Crise de l'immobilier : le nombre de demandeurs de logements sociaux atteint des sommets

En 2023, 2,6 millions de ménages étaient en attente d'un logement social, selon les chiffres de l'Union sociale pour l'habitat (USH), dévoilés ce jeudi. Une demande en augmentation de 7,5% sur un an, tandis que la production de logements est historiquement basse.
Le nombre d'agréments de nouveaux logements sociaux « n'a jamais été aussi bas depuis au moins 2005 » et serait « bien en deçà de 85.000 », a précisé Emmanuelle Cosse.
Le nombre d'agréments de nouveaux logements sociaux « n'a jamais été aussi bas depuis au moins 2005 » et serait « bien en deçà de 85.000 », a précisé Emmanuelle Cosse. (Crédits : Reuters)

Nouvel exemple de la crise du logement qui frappe l'Hexagone. En 2023, le nombre de ménages en attente d'un logement social a atteint 2,6 millions, soit une hausse de 7,5% sur un an, tandis que le nombre d'agréments est « à son pire niveau depuis 2005 », a indiqué jeudi à l'AFP l'Union sociale pour l'habitat (USH).

« On n'a jamais aussi peu produit de logement social et on n'a jamais eu autant de demandeurs », constate Emmanuelle Cosse, présidente de l'USH, la confédération des bailleurs sociaux.

Le nombre de demandes de logement social est passé de 2,4 millions (dont 1,7 million de ménages en attente d'un premier logement et 700.000 déjà logés dans le parc existant) à 2,6 millions sur un an. Une progression qui vaut « pour l'ensemble du territoire ».

Un manque de nouveaux logements sociaux

Parallèlement, le nombre d'agréments de nouveaux logements sociaux « n'a jamais été aussi bas depuis au moins 2005 » et serait « bien en deçà de 85.000 », a précisé Emmanuelle Cosse, ajoutant que la Fédération des Entreprises sociales pour l'habitat avait annoncé un chiffre de 82.000. A titre de comparaison, 87.500 agréments avaient été délivrés en 2020, année de la crise Covid, pendant laquelle les chantiers ont été à l'arrêt pendant plusieurs mois.

« Personne au ministère ne se bouscule pour annoncer ces très mauvais chiffres », a commenté l'ex-ministre du Logement, rappelant que « pendant très longtemps, la moyenne oscillait entre 110.000 et 115.000 agréments annuels ».

Cette crise du logement social suit logiquement celle de la construction de neuf. Selon le ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, le nombre de réservations auprès des promoteurs immobiliers s'établit à 16.201 au troisième trimestre 2023. Soit une chute de 39,3% par rapport à la même période en 2022. Pis, le nombre d'habitats mis en vente suit la même tendance : 19.371 entre le 1er juillet et le 30 septembre 2023. Soit une baisse de 34,9% par rapport au troisième trimestre 2022.

Lire aussiLogement neuf : l'inexorable descente aux enfers des promoteurs immobiliers

Une double dégringolade qui persiste depuis déjà six trimestres et qui ne semble pas s'arranger. Le 16 novembre dernier, la fédération des promoteurs immobiliers (FPI) a fait savoir que seuls 27.500 logements neufs avaient été mis en chantier au troisième trimestre 2023. Résultat, les ventes ont décru de 30,6% par rapport à la même période en 2022 : -36,5% aux propriétaires occupants et même -58,6% aux investisseurs particuliers.

« Le taux de désistement des acheteurs est de 50% tant est si bien que si la tendance se poursuit, moins de 90.000 logements neufs seront vendus en 2023 », affirme à La Tribune, Pascal Boulanger, le président de la FPI.

Sur les neuf premiers mois de cette année, seuls 65.000 logements ont en effet été réservés contre 92.000 sur la même période en 2022, 112.000 pour l'ensemble de l'année 2021 en reprise post-crise sanitaire et 88.000 en 2020 en plein Covid. Des données bien loin de l'euphorie des années 2017, 2018 et 2019, qui avaient émargé à 115.000 réservations en moyenne.

Le gouvernement pointé du doigt

A qui doit-on cette crise? Selon Emmanuelle Cosse, la pénurie de logements trouve son origine dans le « manque de volonté politique de l'Etat mais aussi des élus locaux », « la cherté des fonciers qui rend impossibles les opérations », ou encore « la faiblesse du financement et la hausse des coûts de construction ».

« Quand vous ne poussez personne à faire du logement social, le logement social ne se fait pas », a-t-elle affirmé.

Lire aussiCrise du logement : les professionnels de l'immobilier mettent la pression sur Attal pour trouver une solution

Un phénomène à bas bruit, puisque contrairement à d'autres mouvements sociaux, « il n'y aura jamais », selon elle, « de manifestations massives dans la rue de gens mal logés ».

Lors de la cérémonie de vœux de l'USH mardi, Emmanuelle Cosse avait fustigé « une certaine apesanteur politique (...) sans ministre du logement, sans cap clair », estimant que les deux précédents ministres, Olivier Klein et Patrice Vergriete, certes « dévoués à la cause (n'avaient) jamais été soutenus au plus haut niveau de l'Etat ».

« La réalité, ce sont des familles sans logement, des morts à la rue, des logements impossibles à trouver, des salariés qui dorment dans leur voiture ou au camping, comme des refus de crédit qui se multiplient », avait-elle rappelé.

(Avec AFP)

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 7
à écrit le 28/01/2024 à 16:56
Signaler
Je suis à la recherche de logement depuis trois. Sans réponse et je suis sans domicile fixe à 63 ans

à écrit le 26/01/2024 à 7:42
Signaler
Construire des logements "sociaux" tandis que ce osnt les marchés financiers qui encaissent n'a aucun sens, ça empeste encore la corruption et les réseaux et c'est tout.

à écrit le 26/01/2024 à 6:37
Signaler
Franchement, un clapier comme sur la photo ne fait pas envie.

le 26/01/2024 à 10:50
Signaler
Dorénavant ça fait penser aux immeubles à cochons en Chine... -_-

à écrit le 25/01/2024 à 23:23
Signaler
Un pays fier de ses hlm,de ses restos du cœur,de son insecurite quel bel avenir...

à écrit le 25/01/2024 à 20:53
Signaler
Les logements sociaux sont le premier vecteur de corruption du pays ... Est ce logique de proposer la même surface qu'on habite Bobigny ou Paris ? Evidemment, non ... Est ce normal que des élus se permettent de dilapider l'argent du contribuable en ...

le 26/01/2024 à 10:33
Signaler
Ces remarques sont marquées du sceau du bon sens. Mais pour les idéologues qui gouvernent seule l'idéologie est légitime. On refuse de voir les faits. On attend que les solutions idéologiques donnent raison jusqu' à l écroulement final.

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.