Paris 2024 : les professionnels du béton candidats à la construction du Village olympique

Les représentants des filières du béton et du ciment veulent leur part du gâteau dans la construction des infrastructures de demain. Ce 28 mars, ils ont présenté leur feuille de route pour réussir à produire à court et moyen termes des matériaux durables et recyclables.
César Armand
Dans les faits, ces acteurs économiques veulent démontrer que leur matériau incarne l'avenir et répond aux enjeux économiques, énergétiques, sociétaux et environnementaux.
Dans les faits, ces acteurs économiques veulent démontrer que leur matériau incarne "l'avenir" et répond aux "enjeux économiques, énergétiques, sociétaux et environnementaux". (Crédits : SFIC)

Un Village olympique "100 % en bois" avec "100 % des bâtiments contribuant à l'économie circulaire". C'est le vœu pieux formulé par le directeur général de la Société de livraison des équipements olympiques (Solideo) à l'occasion du lancement de la consultation pour la vente des charges foncières le 12 mars dernier. "Nous devons tous viser la neutralité carbone", avait notamment déclaré Nicolas Ferrand.

Ce 28 mars, le président de l'association Filière béton, le secrétaire général du Syndicat national du béton prêt à l'emploi (SNBPE), le président de l'Union nationale des industries de carrières et des matériaux de construction (UNICEM), ainsi qu'une représentante du Syndicat français de l'industrie cimentière (SFIC) ont annoncé qu'ils allaient bientôt rencontrer la Solideo pour "présenter [leurs] solutions innovantes". La Filière béton, le SNBPE, l'UNICEM et le SFIC revendiquent 4.400 sites de production en France, ainsi que la création de 67.000 emplois directs et de 200.000 emplois indirects.

Le discours "dangereux" des anti-béton

Le discours de Jean-Louis Missika, adjoint à la maire de Paris chargé de l'urbanisme, des projets du Grand Paris, du développement économique et de l'attractivité, qui compare le béton au "diesel dans l'automobile", leur reste donc en travers de la gorge. "Ces effets de mode sont dangereux, ils peuvent détruire une filière", s'agace le président de l'UNICEM Nicolas Vuillier. "Ne diabolisons pas certains matériaux", renchérit Patricia Festivi, PDG de Pierre et Territoires Eure-et-Loire et promotrice immobilière venue témoigner de la recyclabilité du béton.

Le président de la Filière béton, Philippe Gruat, promet ainsi que la filière a des "offres à faire qui correspondent à tous les engagements demandés par un maître d'ouvrage". Benoist Thomas, secrétaire général du SNBPE, assure, lui, que le béton de demain "respectera les objectifs carbone et énergétiques" et "atteindra les seuils proposés" s'il est retenu pour la construction du Village olympique. Quoiqu'il arrive, il sera utilisé a minima comme dalle ou comme support pour les futures ossatures bois.

Un matériau "d'avenir" ?

En réalité, les professionnels veulent démontrer que leur matériau incarne "l'avenir" et répond aux "enjeux économiques, énergétiques, sociétaux et environnementaux". "Il est recyclable, de plus en plus recyclé et va vers une empreinte carbone de plus en plus faible", insistent-ils de concert, sans pour autant pouvoir donner un pourcentage réel de tri. Ces fédérations de professionnels se sont doté d'un agenda pour systématiser l'usage de la maquette numérique (BIM) sur les chantiers dès cette année, mettre au point un béton recyclable quasiment à 100% en 2020, introduire des ciments bas carbone en 2021 et faciliter l'évolutivité des bâtiments à horizon 2030. Ces représentants travaillent également à la création d'un technocentre pour introduire du biosourcé ("lin", "chanvre") dans le béton, mais préviennent-ils, "on ne va pas transformer l'agriculture et les forêts du jour au lendemain".

En attendant, les acteurs se sont déjà associé en 2018 avec le ministère de la Transition écologique et solidaire pour monter un projet de recherche et développement visant à capter le dioxyde de carbone émis par le béton. Lorsque ce matériau, principalement composé de ciment, revient sous forme de granulats en usine, il peut en effet être chargé en CO2 via la captation du panache de fumée et resservir ensuite comme piège à carbone. "Ça marche en laboratoire, souligne Sylvie Combe, représentante du SFIC. "Nous allons capter du CO2 sous pression et voir comment les caractéristiques du granulat vont se comporter dans le béton." Objectif pour 2022 : fixer 2 des 17 millions de tonnes de dioxyde de carbone émises chaque année en France. Cette opération a toutefois un coût : entre 1,5 et 2 millions d'euros par cimenterie.

César Armand

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Commentaires 4
à écrit le 28/03/2019 à 22:58
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Ah? On n'utiliserait plus le sable pompé le long de la côte atlantique en détruisant nos fonds marins? / "Cette opération a toutefois un coût : entre 1,5 et 2 millions d'euros par cimenterie.", peut être, mais contrairement aux solutions "traditionne...

à écrit le 28/03/2019 à 18:14
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le mieux serait de ne pas faire les JO : moins de pollutions (transports) , et économies pour le contribuables ; on pourrait affecter une partie de ce " pognon de dingue" à des crêches ,ephad ou hôpitaux

à écrit le 28/03/2019 à 14:35
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Un Village olympique "100 % en bois" , avec du bois venu d'où ? On rase les forêts françaises en entier ? N Sarkozy voulait qu'on augmente la quantité de maisons bois en France, que l'ONF vende plus de bois pour rapporter plus, donc planter des essen...

à écrit le 28/03/2019 à 13:41
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""100 % en bois" avec "100 % des bâtiments contribuant à l'économie circulaire"." Dommage que nos dirigeants européens soient trop compromis avec les marchés financiers sinon voilà ce qui pourrait faire remporter moult contrats à nos entreprises e...

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