C'est validé. Contrairement à l'an dernier, les actionnaires du constructeur automobile Stellantis, réunis en assemblée générale à Amsterdam, ont validé ce jeudi, les rémunérations des dirigeants, dont celle, à plus de 80 %, du directeur général, Carlos Tavares, le « Mbappé de l'automobile », selon l'expression du président du MEDEF, Geoffroy Roux de Bézieux.
La rémunération du dirigeant s'élève à 14,9 millions d'euros au titre des salaires et bonus (c'est deux millions de moins que l'an dernier) mais elle pourrait atteindre 23,5 millions d'euros d'ici 2026, via les stocks-options et la réalisation des objectifs du groupe. Il est également prévu une prime de 25 millions en 2025 si le groupe atteint ses objectifs de transformation vers l'électrique. En revanche, le pactole de 50 millions d'euros accordé à l'ancien directeur général de Fiat-Chrysler, Michael Manley, est passé à une courte majorité de 51%, pour sa contribution à la naissance du groupe Stellantis. John Elkann, le directeur exécutif du groupe, s'est félicité de ces résultats :
« Le vote largement positif de l'ensemble de nos actionnaires [...] témoigne de leur adhésion au principe de 'la méritocratie'. Notre rapport sur la rémunération reflète ainsi notre conviction de récompenser la performance en fonction de l'atteinte d'objectifs ambitieux. »
L'an dernier, plus de la moitié des actionnaires avaient voté contre la rémunération de Carlos Tavares, compte tenu d'un manque de transparence sur le calcul des primes. Le vote était purement consultatif mais il a relancé le débat en France sur la rémunération des dirigeants et surtout terni l'image du groupe, tout juste constitué par la fusion en 2021 de Peugeot-Citroën et de Fiat-Chrysler. D'autant que la rémunération des dirigeants, et ses modalités, fait désormais clairement partie des référentiels pris en compte dans la notation extra-financière ESG.
Efforts de transparence
Le groupe a d'ailleurs compris la leçon et a déployé ses efforts pour convaincre les investisseurs de la justesse de la rémunération des dirigeants et rendre plus claires les nouvelles conditions de rémunération des dirigeants. Ces derniers ont également profité d'un contexte favorable après la publication de résultats records en 2022, avec une marge d'exploitation inégalée jusqu'ici. Enfin, le groupe a su faire participer ses salariés à la croissance des résultats avec une augmentation générale des salaires et une prime exceptionnelle. Au total, selon le groupe, près deux milliards d'euros ont été ainsi redistribués aux salariés.
« Nous reconnaissons que la rémunération est une question importante, sensible et complexe », avait déclaré dans une lettre aux actionnaires, Wan Ling Martello, ancienne dirigeante de Nestlé, qui préside le comité de rémunération de Stellantis. « Mais nous ressentons aussi le besoin stratégique de retenir et attirer des dirigeants de classe mondiale, dans un contexte de compétition internationale ».
Cette année, les investisseurs arrivaient divisés sur la question de la rémunération de Carlos Tavares, le patron le mieux payé du CAC 40. Le conseil français aux investisseurs Proxinvest a recommandé de voter contre la rémunération du directeur général, jugée bien supérieure à celle de ses pairs en Europe, alors que le conseil américain ISS, très influent parmi les investisseurs américains, a estimé au contraire que les rémunérations étaient en ligne avec les pratiques du secteur.
Mais les deux conseils ont décidé d'approuver les résolutions concernant les modifications de la politique de rémunération, tout comme le fonds Phitrust Investors, spécialisé dans l'engagement actionnarial.
Sujets les + commentés