nouvelle génération de voiturettes. Étienne Copinet, le concessionnaire du groupe Bernard à Reims, est formel : « Il y a un vrai marché pour ces petits véhicules, comme le prouvent les excellentes ventes de la Citroën Ami, que nous commercialisons aussi depuis le lancement. »

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L'Ami ? C'est la toute petite Citroën électrique sans permis lancée en 2020. Son design minimaliste de cube à roulettes offre, comme la Microlino, une ouverture originale (voir la photo ci-dessus). Le même type de portière est utilisé de chaque côté pour réduire le nombre de pièces détachées et donc réduire les coûts. L'ouverture se fait vers l'avant côté conducteur et vers l'arrière côté passager, dans le sens classique. Mieux, le prix tout doux de 7 090 euros (bonus déduit) en plus des nouveaux canaux de commercialisation comme la Fnac ou Internet, ont transformé ce « nouvel objet de mobilité » en véritable phénomène de mode. Même la star de Friends Jennifer Aniston est montée à bord de l'Ami dans le film Netflix Murder Mystery 2, ce dont se félicite Alain Le Gouguec, le chef de produit au sein du groupe Stellantis : « Avec 45 000 véhicules vendus en trois ans, c'est un vrai succès. Entre 2019 et 2023, le marché global des voitures sans permis a doublé en France, passant de 13 500 véhicules à 26 500 vendus par an. » Et le plus fou, c'est que cette progression a profité aux acteurs historiques de la voiturette. « La Citroën Ami a rajeuni l'image de la voiture sans permis », avoue François Ligier, PDG du groupe Ligier, alors que le concurrent Aixam a vu ses ventes passer de 6 700 à plus de 9 800 véhicules par an depuis l'arrivée de l'Ami et prévoit même 10 à 15 % de croissance sur les cinq prochaines années.

500 clients en attente de livraison

Le groupe Stellantis en profite et commercialise ces jours-ci la cousine de l'Ami, rebaptisée Topolino chez Fiat, proposée en version fermée ou découvrable. Si les couleurs de carrosserie sont plus flatteuses, la Topolino, fabriquée dans la même usine marocaine que l'Ami, est pourtant 1 000 euros plus chère, ce qui n'empêche pas le carnet de commandes d'être déjà bien dodu avec 500 clients en attente de livraison. Car peu importe si ces véhicules plafonnent à 45 km/h puisque de nombreuses villes étendent la limitation à 30 km/h. Les parents, eux, sont rassurés de voir leurs ados conduire un engin à quatre roues les protégeant de la pluie et plus stable qu'un scooter. D'autant plus que la petite voiture passe de main en main au sein de la famille, et pas seulement en cas de retrait de permis de papa.

Les pouvoirs publics commencent à s'y intéresser de près, comme l'Ademe (l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie) qui souhaite promouvoir ces quadricycles ultra-light, économiques, faciles à réparer et à construire - de préférence localement. C'est exactement le cas de La Bagnole, une sorte de mini-Jeep avec une benne de chargement et un équipement simplissime proposé par la marque savoyarde Kilow. Conçue à l'origine par le designer Léo Choisel, La Bagnole a tapé dans l'œil du graphiste star Yorgo Tloupas (Libération, Les Inrocks, Swatch, Pernod, skis Black Crows...), qui s'est pris de passion pour cette voiturette et lui a dessiné un joli logo. Mais il ne s'agit pas du doux rêve d'un designer branché : la marque Kilow est adossée au groupe Savoy, fort de ses six usines à Cluses et ses alentours, spécialisé dans le décolletage, c'est-à-dire l'usinage de petites pièces mécaniques pour l'industrie automobile. « Émile Allamand, notre PDG, veut accompagner la transition écologique en passant du statut de fournisseur à celui de constructeur automobile, explique le responsable communication Bertrand Brême, ce que permet La Bagnole de Kilow avec seulement 300 composants lorsqu'il en faut 30 000 pour une Clio. » Grâce aux centaines de précommandes, l'usine devrait produire 20 Bagnoles par mois d'ici à la fin de l'année avant de monter en puissance en 2025. Deux modèles seront proposés : une version 45 km/h sans permis et une version 80 km/h, de 9 990 à 11 990 euros (moins 900 euros d'aides), toujours dans l'esprit du « moins c'est mieux » avec un habitacle aéré et des possibilités infinies de personnalisation de la carrosserie. À l'arrivée, la tendance voiturette gagne même les automobilistes avec permis.

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Commentaires 4
à écrit le 29/01/2024 à 15:13
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Ça peut faire second véhicule pour les trajets 'locaux', mais peut-être pas aller en vacances avec. Parfois déplacer un 'gros' véhicule à pétrole est évitable. Y a un "grand" coffre pour mettre les courses ?

à écrit le 29/01/2024 à 8:13
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La puissance de l'auto-suggestion est à l'oeuvre: voillà un brave type qui a une Porsche et qui s'enthousiame pour sa mini-car et fait partager son choix éclairé à la majorité des boeufs, en bon altruiste. Pitoyable! Mini car égale maxi idiotie en ce...

à écrit le 28/01/2024 à 17:13
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Demandez les collaborateurs et les copains de Royale pour remet en service leur ancien MIA.

à écrit le 28/01/2024 à 9:17
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"« J'aime l'automobile, j'ai une Porsche 911 T 2.4 l de collection, je roule en Toyota hybride au quotidien, mais cette Microlino me fascine car elle ressemble à l'Isetta BMW avec sa porte unique à l'avant. »" Faut vraiment qu'il change de repères le...

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