Logement : les bailleurs et le gouvernement d'accord pour partager le fardeau de l'inflation

L'ensemble des acteurs de la location immobilière ont été reçus à Bercy ce 1er juin par Bruno Le Maire et Amélie de Montchalin. Ils plaident tous pour une révision de l'indice de référence des loyers (IRL), qui fixe les plafonds des augmentations annuelles que peuvent exiger les propriétaires. Qu'ils soient bailleurs institutionnels ou particuliers, ces derniers se révèlent effectivement très attachés à l'équité. « Chacun doit sa prendre sa part du fardeau de l'inflation », répond déjà Bercy. Explications.
César Armand

Agents immobiliers, administrateurs et gestionnaires de biens, bailleurs sociaux, promoteurs et propriétaires immobiliers. A l'invitation des ministres Bruno Le Maire et Amélie de Montchalin, ils étaient tous à Bercy ce 1er juin. A la demande de la Première ministre, le ministre de l'Economie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique ainsi que la ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires leur avaient donné rendez-vous pour trouver des « mesures de soutien aux locataires face à l'inflation ».

Alors que cette dernière a atteint son plus haut niveau depuis 1985, le gouvernement promet, pour le 29 juin au lendemain des élections législatives, un projet de loi sur le pouvoir d'achat ainsi qu'un projet de loi de finances rectificatives. « Nous n'avons encore rien décidé », dit-on ainsi à La Tribune chez Bruno Le Maire. « Rien n'est encore acté à ce stade. La ministre va aussi rencontrer les représentants des locataires », appuie-t-on chez Amélie de Montchalin.

Une révision de l'indice de référence des loyers

Toujours est-il que les professionnels conviés poussent à une révision de l'indice de référence des loyers (IRL). Ce dernier sert de base pour réviser les loyers des logements vides ou meublés et fixe les plafonds des augmentations annuelles des loyers que peuvent exiger les propriétaires. Publié par l'Insee le 15 avril dernier, le nouvel IRL s'élève à 133,93 soit une hausse de 2,48% après avoir crû de 1,61% au quatrième trimestre 2021. Il est calculé à partir de la moyenne, sur douze mois, de l'évolution des prix à la consommation hors tabac.

La Fédération nationale de l'immobilier (FNAIM) demande par exemple de prendre la moyenne des quatre dernières variations trimestrielles de l'indice de référence des loyers (IRL) pour fixer l'IRL du 30 juin prochain pendant un an. Avec l'Association des grandes entreprises de la gestion de la transaction immobilière Plurience et l'Union des syndicats de l'immobilier (UNIS), son président Jean-Marc Torrollion propose, sinon, de caper le prochain indice de référence des loyers (IRL) pendant douze mois également.

« Nous y sommes favorables pour que les efforts soient partagés entre les bailleurs, les locataires et l'Etat », confirme à La Tribune Jean-Michel Camizon, président de l'association Plurience.

« Bruno Le Maire a parlé de ''répartir les charges équitablement'' », abonde Christophe Demerson, président de l'Union nationale des propriétaires immobiliers (UNPI).

Les bailleurs institutionnels et particuliers attachés à l'équité

Les bailleurs institutionnels et particuliers se révèlent effectivement très attachés à cette équité. « Nous comprenons l'enjeu au niveau national et tous les acteurs sont de bonne volonté. Lors de la crise sanitaire, nos adhérents ont déjà montré qu'ils étaient à l'écoute de leurs locataires en aménageant, voire abandonnant, des montants très significatifs de loyers commerciaux », témoigne, auprès de La Tribune, Maryse Aulagnon, présidente de la Fédération des entreprises immobilières, qui rassemble des foncières commerciales et résidentielles.

De fait, tous les acteurs défendent cette ligne. « Si les loyers sont trop élevés, c'est parce qu'on a refusé de construire et qu'il n'y a pas assez d'offre », martèle, à La Tribune, Pascal Boulanger, président de la Fédération des promoteurs immobiliers. « Depuis dix ans, bon an mal an, nous avons 50% de propriétaires occupants et 50% d'investisseurs. Depuis un an et demi, leur proportion est de plus en plus faible : 58% d'occupants et 42% d'investisseurs. Mécaniquement, les prix montent », ajoute le porte-parole des professionnels du logement neuf.

« Si l'équation économique n'est pas équilibrée, les investisseurs dans le logement locatif ne viendront pas », appuie Maryse Aulagnon, présidente de la Fédération des entreprise immobilières.

« Nous sommes confrontés à des injonctions contradictoires : il faut sauver le pouvoir d'achat, réaliser la transformation environnementale et construire des logements. Avec la hausse des prix des matières premières et des travaux, le champ de contraintes est extrêmement serré et tout ne pourra pas être fait en même temps », poursuit-elle.

Bercy: « Chacun doit sa prendre sa part du fardeau de l'inflation »

Elle ne croit pas si bien dire. Par la voix de son président Christophe Demerson, l'Union nationale des propriétaires immobiliers (UNPI) a évoqué les obligations de travaux de rénovation dans les logements, sous peine d'être interdits à la location en 2023, 2025, 2028 et 2034. « Nous avons pris rendez-vous avec la ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des Territoires sur la rénovation des copropriétés », soutient Jean-Michel Camizon, de l'association spécialisée Plurience.

« La ministre va recevoir tous les acteurs du logement pour avoir leur retour, recevoir leurs alertes et leurs lignes rouges », certifie l'entourage d'Amélie de Montchalin.

« Chacun doit sa prendre sa part du fardeau de l'inflation. Les ministres ont demandé à ce que chacune de ces propositions soient instruites », affirme-t-on chez Bruno Le Maire.

Toujours est-il qu'en définitive, c'est la locataire de Matignon, Elisabeth Borne, qui arbitrera au lendemain des élections des 12 et 19 juin prochains. Dans l'intervalle, toutes les parties prenantes auront été consultées par le gouvernement.

César Armand

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Commentaire 1
à écrit le 01/06/2022 à 20:39
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Chacun doit sa prendre sa part du fardeau de l'inflation. Les ministres ont demandé à ce que chacune de ces propositions soient instruites », affirme-t-on chez Bruno Le Maire. Ce sont des truants, ce qu'il dit est : chacun doit payer l'impot dégui...

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