Le ministre de l'Economie Bruno Le Maire a annoncé vendredi sur TF1 que l'Etat français envisageait un prêt bancaire garanti par l'Etat d'environ 5 milliards d'euros pour aider le groupe automobile Renault à traverser la crise du coronavirus.
"Nous travaillons sur un prêt de 5 milliards d'euros pour Renault, qui serait cette fois un prêt garanti par l'Etat", a déclaré le ministre.
Il y a environ un mois déjà, Jean-Dominique Senard, président Renault, avait confirmé qu'il aurait probablement recours à un prêt garanti par l'Etat, excluant ainsi une augmentation de capital, apparentée à une nationalisation (l'Etat, premier actionnaire, possède déjà 15% du capital).
Cruelles notes d'analystes
Depuis la publication de ses résultats annuels 2019, Renault fait l'objet d'une longue littérature des brokers et agences financières au sujet de sa trésorerie. Citi avait douté de la capacité du constructeur automobile à finir l'année sans problème de trésorerie alors même que la crise du coronavirus n'était encore qu'un sujet circonscrit à la Chine. De son côté, Moody's avait relégué le titre dans la catégorie spéculative. Clotilde Delbos, directrice générale par interim, avait répondu qu'avec 15 milliards d'euros de trésorerie, Renault disposait de plus de cash qu'il n'en faut pour finir l'année. Mais le mal était fait, Renault n'est pas en position favorable pour se refinancer dans des conditions satisfaisantes auprès des marchés. A titre de comparaison, PSA et Faurecia ont réussi à négocier des lignes de crédit (3 milliards pour PSA, 800 millions pour Faurecia) auprès de pool bancaires sans recourir à la garantie de l'Etat.
D'autant que la crise du coronavirus a aggravé la donne. Sur le premier trimestre, les ventes de Renault, en volumes d'immatriculations, ont baissé de 26%, tandis que le chiffre d'affaires a baissé de 20%. En outre, Renault pourrait enregistrer des pertes encore plus fortes puisque l'impact sur les ventes, sur les marchés où le groupe français est présent, seront surtout significatives au second trimestre. Hormis l'Italie qui s'est confiné fin février, le confinement s'est généralisé en Europe surtout à partir de fin mars, début avril (France, Espagne, Portugal, Royaume-Uni, Allemagne en partie). Il faudra ajouter les marchés russes et sud-américain où Renault est particulièrement présent et où la crise du coronavirus commence seulement à exploser.
Les besoins en trésorerie de Renault doivent donc compenser les lourds manque-à-gagner qui l'attendent, mais également à poursuivre les investissements sur le renouvellement des gammes ou encore l'électromobilité. Il s'agit de financer les opérations courantes, mais également les investissements nécessaires pour préparer le rebond de reprise. Les prochains mois risquent d'être tumultueux pour celle qui espère rester l'ex-Régie...
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