Immobilier : les réservations de logements neufs poursuivent leur dégringolade

Le secteur du BTP fait pâle figure. Les réservations de logements neufs ont chuté de presque 40% au troisième trimestre sur un an. La crise du logement s'accélère et le projet de Budget 2024 est considéré comme insuffisant pour enrayer la crise.
Il faut dire que la production de logements neufs a lourdement chuté en 2023.
Il faut dire que la production de logements neufs a lourdement chuté en 2023. (Crédits : OCTAVIO JONES)

La crise du logement n'en finit plus. Les réservations de logements neufs par des particuliers auprès des promoteurs immobiliers ont poursuivi leur dégringolade au troisième trimestre 2023, avec une chute de 39,7% sur un an, selon les statistiques provisoires du ministère de la Transition écologique, publiées ce mercredi 15 novembre. Le nombre de réservations, qui s'est établi à 16.201, baisse sans discontinuer depuis six trimestres, dans un contexte économique très défavorable à la construction neuve.

Il faut dire que la production de logements neufs a lourdement chuté en 2023, prise en étau entre la hausse des coûts de construction et la baisse de pouvoir d'achat des acquéreurs, privés d'accès facile au crédit. La hausse rapide des taux d'intérêt a, en effet, exclu beaucoup d'acquéreurs du marché, notamment les primo-accédants à la propriété, dont les revenus sont en outre rognés par l'inflation. « Le secteur est en triple crise » - de production, environnementale et d'adaptation au vieillissement de la population-, avait alerté le ministre chargé du Logement, Patrice Vergriete, mi-octobre.

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Plus de 131.000 logements disponibles

De leur côté, le nombre de nouveaux logements mis en vente par les promoteurs suit la même tendance, avec une chute annuelle de 34,9%, à 19.371. Les promoteurs sont pris en étau entre, d'une part la hausse des coûts de construction, provoquée par les prix des matériaux et des normes environnementales plus exigeantes ; d'autre part l'érosion du pouvoir d'achat des acquéreurs, avec l'accès plus difficile aux crédits immobiliers.

Dans le détail, l'encours de logements à la vente, c'est-à-dire l'ensemble de l'offre n'ayant pas encore trouvé preneur, atteint des sommets, avec 131.414 logements disponibles. Les annulations de réservations représentent l'équivalent de 24,5% des réservations du trimestre, « un poids particulièrement haut par rapport aux années précédentes », note le ministère.

Les ventes « en bloc », de tout ou partie de programmes à des gros acteurs (bailleurs sociaux, investisseurs institutionnels), ont elles fait un bond de 20% en un trimestre (13.723), l'Etat ayant demandé à la Caisse des dépôts et consignations (CDC) et à Action Logement de racheter des programmes aux promoteurs pour les soutenir. Les réservations ont chuté de 32% sur un an dans les zones les plus tendues (aire urbaine de Paris, villes de Marseille, Lyon, Lille, Montpellier, une partie du littoral  méditerranéen et Genevois français).

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BTP : les emplois menacés

Dans ce contexte, le secteur du bâtiment anticipe la suppression de 150.000 emplois d'ici 2025 et une baisse d'activité pour 2023 en France, a annoncé en septembre le président de la Fédération française du bâtiment (FFB).

« A l'horizon 2025, si rien n'est fait, donc si l'on laisse la crise du neuf s'enclencher, l'activité bâtiment reculera d'environ 8% hors effet de prix, soit 14 milliards d'euros en moins. S'en suivra une réelle montée des défaillances et une chute de l'emploi, avec près de 150.000 destructions de postes », a déclaré Olivier Salleron lors d'une conférence de presse.

La FFB, qui tablait au printemps sur 100.000 destructions d'emplois d'ici 2025, avait déjà relevé ce chiffre à 135.000 début juillet. « Nous rentrons en récession au niveau général pour cette année 2023, ce qui n'était pas prévu », a insisté Olivier Salleron. Si les défaillances d'entreprises restent contenues, à 4,6% en dessous de leur niveau des huit premiers mois de 2019, elles progressent « de près de 39% entre les huit premiers mois de 2022 et 2023 », a-t-il averti.

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Un budget considéré comme inefficace pour enrayer la crise

Or, le projet de budget 2024, adopté vendredi dernier en première lecture à l'Assemblée nationale, ne suffira pas à enrayer la crise du logement, estime un rapport du député Horizons François Jolivet publié cette semaine. « Les mesures budgétaires connues au jour de la rédaction de ce rapport ne permettront pas de répondre à la crise nationale de la production de logements neufs », affirme le député de l'Indre, rapporteur spécial du texte.

Quatre milliards d'euros de TVA pourraient manquer à l'État « dans le meilleur scénario », selon ce rapport, tandis que les collectivités, avec les départements en première ligne, risquent de souffrir de la chute des transactions immobilières, qui leur rapporte des droits de mutation (DMTO) compris dans les « frais de notaire ». François Jolivet appelle donc « de ses vœux un plan de sauvetage de la production neuve ».

Imbroglio autour du PTZ

Autre point de tension, le PTZ. Le gouvernement avait annoncé la fin progressive du dispositif Pinel de soutien à la construction neuve et le resserrement du prêt à taux zéro (PTZ) pour l'accession à la propriété. Il est revenu depuis sur cette décision et a annoncé que le dispositif sera maintenu et étendu en 2024. Il va être amélioré pour les ménages les plus modestes et élargi aux revenus moyens l'an prochain, pour répondre à la crise du crédit immobilier, mais il ne pourra plus servir à faire bâtir une maison, par souci écologique.

La réforme, qui se prolongera jusqu'en 2027, recentre cependant le PTZ sur les achats d'appartements neufs en zone tendue - c'est-à-dire où il est difficile de se loger - ou d'un logement ancien avec travaux en zone non tendue. Le secteur du bâtiment avait alors déploré que les constructions neuves soient désormais réservées aux zones tendues, ce qui « exclut à peu près 90% du territoire », selon le président de la FFB, même en incluant les nouvelles communes annoncées mercredi.

Seuls éléments positifs, le retour de la commande publique (bâtiments administratifs, écoles) et le quasi doublement de MaPrimeRénov', dispositif-phare du gouvernement d'aide à la rénovation énergétique.

(Avec AFP)

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Commentaires 2
à écrit le 15/11/2023 à 15:39
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autant sur les normes et l'acces au credit, c'est ni une surprise, ni tres recent ( pour les normes), autant on ne comprend pas bien pour les materiaux ukrainiens qui ont le covid........si plus personne n'achete car y a plus de demande, on ne peut p...

à écrit le 15/11/2023 à 10:51
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Les prix sont bien trop haut résultats d'une bulle spéculative immobilière qui a hypertrophié la valeur immobilière mais acteurs privilégies qui en général n'ont pas besoin de fric ils peuvent se permettre de conserver leurs bien parasitant fortement...

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