Volvo bientôt en Bourse : itinéraire d'une marque devenue incontournable

Rachetée en 2010 par le groupe chinois Geely, Volvo s'est imposée comme une des marques premiums les plus dynamiques. Prête à abandonner définitivement le thermique en 2030, elle veut également accélérer son développement et espère doubler ses ventes d'ici 2025. Même si Volvo est très rentable, elle aura besoin de capitaux pour parvenir à ses fins.
Nabil Bourassi
Depuis 2019, les profits de Volvo se sont envolés, au point que la marge dépasse désormais les 10%.
Depuis 2019, les profits de Volvo se sont envolés, au point que la marge dépasse désormais les 10%. (Crédits : Volvo)

Volvo s'apprête à entrer à la Bourse de Stockholm, couronnant près de dix ans d'un spectaculaire redressement. La marque automobile suédoise a annoncé lundi qu'elle entamerait sa première cotation avant la fin de l'année. D'après le Wall Street Journal, la capitalisation de Volvo pourrait atteindre les 25 milliards de dollars (21,5 milliards d'euros). C'est 14 fois le prix d'achat de la marque par le chinois Geely à Ford en 2010, en pleine tempête financière des subprimes (1,8 milliard de dollars). Geely, qui possède également 10% du groupe Mercedes, a indiqué qu'il resterait majoritaire dans le capital de Volvo.

Objectif: 1,2 million de voitures en 2025

Cette introduction en Bourse devrait permettre au suédois de lever 2,5 milliards d'euros et ainsi poursuivre son intensive stratégie d'investissement. Si la rumeur d'une introduction en Bourse tourne en boucle depuis plusieurs années, c'est probablement le virage stratégique dans l'électrification qui a accéléré les choses. En mars dernier, la marque basée à Goteborg, en Suède, a annoncé qu'elle basculerait l'ensemble de sa gamme dans le 100% électrique en 2030. Elle doit pour cela, investir dans des capacités de production de batteries, en partenariat avec le norvégien Northvolt, le même qui vient de s'associer avec Volkswagen. En outre, Volvo veut accélérer son développement en augmentant ses capacités de production. Parti de moins de 300.000 voitures il y a dix ans, le groupe approche les 800.000 immatriculations (hors Covid) et vise les 1,2 million en 2025. Les investissements nécessaires sont donc lourds... Et Volvo a déjà payé très cher son redressement.

La marque léguée par Ford était moribonde, avec un catalogue qui avait pris la poussière, et pauvre en technologie. Après son rachat en 2010, Geely met 11 milliards sur la table pour renouveler la gamme, investir dans de nouvelles plateformes et de nouvelles motorisations. Le XC90 finit ainsi par trouver un successeur après 12 ans de règne: un design modernisé, des assistants de conduite, des motorisations hybrides... Le nouveau Volvo a mis le paquet pour maintenir son rang de marque premium. La marque enchaîne les succès et les ventes volent de record en record. Le prix de vente moyen s'envole grâce à des produits de plus en plus attractifs et des options de plus en plus high tech. En France, il passe de 23.000 euros en 2014 à 35.000 euros en 2018. Cette année-là, le XC40, le dernier né des SUV suédois, remporte même le prestigieux prix de la voiture de l'année. Le groupe s'apprête désormais à élargir sa gamme vers les SUV coupé avec l'arrivée imminente du C40. Les SUV coupé apportent beaucoup plus de marges de profitabilité aux constructeurs.

Les profits s'envolent

C'est d'ailleurs l'un des obstacles qui a été levé pour envisager une introduction en Bourse. Pendant longtemps, les ratios de rentabilité de Volvo ont été plombés par les lourds investissements du groupe. En 2018, la marge opérationnelle était de 5,6%, soit quatre points de moins que les marques premiums. Depuis 2019, les profits se sont envolés, au point que la marge dépasse désormais les 10%.

Enfin, dernier étage de la fusée Volvo. Le groupe veut également capitaliser sur Pole Star, une nouvelle marque créée de toutes pièces et qui se veut la réponse scandinave à Tesla. Cette marque sera introduite en Bourse pour une valorisation estimée autour de 20 milliards d'euros. Ainsi, Volvo est déjà positionnée sur les marques 100% électriques qui font gonfler les cours de bourse comme Lucid (40 milliards de dollars) ou encore Nio (34 milliards de dollars) alors qu'elles n'en sont qu'en phase de démarrage. Laissé à l'abandon il y a quinze ans, le Volvo nouveau est devenu incontournable dans le paysage automobile aujourd'hui.

Nabil Bourassi

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Commentaire 1
à écrit le 06/10/2021 à 9:40
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Une politique des prix qui a su faire la place aux marques, un ami qui a beaucoup d'argent mais se tape complètement des marques en a acheté une parce que tout simplement meilleure marché que ses concurrentes et ayant toujours cette réputation de fia...

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