"Une catastrophe industrielle" et "sociale" : Benteler va fermer son usine automobile dans l'Yonne

Coup de massue pour les salariés du groupe allemand Benteler à Migennes. Le CSE a annoncé jeudi la fermeture définitive de l’usine. 400 emplois sont menacés.
(Crédits : FO)

Le site « n'est plus compétitif », selon le porte-parole de l'usine. Ce dernier perdait 10 millions d'euros par an. C'est pourquoi la direction a annoncé hier au cours d'une réunion exceptionnelle avec les élus du comité social et économique, sa volonté de fermer définitivement l'usine. 400 emplois sont menacés, dont 311 en CDI.

Installée depuis 30 ans à Migennes (Yonne), l'équipementier automobile fabrique des pièces de moteurs et de châssis pour Volvo, Renault, ou encore Stellantis. « Malheureusement, on s'attendait à ces conclusions mais cela tombe toujours comme un couperet. 120 couples travaillent sur le site. Dans un bassin d'emplois déjà sinistré comme le nôtre, nous risquons une précarité sociale et économique grave pour ces salariés », s'inquiète Reynald Millot, secrétaire général de l'Union départementale Force ouvrière 89.

La réaction des salariés de Benteler ne s'est pas fait attendre. L'intersyndicale bloque le site depuis hier après-midi et a appelé les salariés à cesser le travail immédiatement. Des palettes ont été entassées devant l'usine.

Les salariés es salariés ont brûlé des palettes devant l'usine

La principale offre de reprise écartée

En juin 2021, Benteler avait prévenu les salariés de son souhait de se désengager de Migennes et de sa volonté de chercher un repreneur. Quatre sociétés s'étaient manifestées pour la reprise de l'usine. La principale, celle du groupe allemand Mutares, a finalement été écartée, lui reprochant de manquer de garanties au-delà de 2023.

« En l'état, elle n'aurait pas permis d'assurer la pérennité du site, notamment car son business plan n'était pas détaillé et elle ne prévoyait pas assez d'investissements », affirme le porte-parole de Benteler.

Abdel Nassour, délégué syndical FO, précise que les projections laissaient entrevoir une baisse du chiffre d'affaires actuel de 120 millions d'euros à seulement 50 millions d'euros à la fin de l'année 2023. Une situation peu viable. « Le problème, c'est qu'il n'y a pas de nouveau projet en cours. Peu importe le repreneur, si les constructeurs ne s'engagent pas, l'entreprise est condamnée », souligne Abdel Nassour.

Par exemple, il suffirait que Stellantis renouvelle son contrat pour les 3008 et 5008 en 2023, pour sauver une grande partie des salariés. « Nous avons le savoir-faire, alors pourquoi Stellantis ne souhaitent pas renouveler son contrat à Migennes ? Soit, c'est la direction de Benteler qui les a prévenus de son souhait de se désengager, soit le constructeur souhaite sous-traiter dans les pays de l'Est... », s'interroge Abdel Nassour.

Pour Reynald Millot, « le groupe Benteler ne développait plus de projet sur ce site depuis plusieurs années avec en ligne de mire, le recentrage de la production en Allemagne pour baisser les coûts de la masse salariale ».

 « Une catastrophe industrielle »

Marie-Guite Dufay, présidente de la Région Bourgogne-Franche-Comté, déplore une catastrophe industrielle pour la région : « La démarche n'est pas acceptable. L'équipementier allemand m'avait confirmé ne pas vouloir fermer le site et qu'aucun plan de sauvegarde de l'emploi n'était envisagé ! Nous étions d'ailleurs en relation avec la direction du site il y a de cela quelques jours pour finaliser une possible offre de reprise ; la Région s'étant engagée à accompagner, aux côtés de l'État, tout repreneur afin de garantir la pérennité du site et des emplois ».

La Région a mandaté son Agence Économique Régionale afin de redoubler d'efforts dans la recherche d'un possible repreneur d'ici l'ouverture du PSE.

Un nouveau CSE doit se tenir dans les prochains jours entre la direction et les syndicats pour se mettre d'accord sur le calendrier de la fermeture et négocier le futur Plan de Sauvegarde de l'Emploi. Les consultations avec les instances représentatives dureront 4 mois. D'après les syndicats, l'usine a suffisamment de stocks pour fonctionner jusqu'en 2023.

La direction « veut mettre en place des mesures pour accompagner dans un reclassement à l'externe les salariés ». Elle travaillera avec les collectivités locales pour « trouver des solutions de reconversion du site ».

Le mardi 23 novembre devrait être une journée "ville morte" à Migennes, avec une manifestation dans les rues de la ville, à partir de 13h30.

Benteler emploie près de 25.000 salariés à travers le monde pour un chiffre d'affaires de 6,3 milliards d'euros (2020).

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Commentaires 4
à écrit le 22/11/2021 à 15:36
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J'ai les plans, je peux devenir contructeur d'aqutomobiles. Ces dernier ne sont plus que des assembleurs de pièces faites par d'autres. L'avenir c'est comme LVMH, qui a d'excelents résultats grâce à une concentration verticale bien pensée. Qui permet...

à écrit le 22/11/2021 à 13:53
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Comme toujours en France l'étau client/Bercy amène à la faillite. Les Volvo, Renault, ou encore Stellantis sont confrontés à une compétition extrêmement dure et Bercy/URSSAF ne lâchent pas prise : ils ont tant de bouches inutiles à nourrir !

le 23/11/2021 à 7:03
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avec la maconie rien ne change ce que m macron exprime n'est que des illusions et les usines ferme encore et toujours et la ce sont ses amis allemend qui lui plante un couteau dans le dos et il se dit surpris que neni c'est sa vision mondialiste q...

à écrit le 22/11/2021 à 12:07
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wow, quelle surprise, hein? les ecolo bobo gauchos ont decide de faire la peau a la voiture, et la, surprise!!! les entreprises ( capitalistes) vont fermer, oui mais c'est injuste ca va faire des pauvres ouvriers laborieux et exploites au chomage ( b...

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