Renault place la RSE au coeur de son plan de transformation

A l'occasion de l'Assemblée générale des actionnaires, la direction du groupe automobile français a détaillé une feuille de route ambitieuse sur sa transformation sociale et environnementale, autrement appelée RSE. Jean-Dominique Senard a également levé le voile sur la "raison d'être" du groupe. Renault, soumis à un plan de restructuration sévère et ambitieux, veut mobiliser les équipes autour d'un nouveau projet d'entreprise.
Nabil Bourassi
(Crédits : Olivier Martin-Gambier)

Trois mois après la présentation du plan Renaulution, le groupe automobile français lève le voile sur un autre volet de sa stratégie de redressement. Lors de l'assemblée générale de Renault, son directeur général, Luca de Meo, a annoncé un très ambitieux programme dit RSE (responsabilité sociétale des entreprises) qui doit participer à transformer le groupe en profondeur. De son côté, le président du conseil d'administration de Renault, Jean-Dominique Senard, a en profité pour divulguer la raison d'être de la marque au losange.

Raison d'être

"Nous faisons battre le cœur de l'innovation pour que la mobilité nous rapproche les uns les autres", a-t-il récité avec "émotions", lui qui a institué en France le principe de la raison d'être, à l'époque où il dirigeait Michelin après une mission confiée par le Président de la République.

Dans un discours enflammé, celui qui a été nommé en janvier 2019 à la tête de Renault suite à la chute spectaculaire de Carlos Ghosn, a voulu redonner "de la substance et du sens" à la mission de Renault, qui est le "terreau de la confiance, de l'engagement et donc de la performance" des collaborateurs. Cette initiative arrive au moment où le constructeur semble effacer peu à peu les plaies de deux années de crise managériale et d'identité. Pour Jean-Dominique Senard la raison d'être de Renault doit s'appuyer sur ses "racines qui lui donnent stabilité, profondeur, un contexte historique, culturel et géographique", mais elle doit également être son "étoile polaire, ce futur désirable où convergent toutes les énergies, qui ne s'additionnent pas mais se multiplient" a-t-il conclu sur une tonalité quasi-lyrique...

L'enjeu pour la nouvelle direction du groupe Renault est de redonner une dimension humaine à leur stratégie de transformation. Après le plan d'économies de 2 milliards d'euros annoncé en mai dernier, dont Luca de Meo a précisé qu'il sera atteint avec une année d'avance fin 2021, Renault avait besoin de refonder une nouvelle culture d'entreprise "inclusive et responsable".

La RSE pour créer de la valeur

Pour Luca de Meo, la RSE est une opportunité pour refaçonner un collectif. Mais pour marquer le coup, il ne s'est pas contenté d'annoncer des mesurettes. Son ambition est de faire de Renault un leader dans cette discipline pas seulement pour coller à l'air du temps, mais pour créer de la valeur sonnante et trébuchante.

"La RSE, qui était jusqu'ici décorrélé de l'opérationnel, devient un levier de performance, il devient un chapitre de la Renaulution qui correspond aux valeurs historiques d'innovation et de solidarité qui sont les nôtres", a lancé Luca de Meo à l'adresse des actionnaires, dans une retransmission en direct.

L'ancien patron de Seat a défini trois piliers à cette stratégie : la baisse de l'empreinte carbone, la sécurité des clients et des salariés, l'inclusion et la transformation des compétences. L'usine de Flins, dont l'avenir, comme l'a rappelé Jean-Dominique Senard, a si souvent été remis en cause, va porter cette ambition au point de devenir le premier pôle d'économie circulaire en Europe. L'usine qui ne produira plus de Zoé en 2024 doit tirer toute l'entreprise vers une culture environnementale innovante.

"Nous allons baisser de bout en bout l'empreinte carbone des matières, des composants, des émissions, la seconde vie, le recyclage et nos usines", a promis Luca de Meo. Son agenda est d'atteindre la neutralité carbone des usines européennes en 2040 et dans le monde en 2050. "Mais nous avons aussi des objectifs à court terme" a-t-il indiqué reconnaissant que cette feuille de route est celle retenue par l'ensemble du secteur.

Un système interne de tarification carbone

Il a ainsi sélectionné six matières achetées massivement par le groupe et dont il espère baisser l'empreinte carbone de 30% d'ici à 2030. Il veut accélérer la culture interne de réduction de l'empreinte carbone en instaurant un système interne de tarification carbone. La tonne de CO2 coûtera 50 euros en 2025, et sera portée à 100 euros en 2030. Ce système va ainsi contraindre toute la chaîne de production et d'achat du groupe, mais aussi les fournisseurs, à intégrer une dimension carbone dans ses process.

Les batteries électriques n'échapperont pas à cette démarche puisque leur bilan carbone va baisser de 20% grâce à sa localisation en France. Luca de Meo espère porter cette baisse à 35% à terme. "Nos batteries sont utilisées, réutilisées et recyclées, depuis dix ans nous maîtrisons parfaitement tout le cycle de la batterie", a-t-il rappelé.

Il veut faire de Renault le groupe européen dont le mix énergétique sera le plus vert en 2025 avec 65% de voitures vendues dans une version électrifiée.

Luca de Meo est convaincu que Renault peut dégager de la valeur dans cette démarche environnementale : "chaque euro investi dans la décarbonation nous en fera économiser 4" a-t-il estimé. Selon lui, l'économie circulaire devrait réaliser plus d'un milliard d'euros de chiffres d'affaires en 2030.

Renouveler les compétences

Sur les deux autres piliers de cette stratégie, Luca de Meo veut positionner le groupe sur les technologies de sécurité. Il veut également développer une filière de soins préventifs pour les salariés notamment dans la prévention des cancers du sein et maladies cardio-vasculaires. Sur l'inclusion, Luca de Meo veut traiter deux enjeux : améliorer la parité homme-femme et améliorer l'employabilité des salariés au moment où l'industrie automobile risque de manquer de compétences à mesure que le secteur se transforme. Luca de Meo veut former des ingénieurs dans l'électronique de puissance et dans d'autres compétences liées au software. "Nous formerons 10.000 ingénieurs en 2025", a-t-il déclaré. La Re-Know University sera ainsi chargée d'assurer la reconversion des salariés du groupe à travers des formations certifiantes ou diplômantes.

Les premiers effets de la Renaulution

Ce plan de transformation dit RSE survient au moment où le groupe automobile a lancé plusieurs chantiers de restructuration. Luca de Meo a voulu réaffirmer son optimisme assurant que les premiers effets de la Renaulution commençaient à se faire sentir, et ce, en dépit des mauvais chiffres de vente du premier trimestre. La hausse de l'effet prix sur les voitures vendues est la démonstration que les marques du groupe Renault disposent d'un "potentiel", a-t-il observé. Celui-ci a augmenté de 6 points au premier trimestre. Il a également revendiqué le succès des premières mesures de rationalisation de la R&D.

"Nous avons arrêté sept programmes, et démarré huit autres qui vont nous permettre d'augmenter notre diversité produit de 25%. En neuf mois, nous avons bouclé neuf projets de nouveaux modèles dans leur structure de coûts et de design. Le temps de création de chaque modèle a été baissé d'un an et son ticket d'entrée a été réduit de 40%", a énuméré le patron d'origine italienne qui a commencé sa carrière chez Renault il y a vingt ans.

Augmentation des taux de remplissage des usines, notamment avec la contribution de deux modèles Mitsubishi; baisse de 26% des stocks en Europe; plan de restructuration en Corée du Sud pour redevenir une base d'exportations compétitive; regain de profitabilité au Brésil; succès de nouveaux modèles en Inde (Triber) et en Russie (Lada Niva); commande supérieures aux attentes sur la Dacia Spring (100% électrique)...: la liste est non-exhaustive.

Enfin, Luca de Meo a voulu revenir sur son projet d'entreprise tech avec la création de Software Republic et qui consiste à faire de Renault non pas "une entreprise automobile qui intègre des technologies, mais une entreprise tech qui fabrique des automobiles". La transformation de Renault est totale.

Nabil Bourassi

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Commentaires 5
à écrit le 25/04/2021 à 9:11
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limiter a 180 est absurde puisqu'en france le maxi est de 130 alors fixer a 145km h est suffisant et puis ceux qui voudrons des produits plus rapide se tournerons sur d'autre marques resultat chute des vente ,perte d'emploi fermeture d'entreprise ...

le 25/04/2021 à 20:06
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Pourquoi 180 ? Simple : 180 compteur font moins de 170 retenus pour le PV et donc au lieu d'avoir le véhicule immobilisé et le permis suspendu , vous n'avez que 2 points de perdus ( sur 12 ) et 135 euros d"amende , limitée à 90 si vous payez dans le...

à écrit le 24/04/2021 à 9:05
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C'est une nouvelle qui risque de frustrer les amateurs de vitesse. Renault vient d'annoncer que ses prochains modèles seraient bridés, rapportent les sites spécialisés Caradisiac et Auto-Moto. Objectif du constructeur : assurer la sécurité au volant ...

le 24/04/2021 à 15:24
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C’est une très bonne nouvelle. Les voitures thermiques ne seront pas plus désirables que les voitures électriques.

le 25/04/2021 à 20:08
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ce qui n'empechera pas certains de tenter le 180 ou 160 en ville .

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