A Marseille, Newton Offices dessine le bureau… d’aujourd’hui

Créée en 2017, avec l’idée que l’on ne vivrait plus le bureau demain comme hier, l’entreprise pilotée par Guillaume Pellegrin ne pensait pas être si proche de la vérité. Une crise plus tard, l’idée de la flexibilité s’est plus qu’imposée, devenant un style de vie et un nouveau mode de consommation durable. (Cet article est issu de T La Revue de La Tribune - N°9 "Travailler, est-ce bien raisonnable?", actuellement en kiosque)
(Crédits : Newton Offices)

Vous reprendrez bien un peu de bureau ? Oui, mais pas comme avant. Voilà qui pourrait résumer le concept de Newton Offices. L'entreprise naît en 2017. L'idée d'une nouvelle façon d'occuper le bureau frémit alors. C'est l'intuition forte de Guillaume Pellegrin. Originaire de la cité phocéenne, il part ensuite à l'étranger roder ses premières armes d'entrepreneur. De retour à Marseille, il fonde Tivoli Capital, spécialisé dans l'accompagnement des investisseurs immobiliers. Un premier pas vers Newton Offices se fait. Car de l'étranger, Guillaume Pellegrin en est revenu avec la sensation que la consommation des espaces de travail allait se modifier. C'est l'époque où le coworking a le vent en poupe...

Le bureau, lieu et lien social

Cinq ans plus tard, l'intuition s'est largement transformée pour devenir un concept d'entreprise. En intégrant aussi le fait que l'immobilier de bureau est devenu le deuxième poste de dépenses derrière les salaires... Et la crise, en imposant le télétravail, a clairement accéléré le degré d'acceptabilité d'un bureau qui n'est plus ni pensé, ni consommé comme avant. Un constat que fait bien volontiers Guillaume Pellegrin, pour lequel « une prise de conscience écolo se cumule avec une expérience réussie du télétravail ».

Avec cette question, centrale,  « Pourquoi se rendre sur son lieu de travail si l'on peut travailler de chez soi ? », l'exode urbain qui a mené un déplacement depuis les grandes métropoles vers les territoires encourage aussi une nouvelle façon d'envisager le bureau, lequel doit s'accorder avec une certaine vision de la qualité de vie.

« Créer des lieux vertueux, des lieux efficaces, où l'on se sent bien, nous étions précurseurs sur cette tendance », rappelle Guillaume Pellegrin. Et l'enjeu est réel, en période post-crise, « où certains grands groupes ont du mal à faire revenir les salariés sur leurs lieux de travail ». Des acteurs qui se tournent de plus en plus vers Newton Offices, revendique son dirigeant. Après les TPE et les PME qui ont impulsé la démarche, rapidement. Car le bureau possède indéniablement une fonction sociale. Et désormais, le bureau doit apporter une plus-value, la légendaire machine à café et les réunions étant des créateurs de lien social. « Le lieu de travail doit remplir ce rôle », soutient Guillaume Pellegrin.

Le bureau flexible doit donc intégrer un socle serviciel, ce que l'on appelle aussi hospitality, avec des offres de restauration, d'accueil pour les salariés, de wellness...

Et puis, surtout, le bureau du xxie siècle doit aussi être flexible dans son organisation. Ce qui signifie permettre à l'occupant de n'avoir qu'un seul interlocuteur pour tout ce qui concerne la décoration, les prestations, la logistique. Une flexibilité, non seulement dans la forme, mais aussi dans le fond.

Intégrer toute la chaîne de valeur

Créer le bureau flexible c'est aussi penser tout son environnement. Ce qui part de l'immeuble à ce qu'il y a autour de l'immeuble. « Nous voulons des immeubles ouverts sur l'écosystème le plus local. Il faut une prise de conscience de toute la chaîne de valeur immobilière », insiste Guillaume Pellegrin. Ce qui amène à ne pas laisser de côté tout ce qui va avec, et notamment la façon de construire, en prenant en compte les sujets d'artificialisation des sols, par exemple, ou encore ceux des matériaux bio-sourcés. Quitte à pousser l'idée le plus loin possible, comme ne pas avoir de poubelle au sein des bureaux... Une façon d'obliger, certes, mais aussi de ne pas aller à moitié sur les convictions.

Si l'on considère que le bureau est un maillon de l'aménagement du territoire, cela signifie que le dialogue doit aussi infuser avec et auprès de ceux qui le décident et le dessinent. « Nous avons un réel dialogue avec chacune des métropoles où Newton Offices est implanté », assure Guillaume Pellegrin. D'Aix-Marseille à Lyon en passant par Montpellier, les Hauts-de-France, Sophia-Antipolis ou Nice. « Les régions apprécient que nous venions mailler les quartiers d'affaires », indique Guillaume Pellegrin. Sachant que Newton Offices privilégie des lieux d'implantation précis, outre les quartiers d'affaires, également le parc tertiaire ou le quartier résidentiel mixte.

L'enjeu des villes moyennes

De l'exode urbain qui a été généré par la crise, Newton Offices en tire une validation de sa feuille de route. L'entreprise compte poursuivre le maillage du territoire national en privilégiant les villes moyennes, ces villes perçues comme synonymes d'une qualité de vie nouvelle. Où l'entrepreneuriat a aussi un vaste terrain de jeu pour germer et se développer. Un sondage, mené par Newton Offices en 2021, démontre que le temps considéré comme un seuil entre son lieu d'habitation et son lieu de travail atteint 30 minutes. Une indication d'importance qui rejoint le concept de la ville du quart d'heure. Et l'entrepreneuriat en régions, Guillaume Pellegrin y croit fort. Au point d'avoir créé un podcast dédié, appelé Extra Muros, qui raconte la vie et la décision de ces patrons qui ont décidé d'installer et de développer leur entreprise en dehors du périmètre de la capitale, faisant le choix de Bordeaux, Nantes, Lille ou Lyon. « Dans chaque épisode, j'échange avec des dirigeants très attachés à leur région, fiers de raconter les raisons pour lesquelles ils se sont lancés loin de la capitale et de livrer leurs conseils à la future génération d'entrepreneurs. » Les deux premiers épisodes sont consacrés à MailinBlack, pionnier de la cybersécurité qui a son berceau dans la cité phocéenne, et Papernest, qui digitalise les contrats liés au déménagement et qui, après Paris, a fait le choix de Reims.

Aider, aiguiller, conseiller la nouvelle génération d'entrepreneurs, c'est indispensable. Car non, « il n'y aura pas de retour en arrière. Amener du service, créer des communautés, ce n'est pas une mode. Le télétravail n'est pas davantage une mode. Et la tendance que je ressens, c'est bien que ce mouvement vers un bureau flexible entraîne également les grands groupes, ce n'est plus l'apanage des start-ups », affirme Guillaume Pellegrin. « Cela permettra de mieux recruter et d'attirer les talents et pour cela, le lieu de travail est une composante importante car il s'inscrit totalement dans une démarche de politique RSE. »

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Article issu de T La Revue n°9 "Travailler, est-ce bien raisonnable?" - Actuellement en kiosque et disponible sur kiosque.latribune.fr/t-la-revue

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Commentaire 1
à écrit le 29/05/2022 à 11:15
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C'est sûr que si les salariés pouvaient supporter les coûts d'infrastructure, ce serait un gros progrès.....Vaste blague seulement orientée vers l'exploitation toujours plus forte de ceux qui bossent par ceux qui possèdent....

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