La pression monte sur les grandes entreprises publiques pour réussir le défi de l'adaptation au changement climatique. Après une réunion à Bercy, le ministre de l'Economie a fait savoir à la presse qu'il avait demandé, notamment, à la SNCF, à EDF et à RTE, de fournir d'ici à fin 2024 un plan. « Nous devons planifier les décisions, les travaux et les investissements correspondants », a martelé Bruno Le Maire. Et ce, sans argent public supplémentaire.
« L'heure est à l'économie de la dépense publique, donc inutile de toquer à la porte, elle est fermée », a encore tonné le patron de Bercy en compagnie du ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires Christophe Béchu. Bruno Le Maire a promis la même exemplarité écologique pour les administrations.
« Je refuserai désormais tout investissement public qui ne prendra pas en compte le changement climatique (...) sans quoi, c'est de l'argent jeté par les fenêtres », a encore lâché le ministre. Concrètement, a-t-il listé, il faut prévenir les surchauffes dans les locaux, limiter l'accumulation de chaleur en journée, faciliter le déstockage la nuit, travailler sur l'enveloppe des bâtis pour renforcer l'inertie thermique, pour améliorer leur déphasage, favoriser la surventilation nocturne, apporter de l'ombre, etc...
Qui va accepter ou refuser ces investissements ?
Des critères d'investissement très précis, mais l'histoire ne dit pas qui les acceptera et, bien sûr, qui les refusera. Sollicité par La Tribune dans la foulée des annonces, le cabinet du ministre de l'Economie explique que la Direction de l'immobilier de l'Etat (DIE) va intégrer ces critères d'adaptation dans la labellisation des opérations immobilières de l'Etat.
Rattachée à la direction générale des Finances Publiques (DGFiP), la DIE définit et met en œuvre la politique immobilière de l'État et de ses opérateurs, pilote la gouvernance de la politique immobilière de l'État, élabore la législation et la réglementation domaniales, ainsi que la mise en œuvre des missions de gestion et d'évaluation domaniales.
Quelle sera la méthode d'évaluation ?
Maintenant que l'acteur est connu, quelle méthode va-t-il adopter ? L'équipe de Bruno Le Maire assure qu'une feuille de route environnementale pour l'immobilier de l'Etat est en cours d'élaboration et intégrera un volet adaptation. Cela passe notamment par une évaluation de la vulnérabilité du parc aux différents aléas : vagues de chaleur, inondation, retrait-gonflement des argiles.
Des expérimentations sont ainsi en cours pour analyser l'exposition aux risques d'un échantillon d'actifs. La Direction de l'immobilier de l'Etat (DIE) travaille avec l'Observatoire de l'immobilier durable, une association qui ambitionne d'accélérer la transition écologique du secteur, et The Climate Company, une société qui affirme mobiliser en ce sens son expérience scientifique et sa connaissance « aiguë » des dynamiques climatiques, des observations aérospatiales et des analyses statistiques.
Quel bilan pour les 2,7 milliards d'euros déjà débloqués en 2020 ?
La DIE pourra également s'appuyer sur les 2,7 milliards d'euros débloqués dans le plan France Relance à 100 milliards de septembre 2020. Interrogé sur le bilan à date, l'entourage du patron de Bercy fait savoir que suite à l'appel à projets lancé à l'époque, 4.000 projets ont été sélectionnés en décembre 2020, lors d'une Conférence nationale de l'immobilier public, présidée par le Premier ministre Jean Castex.
A fin janvier 2024, près de 20.000 marchés ont été notifiés et 3.577 projets de rénovation énergétique ont achevé leurs travaux, représentant une économie de 358 Gigawattheures d'énergie finale (GWhef) par an. Plus de 2,09 milliards d'euros ont ainsi été déjà été payés aux entreprises.
Au total, le programme devrait générer une économie entre 500 et 600 GWhef/an, soit environ 5 euros par kilowattheure (kWh) économisés chaque année. En comparaison, 1 kWh équivaut à un cycle de lavage du linge, selon EDF.
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