Qarnot Computing et Solaire Box attirent 7,4 millions d'investissements pour le bâtiment bas-carbone

Malgré la crise sanitaire, la jeune pousse Qarnot Computing, qui récupère la chaleur des services informatiques pour chauffer les bâtiments, a levé 6 millions d'euros, de même que Solaire Box, fabricant de maisons écologiques qui en a levé 1,4 million.
César Armand
Solaire Box
Solaire Box (Crédits : DR)

Crise sanitaire ou pas, la transition écologique du bâtiment est une nécessité. Et pour cause. Le secteur est le premier émetteur de dioxyde de carbone et de gaz à effet de serre, ne serait-ce qu'en termes d'énergie consommée, de la construction à la démolition. Malgré la récession annoncée, des jeunes pousses spécialisées dans l'immobilier durable arrivent à lever des fonds.

Une "solution d'économie circulaire numérique"

C'est le cas de Qarnot Computing qui a annoncé, le 31 mars, une levée de fonds de 6 millions d'euros. Connue pour chauffer des bâtiments avec la chaleur perdue des serveurs informatiques, elle fournit du calcul informatique haute-performance pour des entreprises, labos de recherches, studios d'animation 3D... de même qu'elle vend des équipements qui embarquent des micro-processeurs, type radiateurs-ordinateurs ou chaudières numériques qui produisent de l'eau chaude, et qui chauffent grâce aux infrastructures numériques.

"Nous distribuons la capacité de calcul informatique directement là où la chaleur est nécessaire, dans les bâtiments. Selon l'intensité de chaleur souhaitée par le client de chauffage, nous lui envoyons plus ou moins de calculs informatiques -qui transitent par l'intermédiaire de la fibre-, ce qui fait monter plus ou moins haut en fréquence les processeurs et dégage donc plus ou moins de chaleur", résume le président de la startup, Paul Benoit, auprès de La Tribune.

En concurrence avec l'hébergeur français OVH ou le géant américain Google sur le volet informatique, Qarnot Computing se dit en compétition avec les sociétés qui équipent les bâtiments avec des énergies renouvelables. Le patron de la jeune pousse se targue, lui, d'apporter "une solution d'économie circulaire numérique où le déchet des uns, la chaleur dans l'informatique, est la ressource des autres".

Une période "compliquée"

Depuis trois semaines, la jeune pousse observe "tout de même un ralentissement" de son activité, et des premiers retards de paiement. "Nos cycles de vente étant longs, nous ne serons pas touchés de plein fouet à court terme, mais nous risquons de subir cet infléchissement sur plusieurs mois", précise Paul Benoît. Tout en demeurant confiant pour la suite : "Nous repartirons de plus belle après le dégel, nous avons beaucoup de projets signés, d'autres proches d'être engagés. La période va être compliquée mais nous voulons garder espoir. La levée de fonds va nous aider à accélérer notre croissance."

Avec cette rentrée d'argent frais, il entend justement renforcer les synergies commerciales avec ses nouveaux investisseurs (la Banque des territoires-Caisse des dépôts et le groupe Casino pour ne citer qu'eux), recruter dans les domaines informatique et commercial, ou encore donner une dimension européenne à son quotidien "tant sur le volet calcul que sur le volet bâtiment". 

Minimiser les émissions carbone de l'habitat

La jeune pousse Solaire Box, qui propose des maisons en bois - fabriquées en France - équipées d'une toiture solaire, vient, elle, de lever 1,4 million d'euros. "Notre objectif est de construire un habitat qui permette à chacun d'adopter un mode de vie confortable et compatible avec l'urgence climatique", assure à La Tribune son président et co-fondateur Thomas Coquil.

La startuppeur dit minimiser les émissions carbone de l'habitat tout au long de son cycle de vie, tant en choisissant des matériaux produits en France qu'en maximisant la production d'énergie solaire grâce au toit. Ainsi, le bois utilisé est du pin de Morvan, récolté à 100 km de son usine, issu de forêts éco-gérées.

De plus, la jeune pousse promet l'autonomie énergétique. "La production représente jusqu'à 2 fois la consommation annuelle de la maison", déclare Thomas Coquil. "L'installation de batterie est possible, mais nous n'essayons pas de la pousser car le but n'est pas l'auto-suffisance, mais bien de maximiser la production et l'énergie consommée localement." A cet égard, le patron souhaite intégrer davantage de domotique dans ses maisons pour optimiser la consommation et la production d'énergie.

Eviter le goulot d'étranglement

Comme dans l'ensemble du BTP, le confinement a toutefois contraint la jeune pousse à arrêter ses chantiers. Si elle a bien reçu les consignes à appliquer, ces dernières lui paraissent pour le moment difficile à mettre en place, "notamment l'utilisation de masques en pénurie et la présence de points d'eau permanents". Leur usine partenaire a, elle, repris une activité partielle, ajoute Thomas Coquil.

"Le gros enjeu pour nous à la fin du confinement va être de relancer nos chantiers au plus vite, et de réussir à éviter le "goulot d'étranglement" chez nos fournisseurs et au niveau des transporteurs" conclut le startuppeur. "Pour l'aspect commercial, le confinement ralentit un peu nos démarches de signature, mais la reprise sera plus simple et plus rapide a priori, et nous continuons à faire avancer les dossiers dans la mesure du possible."

Avec cet apport de cash supplémentaire, Solaire Box veut renforcer ses effectifs mais surtout investir dans l'innovation, et notamment avancer sur la construction modulaire.

César Armand

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