Plastic Omnium se rêve en leader mondial de la mobilité hydrogène

L'équipementier automobile français ajoute une brique à son ambitieuse stratégie hydrogène au travers d'un partenariat avec McPhy, spécialiste de la distribution en hydrogène. Plastic Omnium multiplie les initiatives structurantes et vise la première place du podium en 2030. Il devra toutefois affronter une forte concurrence mondiale, dont celle d'un autre groupe tricolore.
Nabil Bourassi
Plastic Omnium poursuit son développement dans la mobilité hydrogène avec de nouveaux partenariats.
Plastic Omnium poursuit son développement dans la mobilité hydrogène avec de nouveaux partenariats. (Crédits : BENOIT TESSIER)

La filière hydrogène française se renforce avec la montée en puissance de Plastic Omnium dans ce domaine. L'équipementier automobile vient d'annoncer un partenariat avec McPhy, spécialisé dans la distribution de l'hydrogène, sur l'interface de remplissage des réservoirs haute pression. C'est une brique en plus dans le développement du groupe familial qui cherche à constituer une offre intégrée très large.

Un leadership mondial

Plastic Omnium, qui fabriquait initialement des réservoirs pour hydrogène, s'est lancé depuis 2020 dans une diversification autour de cette nouvelle chaîne de traction avec l'ambition de devenir leader mondial de la mobilité hydrogène.

"Industriels, responsables et innovants, nous participons à la transition énergétique en offrant, dès aujourd'hui, une technologie de pointe et une capacité de production sur tous les segments de la chaîne de valeur de l'hydrogène", déclarait en novembre dernier dans un communiqué, Laurent Favre, directeur général de Plastic Omnium.

L'équipementier automobile divulguait alors sa feuille de route dans l'hydrogène où il espère engranger 3 milliards d'euros de chiffre d'affaires à horizon 2030, soit un tiers de son chiffre actuel. Il estime que le marché de l'hydrogène va connaître une très forte croissance, notamment en Europe, sous la pression des réglementations CO2 et table sur deux millions de véhicules, notamment des poids lourds, en 2030.

Une JV dans la pile à combustible pour accélérer

Dans son plan stratégique, Plastic Omnium annonçait alors pas moins de 300 millions d'euros d'investissements, dont un très ambitieux partenariat avec l'Autrichien ElringKlinger annoncé fin octobre. Celui-ci doit permettre au Français de sortir du seul réservoir à hydrogène et se positionner sur la pile à combustible (qui continueront à être fabriqués par ElringKlinger), le moteur du véhicule à hydrogène.

Il fonde ainsi avec l'Autrichien une coentreprise (40% pour Plastic Omnium) pour assembler ces piles à combustible, mais il rachète également sa filiale dans les systèmes à hydrogène, intégrée pour 15 millions d'euros. EKPO Fuel Cell Technologies, le nom de la JV, disposera d'une usine située à Dettingen an der Erms (près de Stuttgart en Allemagne) et aura une capacité de production de 10.000 piles à combustible par an dans un premier temps. EKPO vise une part de marché mondiale de 10 à 15% en 2030, soit un chiffre d'affaires attendu entre 700 millions et 1 milliard d'euros par an.

Lire aussi : Hydrogène : face à la vague verte, McPhy va drastiquement muscler ses moyens de production

Avec l'accord signé aujourd'hui avec McPhy, Plastic Omnium poursuit donc sa diversification pour intervenir à tous les stades de la chaîne hydrogène.

"La collaboration technologique visera plus particulièrement à améliorer la performance et la connectivité des réservoirs haute pression via l'analyse et l'exploitation des données générées par l'interface au point de remplissage", écrit Plastic Omnium dans son communiqué de presse.

Diversification

L'hydrogène est perçu comme un important relais de croissance pour le groupe français, jusqu'ici spécialisé sur la maîtrise de matériaux plastiques pour pare-choc, hayons, mais aussi réservoirs à carburant. Le groupe qui a réalisé un chiffre d'affaires de 9 milliards d'euros en 2019, s'est déjà positionné comme un acteur innovant du plastique à forte valeur ajoutée : plastique plus léger, plus robuste ou qui permet d'intégrer par "encapsulage" des équipements liés à la connectivité, l'éclairage ou l'autonomie.

Mais avec le réservoir à hydrogène, le groupe a vu une opportunité de croissance et de diversification. C'est une pièce maîtresse de la mobilité hydrogène puisqu'il utilise la fibre de carbone, seule matière capable de supporter la très forte pression de l'hydrogène (700 bars), au point qu'il coûte presque aussi cher que la pile à combustible à elle-seule.

Lire aussi : Hydrogène et mobilité : quel modèle économique pour la pile à combustible

Plastic Omnium travaille sur des homologations de réservoirs à 700 bars qui devraient être le cœur du marché. Plus cher à l'achat que le 350 bars, il est plus intéressant dans son coût à l'usage notamment pour les véhicules qui font beaucoup de kilomètres. Il nécessite néanmoins une infrastructure de recharge spécifique, mais qui est compatible avec le 350 bars (l'inverse n'étant pas vrai).

Une forte concurrence domestique

Mais Plastic Omnium, à la tête de 135 usines dans le monde, aura face à lui de féroces concurrents notamment son compatriote Symbio, coentreprise entre Faurecia et Michelin. Le fabricant de piles à hydrogène doit inaugurer en 2022 une usine à Saint-Fons (au sud de Lyon). Il ambitionne lui-aussi de devenir leader mondial de la mobilité à hydrogène. Symbio vient d'ailleurs de remporter un contrat important en fournissant les futurs véhicules utilitaires légers du groupe Stellantis (leader en Europe sur ce segment).

Il doit aussi compter avec Faurecia qui fabrique également des réservoirs en fibre de carbone mais avec la vanne de décompression, une autre pièce maîtresse qui permet de sortir l'hydrogène en réduisant sa pression de 700 à 10 bars.

Pour l'heure, Plastic Omnium n'a remporté que quelques contrats comme les bus VDL aux Pays-Bas, ou la fourniture en réservoir d'un constructeur allemand de poids lourds. Un porte-parole du groupe estime qu'il y aura des annonces dans les mois à venir. Après l'offensive technologique et industrielle, 2021 devrait donc être l'année de l'offensive commerciale pour le groupe qui emploie 31.000 personnes dans le monde.

Lire aussi : Symbio: "Nous voulons diviser nos coûts de production par dix"

Nabil Bourassi

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Commentaires 2
à écrit le 06/05/2021 à 16:55
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L'hydrogène combustible c'est très compliqué pour une utilisation industrielle, peut être l'ammoniac, l'électrique, le GNL, ou autres mais il faudra surtout réduire masse et performances de la bagnole à Monsieur tout le monde qui devra rester simple....

le 06/05/2021 à 21:59
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Je vous rejoins sur les défis que le développement de ce nouveau vecteur pose. A commencer, si on souhaite s'inscrire aussi dans une transition écologique, et pas seulement énergétique, par une véritable 'verdification' de sa production et de son ...

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