Pourquoi Renault a choisi d'attendre 2024 pour faire entrer Ampere en Bourse ?

La filiale électrique et logiciels de Renault nommée Ampere devrait entrer en bourse en 2024 selon son directeur financier. Initialement, le groupe avait annoncé une entrée au minimum fin 2023, mais cela attendra donc l'année suivante, certainement au printemps. Et pour cause, l'année 2024 offre des conditions plus favorables à la marque au losange. Explications.
Ampere vise 30 % de croissance annuelle dans les huit prochaines années et 10 % de marge opérationnelle d'ici 2030.
Ampere vise 30 % de croissance annuelle dans les huit prochaines années et 10 % de marge opérationnelle d'ici 2030. (Crédits : CHRISTIAN HARTMANN)

« Nous avons toujours dit qu'on se mettait dans les conditions de pouvoir appuyer sur le bouton pour faire une introduction en bourse d'Ampere à partir de fin 2023 », avait annoncé Luca de Meo, le directeur général de Renault dans une interview accordée à La Tribune. Ce sera finalement début 2024. C'est en tout cas ce qu'a annoncé Thierry Pieton, le directeur financier du groupe, au cours d'une conférence de presse à l'occasion d'un relèvement des objectifs 2023. Une date jugée « plus favorable » pour l'introduction en bourse de l'entité électrique et logiciels de la marque au losange, créée fin 2022. Ampere est, en effet, une organisation totalement autonome dont les membres de l'alliance, à savoir Nissan et Mitsubishi, devraient prendre une part capitalistique. L'introduction devrait se faire au printemps 2024, après l'annonce des résultats annuels, traditionnellement autour de janvier-février.

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2024 : tous les voyants sont au vert

L'introduction en bourse d'Ampere permettra de ramener de l'argent au groupe et, ainsi, de développer davantage de modèles électriques à moyen terme, soit en 2028-2029. La filiale vise 30 % de croissance annuelle dans les huit prochaines années et 10 % de marge opérationnelle d'ici 2030. A titre de comparaison, Renault est actuellement à 5,6 % de marge. Il est donc nécessaire pour le groupe français de bien réussir l'entrée en bourse d'Ampere. Pour cela, Renault a annoncé avoir « reçu des marques d'intérêt de plusieurs investisseurs. Ce qui est rassurant ».

L'année 2024 semble idéale pour l'introduction puisqu'il s'agit de l'année de lancement des très attendus Renault 5 et Scénic électriques produits en France, qui permettront de donner de la visibilité aux investisseurs quant à ces nouveaux modèles. Le printemps 2024 sera aussi l'occasion d'avoir vu passer les premiers résultats financiers d'Ampere présentés en même temps que ceux de Renault en début d'année ainsi que le Capital Market Day de Renault qui a lieu à la fin de l'année 2022. Tous les voyants pourraient donc être au vert en 2024 et favoriser l'introduction de la filiale électrique. Surtout, ne pas introduire Ampere en bourse en fin d'année permet à Renault de gagner du temps et d'attendre un marché plus favorable et moins volatil qu'en 2023. La marque au losange doit aussi gérer en parallèle le bouclage de l'Alliance avec Nissan, ce qui rassurerait également les investisseurs.

Alliance Renault-Nissan bouclée à la fin de l'année ?

En effet, alors que Renault et Nissan étaient parvenus à un accord en janvier dernier, en réduisant la part du groupe français dans le capital du Nippon de 40 % à 15 %, le bouclage de l'Alliance semble chahuté. Du côté de Renault, on minimise : « Nous avions dit que cet accord serait bouclé fin de l'année 2023 et ce sera le cas. C'est un énorme contrat à trois niveaux. Le premier est la dizaine de projets de business comme en Inde, en Amérique latine. Tout ceci avance. C'est important, car nous n'avons pas perdu l'envie de faire des projets ensemble. Ensuite, il y a l'entrée de Nissan dans Ampère, notre future filiale dédiée à l'électrique et au software. Enfin, le rééquilibrage des participations croisées au capital de Renault et Nissan », avait expliqué Luca de Meo dans nos colonnes cette semaine.

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Récemment, Nissan a dû faire face à plusieurs tempêtes, à commencer par le départ d'Ashwani Gupta, le directeur des opérations et numéro deux du groupe, lors de l'Assemblée générale il y a deux jours. Celui-ci, accusé d'avoir retardé la mise en place de la refonte de l'alliance entre Renault et Nissan, ne devrait pas être remplacé. Mais l'histoire ne s'arrête pas là. Selon Reuters, des caméras de surveillance auraient été installées au domicile d'Ashwani Gupta sous ordre du directeur général de Nissan, Makoto Uchida. Des révélations récentes qui semblent en réalité être l'aboutissement de plusieurs mois de frictions au sein du constructeur japonais. Le départ d'Ashwani Gupta devrait, normalement, permettre d'apaiser les tensions chez Nissan et de boucler l'accord de l'Alliance dans le temps imparti.

Lors de l'entrée en bourse d'Ampere, Nissan devrait annoncer sa part dans le capital d'Ampere, au maximum de 15 %, mais très probablement entre 5 % et 10 % selon un spécialiste financier. En effet, Renault souhaite garder une part majoritaire dans le capital, sans doute partagé avec Qualcomm et Mitsubishi en plus du groupe nippon. La marque au losange devrait également laisser une partie importante de flottant, qui pourrait tourner autour de 20 % à 25 % selon nos informations. Récemment, Renault a révisé à la hausse ses objectifs financiers 2023 avec une marge opérationnelle autour de 7 % à 8 % contre 6 % prévu. Une annonce qui pourrait satisfaire un peu plus les investisseurs avant la future entrée en bourse.

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Commentaire 1
à écrit le 30/06/2023 à 19:12
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"pour faire entrer Ampere en Bourse ?" Renault en père pépère

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