Immobilier : 400.000 logements supplémentaires par an sont nécessaires à cause de la réduction de la taille des ménages

La France a besoin de près de 400.000 logements supplémentaires par an d'ici à 2030, selon une étude. Alors que le secteur est en crise, cette demande est essentiellement due au « desserrement des ménages », c'est-à-dire à la réduction du nombre de personnes dans les foyers en raison notamment des divorces et du vieillissement de la population.
Cette étude tombe alors que la France traverse une crise du secteur de la construction depuis des mois et, plus globalement, de celui du logement.
Cette étude tombe alors que la France traverse une crise du secteur de la construction depuis des mois et, plus globalement, de celui du logement. (Crédits : © Magali Cohen / Hans Lucas)

La demande de logements ne faiblit pas en France. Et alors qu'elle était auparavant induite majoritairement par la croissance démographique, elle résulte désormais principalement du « desserrement des ménages » (38% du total). C'est-à-dire de la réduction de la taille des ménages, en raison par exemple des divorces et du vieillissement de la population. Ce phénomène fait que « le parc immobilier est mobilisé par des personnes seules », estiment l'Union nationale des aménageurs (Unam) et l'École supérieure des professions de l'immobilier (Espi) dans une étude parue ce mardi 21 mai.

« La baisse démographique n'induit pas la baisse de la demande, au contraire, le phénomène de desserrement pèse trois fois plus sur les besoins que le phénomène de démographie », a confirmé à l'AFP Paul Meyer, délégué général national de l'Unam Ile-de-France.

Un phénomène « sous-estimé »

D'après l'étude, le desserrement des ménages est « sous-estimé » par les pouvoirs publics.

« Certaines administrations disent aux politiques "Inutile d'investir dans le logement, il n'y en aura plus besoin demain". C'est faux. Et c'est ce qu'on veut démontrer », a-t-il ajouté.

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En Ile-de-France, ce phénomène représente un besoin important (29% du total). À Paris, le desserrement est nourri par la présence de nombreux ménages unipersonnels composés de jeunes étudiants et jeunes actifs ou de ménages séparés. Mais à Fontainebleau (Seine-et-Marne) ou Rambouillet (Yvelines), ce phénomène est d'abord causé par le vieillissement de leur population. « Les projets que nous réalisons aujourd'hui doivent intégrer le vieillissement, c'est fondamental. On en entend peu parler dans les documents de planification de l'urbanisme », souligne à l'AFP Arnaud Pautigny, président de l'Unam Ile-de-France. L'effet est moins marqué dans le reste de la banlieue parisienne, en particulier dans l'est et le nord, où résident les familles avec enfants.

Ailleurs en France, les besoins en logements sont importants autour des grandes métropoles comme Lyon, Bordeaux, Toulouse, Nantes ou Rennes, en raison de l'attractivité de ces grandes villes et du phénomène de desserrement qu'elles connaissent.

Le logement en pleine crise

Cette étude tombe alors que la France traverse une crise du secteur de la construction depuis des mois et, plus globalement, de celui du logement. Celle-ci résulte en partie des chocs extérieurs : les prix des matériaux de construction ont flambé depuis la pandémie de Covid et cette situation s'est aggravée avec la crise énergétique consécutive à la guerre en Ukraine. À cela s'ajoute la remontée des taux d'intérêt, résultant de la politique de resserrement monétaire pour lutter contre l'inflation, qui a entamé la capacité des ménages à investir dans l'immobilier. Le gouvernement est en outre régulièrement accusé de faire des économies budgétaires sur le logement, en réduisant progressivement des dispositifs de soutien à la construction (prêt à taux zéro, niche fiscale Pinel, financement du logement social...). Enfin, les normes environnementales plus strictes, visant à construire des bâtiments moins énergivores et plus adaptés au réchauffement climatiques, ont aussi rendu la construction plus coûteuse, selon les organisations patronales.

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Si bien que le nombre de permis de construire ne cesse de baisser. Avec 358.600 logements autorisés à la construction en mars, derniers chiffres publiés par la Fédération française du bâtiment (FFB), l'activité n'a jamais été aussi faible depuis 1992. Par effet ricochet, les emplois dans le secteur de la construction sont touchés. La FFB table sur 90.000 suppressions d'emplois en 2024 dans l'ensemble du secteur, puis 150.000 mi-2025. Et si la crise perdure, ce sont même 300.000 emplois, tous métiers compris, qui pourraient être détruits dans la construction, d'après cet organisme et la Fédération des promoteurs immobiliers (FPI). Plusieurs promoteurs immobiliers ont d'ailleurs récemment annoncé des plans sociaux. À l'instar de Nexity, leader en France, qui prévoit de supprimer 502 postes. Chez son concurrent Bouygues, 225 postes devraient disparaître dans la filiale immobilière, bien que l'entreprise ait assuré que seront privilégiés « le volontariat et le reclassement interne ». Vinci Immobilier, de son côté, va aussi faire un plan social, non chiffré pour l'heure. Dans le même temps, de plus petits acteurs déposent le bilan.

Pour répondre à la crise du manque de logements, le gouvernement a présenté mi-mars une série de mesures, dont des mesures de simplification de normes. Le ministre du logement, Guillaume Kasbarian, a alors indiqué avoir dans l'optique « d'ici au mois de juin » de « présenter un projet de loi ».

(Avec AFP)

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Commentaires 3
à écrit le 21/05/2024 à 18:11
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Pourquoi y a-t-il deux articles, à dix minutes d'intervalle, pour dire la même chose? Les journalistes ne se sont-ils pas mis d'accord.....pour cohabiter? A quand la "ZAN numérique " pour limiter le gaspillage de l'espace électronique ! Cette curieu...

à écrit le 21/05/2024 à 17:30
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étude venant du lobby Immobilier / BTP. pas fiable. ils veulent toujours plus de soutien public (au détriment du rétablissement des finances publiques). la France a construit 482 000 logements en 2022, contre seulement 295 000 en Allemagne ou 178 0...

à écrit le 21/05/2024 à 17:10
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Ben voilà c'est encore de notre faute ! LOOOL ! ^^

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