Mobilités : les Français investissent massivement dans l'hydrogène malgré l'échec d'Hopium

La récente déroute de la startup Hopium n'a pas freiné les investissements sur la mobilité à hydrogène. Dans ce marché globalisé, les Français tentent leur chance, alors que les Etats-Unis accélèrent avec l'IRA. Explications.
Les taxis à hydrogène commercialisés par le constructeur Toyota. (photo d'illustration)
Les taxis à hydrogène commercialisés par le constructeur Toyota. (photo d'illustration) (Crédits : Hype)

Le placement en redressement judiciaire de la startup française Hopium, spécialisée dans les voitures à hydrogène, fin juillet, en raison d'importantes difficultés financières, n'aura pas échaudé les entreprises françaises. « Cet échec est plus un problème sur le fait de devenir un constructeur automobile, qui coûte des milliards, plutôt que sur l'hydrogène en lui-même », nous rassure-t-on du côté de l'équipementier français Plastic Omnium. Il y a deux semaines, celui-ci annonçait « la construction de la plus grande usine américaine de stockage d'hydrogène » dans un communiqué. Mise en service d'ici 2026, l'usine produira 100 000 réservoirs chaque année.

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Ce projet d'envergure a nécessité un investissement de 170 millions d'euros, réalisé en grande partie pour servir un constructeur américain dont l'identité n'a pas été dévoilée. Ce même constructeur a passé en début d'année une « commande record de 2 milliards de dollars » à l'équipementier français.

Son concurrent, Forvia a, lui aussi, décidé de commencer la production de réservoirs à hydrogène dans le Doubs au sein d'une usine qui produisait initialement des pots d'échappement. Car si l'électrique fait son chemin en Europe et dans le monde, l'hydrogène n'a pas dit son dernier mot.

Les constructeurs à l'affût

Sur la voiture individuelle « légère », deux sons de cloche se font face. Il y a ceux qui ont misé sur le tout électrique comme Volkswagen ou Renault. Et puis il y a ceux qui se laissent plusieurs possibilités comme Toyota, Hyundai ou encore BMW. Mais sur le déplacement des plus gros véhicules, l'hydrogène intéresse fortement les constructeurs.

La cause : ce gaz est plus léger à transporter que les batteries électriques et il permet de réaliser facilement des longues distances grâce à une recharge très rapide. Des qualités importantes pour les transporteurs de marchandises notamment. Et les Français ne comptent pas rester sur la touche. Renault a ainsi créé une co-entreprise avec l'américain Plug baptisée Hyvia en 2021 et Stellantis à rejoint Symbio en association avec Forvia et Michelin cette année. Les deux groupes souhaitent notamment utiliser l'hydrogène pour leurs véhicules utilitaires. Les plus avancés dans le domaine restent les constructeurs asiatiques, en particulier Toyota et Hyundai qui investissent depuis plusieurs années sur la recherche autour de la pile à combustible permettant de convertir l'hydrogène en électricité, afin de rendre cette technologie accessible.

L'entreprise française Hopium a annoncé se concentrer sur cette même recherche, délaissant ainsi son projet de commercialisation de la Machina, présentée comme la Tesla de l'hydrogène, dont la sortie était initialement prévue en 2025. D'autres, comme Renault avec sa marque de sport Alpine, regardent également l'hydrogène pour les voitures haut de gamme aux motorisations lourdes et aux dépenses d'énergie importantes. Ici aussi, une recharge rapide serait la bienvenue.

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L'Amérique, l'Eldorado pour l'hydrogène

Dans cette course aux investissements sur l'hydrogène, ce sont les Etats-Unis qui semblent désormais mener la danse. Pourtant en retard sur l'Europe et la Chine, les motorisations à hydrogène sont un marché important sur leur territoire. En effet, ce gaz pourrait convenir aux pick-up, rois du marché automobile américain et difficiles à électrifier en raison de leur poids important. De fait, de nombreux projets voient le jour grâce aux subventions de l'Inflation Reduction Act (IRA). Elles ont, par exemple, permis à Plastic Omnium de financer à hauteur de 30 % leur projet de nouvelle usine aux Etats-Unis soit l'équivalent d'une cinquantaine de millions d'euros.

La rapidité des subventions a également permis aux Etats-Unis de revenir dans la course. « Là-bas, il faut six mois pour faire un dossier quand il faut compter trois ans en Europe », évoquait Laurent Favre, directeur général de Plastic Omnium, lors des résultats semestriels du groupe. La Chine, de son côté, ne compte pas laisser sa part du gâteau et s'associe avec des équipementiers français pour le développement de pièces à hydrogène afin de garder une longueur d'avance technologique après sa domination sur l'électrique.

La France tente d'accélérer

Les investissements pleuvent, et vont sans doute s'accentuer à mesure que les contraintes autour de la mobilité verte se resserrent. En France, un plan hydrogène à 9 milliards d'euros a été annoncé en février dernier d'ici 2030. Des subventions qui ont permis de financer un autre projet du groupe Plastic Omnium : la construction de la plus grande usine d'Europe de réservoirs à hydrogène à Compiègne. Un investissement de 160 millions d'euros qui va permettre la production de 80.000 réservoirs par an avec une mise en route dès 2025.

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Si plusieurs prévisions sur l'électrique montrent une très forte progression du marché, difficile d'évaluer la croissance de l'hydrogène en revanche. Pour l'heure, c'est surtout le secteur du transport lourd, soit les camions, bateaux, trains et avions qui semblent prioritaires dans les subventions. Les plus petits véhicules sont à la marge, tant l'investissement en Recherche et développement, infrastructures et production semble important.

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Commentaires 2
à écrit le 12/09/2023 à 10:16
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Voilà encore une preuve que la France est à côté de ses pompes, s'il y a bien un domaine sans avenir c'est bien le véhicule individuel à hydrogène via une pile à combustible, on va voir encore d'autres faillites comme Hopium, il est a souhaiter que c...

à écrit le 11/09/2023 à 22:46
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Hopium veut dire espérance en anglais. Une espérance mélancolique.

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