Le secteur du logement au bord du krach

Les ménages et les collectivités locales subissent de plein fouet les effets dévastateurs de la crise. Gabriel Attal est attendu sur le sujet.
Marie-Pierre Gröndahl
(Crédits : © Magali Cohen / Hans Lucas)

De l'atonie à l'asphyxie. En un an, la crise de l'immobilier a encore pris de l'ampleur, au point que ses conséquences débordent désormais largement du strict cadre de son secteur et de ses principaux acteurs économiques - constructeurs, promoteurs, agents immobiliers, notaires... - pour atteindre aujourd'hui l'ensemble du pays, et en premier lieu les ménages et les collectivités locales qui en subissent les effets dévastateurs. Rien de surprenant : tous les facteurs se sont progressivement accumulés pour l'aggraver depuis deux ans.

Lire aussiCrise de l'immobilier : le nombre de demandeurs de logements sociaux atteint des sommets

L'inflation a réduit le pouvoir d'achat des ménages et alourdi le coût des matériaux de construction. Puis contraint la Banque centrale européenne à durcir sa politique monétaire. La remontée historique des taux d'intérêt a inévitablement à son tour entraîné la diminution des prêts accordés aux particuliers, d'autant que les banques ont dû prendre en compte des conditions d'octroi plus strictes qu'auparavant. La mise en place progressive des nécessaires réglementations environnementales - la RE 2020 et le ZAN, pour « zéro artificialisation nette » des sols - a raréfié le foncier disponible pour la construction, y compris en zones tendues, tout en réduisant le nombre de biens disponibles à la location. La diminution des dispositifs d'incitation fiscale - le « Pinel » sera supprimé dès cette année - a détourné du marché les investisseurs particuliers, tandis que celle des rendements attendus a fait fuir beaucoup d'investisseurs institutionnels.

Résultat ? Des postes délaissés par des candidats sans possibilité de logement à proximité de leurs lieux de travail (mais une quantité de bureaux vides), une natalité en nette décrue l'an dernier, des chefs d'entreprise qui se lancent eux-mêmes dans la construction à côté de leurs sites industriels pour pouvoir loger leurs salariés, des promoteurs sans projets ni chantiers, des étudiants sans toit qui renoncent ainsi parfois à leur cursus, des annonces qui suscitent plusieurs centaines d'appels en quelques minutes, des agences en faillite, des notaires qui licencient (-57 % d'activité en moyenne l'an dernier) et des élus en quête de ressources de remplacement pour pallier la chute de leurs recettes fiscales, mais qui refusent pourtant de plus en plus de permis de construire (-100 000 en douze mois). Mais toujours pas de ministre du Logement, plus de deux semaines après la nomination de Gabriel Attal à Matignon.

En chiffres

- 25 %

La baisse de la capacité d'achat entre fin 2021 et fin 2023

Source : Fédération nationale de l'immobilier (Fnaim)

2,6 millions

Le nombre de ménages en attente d'un logement social

Source : Union sociale pour l'habitat

887

c'est le nombre d'agences agences immobilières placées en redressement ou en liquidation judiciaire en 2023. À comparer avec les 413 en 2022 et 290 en 2021 - année de record absolu pour les ventes de logements anciens.

Source : cabinet Altares

Baisse des surfaces

- 4 m 2

pour un appartement ancien

- 14 m 2

une maison ancienne

Source : Conseil supérieur du notariat

Marie-Pierre Gröndahl

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Commentaires 35
à écrit le 30/01/2024 à 7:08
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Que le marché s'assainisse un peu...je n'ai aucune compensation pour les vautours qui tombent. Ils sont repus sur le dos mal logés !!!

à écrit le 29/01/2024 à 20:35
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Macron a raison de ne pas nommer de ministre, puisque tout le monde sait qu´il mène une lutte quotidienne pour empêcher le bâtiment de fonctionner. L´article oublie de nombreuses mesures contre l´immobilier, comme l´ISF maintenu par exception sur l´i...

à écrit le 29/01/2024 à 14:24
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nommer un ministre? mais ca sert a rien, sauf pour les copains! quand on veut resoudre un pb faut voir d'ou il vient, et quand on fait l'autruche c'est pas rendu!!! alors la guerre en ukraine, le covid et je ne sais quoi, ca a le dos large!!!

à écrit le 29/01/2024 à 13:14
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Dans ma ville d'adoption, Barcelone, on trouve des F3 pour 120 000 euro.

le 31/01/2024 à 17:01
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il faut aussi voir le salaire moyen a Barcelone. En chine vous pouvez avoir un appartement pour 30 ou 40 000 €. ah oui, c est dans un coin paume ou un bon salaire c est 800€/mois

à écrit le 29/01/2024 à 10:53
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3 millions de logements vacants, 800 000 transactions sur l'année. Ce n'est pas ce que j'appelle une crise. La construction neuve a moins d'avenir que la rénovation ou la reconstruction. Les constructeurs qui seront les premiers à s'en rendre compte ...

à écrit le 29/01/2024 à 10:21
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L'immobilier avait fait une fête pratiquement ininterrompue depuis 25 ans et fatalement, la gueule de bois allait être violente...

à écrit le 29/01/2024 à 9:14
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2 âneries dans la politique du Logement - Le ZAN - La densification

à écrit le 29/01/2024 à 9:09
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Avec 30 % d’impôt et taxes dès le départ , et ben oui le logement c'est cher. On ajoute ensuite la taxe foncière (que les communes font éclater à la hausse) les assurances du bailleur et du locataire (pour le même bien) . Ensuite on n'arrête pas d...

à écrit le 29/01/2024 à 8:25
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Oh mon dieu vous allez me faire pleurer. Il faut faire des choix dans la vie ,et définir des priorités, on ne peut pas se gaver de produits de haute technologie, d'abonnements aussi divers que coûteux , s'offrir des vacances lointaines , rouler en b...

le 29/01/2024 à 8:45
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Macron a vraiment tout fait pour torpiller le secteur du logement : normes énergétiques qui ont réduit le parc locatif de 20%, suppression du dispositif PINEL, encadrement des loyers, zéro artificialisation des sols. Un vrai malthusien !

à écrit le 29/01/2024 à 8:23
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Oh mon dieu vous allez me faire pleurer. Il faut faire des choix dans la vie ,et définir des priorités, on ne peut pas se gaver de produits de haute technologie, d'abonnements aussi divers que coûteux , s'offrir des vacances lointaines , rouler en b...

à écrit le 29/01/2024 à 7:50
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Une correction de marché était souhaitable. A court terme, ça fait mal, une fois que les pertes sont prise, ça repartira de l’avant. La BCE n’a pas eu vraiment le choix. Et les décisions de la BCE a remonté ses taux à cause de notre dépendance énerg...

le 29/01/2024 à 13:20
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La BCE, sous la présidence de Christine Lagarde, à choisie délibérément de mener un politique suicidaire de taux zéro, dont on paye aujourd'hui le contrecoup. N'en déplaise aux Calimeros la responsabilité individuelle existe.

à écrit le 28/01/2024 à 22:20
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Il y a 25 ans on achetait à 8% au minimum et personne ne s en plaignait. Par contre les vendeurs affichaient des prix honnêtes.

à écrit le 28/01/2024 à 18:13
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Réagissez baisser les taux d intérêt a 2 pour cent laisser les maires gérer leur permit de construction sans toute ses contraintes administratives serait le. Début d une soluy

à écrit le 28/01/2024 à 18:05
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C'est pas un krach, c'est le retour à la normale. Les prix restent plus élevés qu'en 2017. La période anormale, c'est celle où il y a eu la flambée des prix avec des taux qui n'avaient jamais été aussi bas.

à écrit le 28/01/2024 à 17:35
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Combien de promoteurs en faillite ? Combien de licenciements annoncés dans la promotion immobilière ? La CDC a ses limites d absorption. Quelles sont-elles ? La situation profite au gouvernement qui veut profiter de cette crise pour rattraper le...

le 29/01/2024 à 15:49
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@valérie : la moindre construction de logements sociaux remonte à l'époque de VGE, où on avait créé les APL pour "responsabiliser les individus", à ceci près que les propriétaires se sont en général empressés de les répercuter sur les loyers, rendant...

à écrit le 28/01/2024 à 17:33
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Combien de promoteurs en faillite ? Combien de licenciements annoncés dans la promotion immobilière ? La CDC a ses limites d absorption. Quelles sont-elles ? La situation profite au gouvernement qui veut profiter de cette crise pour rattraper le...

à écrit le 28/01/2024 à 16:55
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Quand on construit on paie la taxe d'aménagement puis puis la taxe sur les fouilles archéologiques le tout en deux fois pour mieux digérer la pilule cette taxe est énorme puis après vient le foncier qui est élevé aussi en fonction de l'ambition des m...

le 28/01/2024 à 19:04
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Allez encore un peu des coups sur les "gauchistes,comme si c'était eux qui sont aux commandes depuis 20zns ,quant aux squatteurs ils sont aussi responsables ,vous êtes très risible mais les gens bornés ont si peu d'arguments!

à écrit le 28/01/2024 à 16:54
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On croit rêver, quasiment 100% des propriétaires sont terrorisés par les loyers impayés, ce gouvernement est parfaitement au courant, mais la stratégie est de détruire la propriété privée, c'est le programme de Davos alors il ne se passera rien sauf ...

le 28/01/2024 à 20:27
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Entièrement d'accord avec vos propos.

le 28/01/2024 à 20:52
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d'accord, mais a condition de bien bloquer les sorties...

le 29/01/2024 à 9:18
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@Jc - et ensuite vous ferez quoi, vous vivrez comment dans votre petite France étriquée ? Reflechissez avant de délivrer un billet d'humeur.

à écrit le 28/01/2024 à 14:15
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Cet exécutif macroniste remplit très bien et délibérément sa mission. Ruiner le pays. L'Etat est devenu l'arme et le moyen de spolier au plus haut niveau les citoyens. De les assujettir davantage pour tendre à une forme d'esclavage. Les élus et ho...

à écrit le 28/01/2024 à 13:26
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Quand on a 68 % de logements sociaux dans certain arrondissement de Lyon on a beaucoup moins de fonciers qui rentrent certain maires s'en sont plein. Et qui paye puisqu'il n'y a plus de taxe locale ? Ce sont ceux qui payent les fonciers donc toujou...

à écrit le 28/01/2024 à 11:56
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Depuis 2012, d abord comme ministre puis comme president, le president n a cessé d alourdir la fiscalité immobiliere. Il jugeait cet investissement non productif par rapprt aux actions. Il fallait reflecher l epargne vers les entreprises en punissant...

à écrit le 28/01/2024 à 10:55
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Il est scandaleux de constater que le logement pourtant essentiel à la vie humaine n'est pas une préoccupation prioritaire pour le gouvernement. Cette crise pénalise tout le monde mais surtout les jeunes freinés dans leurs projets de vie.

à écrit le 28/01/2024 à 10:19
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Ca craque dans le logement. Tous aux abris antiaériens de la dernière guerre!

à écrit le 28/01/2024 à 9:05
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Avoir confié le logement aux spéculateurs et autres cupides c'était le désastre annoncé. Et ils ne savent que chouiner...

le 28/01/2024 à 10:29
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en clair vous voyez crisette du logement crisette de l'agriculture puis la sante puis la securite puis allimentation puis encore la culture vous pouriez reunir la totalite et exprime que rien ne convient ce jour pour le pays que le pouvoir est ...

le 29/01/2024 à 7:36
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On peut quand même admirer le travail impressionnant de la fabrique du consentement , ça fait 30 ans que la classe dirigeante défonce nos droits et qu'ils nous ont tellement bien divisé que nous sommes incapables de nous remuer parce que grâce à la ...

à écrit le 28/01/2024 à 8:49
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C'est le résultat de la politique de la BCE pendant les années confinement 2020 2021 : L'économie a été artificiellement euphorique, résultat, l'atterrissage est brutal

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