Saint-Gobain casse (encore) sa tirelire et met un pied en Australie

Le fabricant et distributeur de matériaux de construction et de verre vient d'annoncer une offre publique d'achat sur son homologue australien CSR. Saint-Gobain compte en effet surfer sur la dynamique démographique du pays et jouir d'un acteur au patrimoine immobilier supérieur à 1 milliard d'euros.
César Armand
« C'est une acquisition stratégique très importante en alignement parfait avec notre vision d'être le leader mondial de la construction durable », a déclaré Benoit Bazin, le directeur général de Saint-Gobain, lors d'une visioconférence de presse.
« C'est une acquisition stratégique très importante en alignement parfait avec notre vision d'être le leader mondial de la construction durable », a déclaré Benoit Bazin, le directeur général de Saint-Gobain, lors d'une visioconférence de presse. (Crédits : CHARLES PLATIAU)

Et de cinq ! Dans le cadre de son plan « Transform & Grow » lancé début 2019, suivi d'un deuxième baptisé « Impact and Grow » en 2021, Saint-Gobain vient de signer un cinquième gros chèque pour renforcer sa présence à l'international. A soixante-douze heures de la présentation de ses résultats annuels, le fabricant et distributeur de matériaux de construction et de verre vient d'annoncer, ce 26 février, non pas une énième emplette en Amérique du Nord, mais en... Australie, un Etat où il réalise déjà 100 millions de chiffre d'affaires dans la chimie de la construction. L'offre publique d'achat à 2,7 milliards d'euros doit encore être soumise aux décisions du gouvernement de Canberra en matière d'investissements étrangers mais, en cas de feu vert, le closing devrait intervenir au second semestre 2024.

« C'est une acquisition stratégique très importante en alignement parfait avec notre vision d'être le leader mondial de la construction durable », a déclaré Benoit Bazin, le directeur général de Saint-Gobain, lors d'une visioconférence de presse.

Surfer sur la dynamique démographique australienne

Déjà sous licence de la multinationale française depuis 1989 pour la technologie d'isolation en laine de verre, l'heureuse élue s'appelle CSR et est présentée comme la championne locale des plaques de plâtre, de l'isolation - qui représentent trois-quarts de sa rentabilité - et des solutions de façade, implantée à 95% en Australie et à 5% en Nouvelle-Zélande.

Avec 30 sites de production et près de 2.500 employés, elle a réalisé 1,63 milliard d'euros de chiffre d'affaires en 2023 ainsi que de « très belles performances » financières « régulières »:  une croissance de 6,6% entre 2013 et 2024 et de 8,4% entre 2021 et 2024, et des taux d'EBIDTA (bénéfice avant soustraction des intérêts, impôts, taxes, dotations) de12,2% et de 17,7% sur ces mêmes périodes.

Surtout, Saint-Gobain compte surfer sur la dynamique démographique australienne. Chaque année, ce pays de 27 millions d'âmes accueille en effet 400.000 nouveaux habitants dont 200.000 immigrés. Il prévoit ainsi 1,2 million de logements sur les cinq prochaines années avec un programme de 9 milliards d'euros (15 milliards de dollars australiens). D'ailleurs, ses concurrents suisses Sika et Holcim sont déjà présents dans le pays.

Un acteur au patrimoine immobilier supérieur à un milliard d'euros

Outre les matériaux de construction, qui représentent 80% de son chiffre d'affaires, CSR dispose aussi 15 terrains vacants d'une valeur de 1,9 milliard d'euros nets. Cela tombe bien: la construction neuve représente 92% de son chiffre d'affaires, contre 8% pour la rénovation.

Le directeur général Benoit Bazin parie déjà sur 60 millions d'euros de synergies à horizon trois ans: 6 millions de revenus supplémentaires pour son géant coté au CAC 40 et 30 millions de synergies de coûts. Et ce via trois leviers: l'arrêt de la cotation de CSR, l'optimisation des achats et les performances industrielles.

Un terrain de jeu où sont déjà présents ses concurrents

Le choix de l'industriel français peut néanmoins surprendre deux ans et demi après la crise diplomatique entre la France et l'Australie sur fond de sous-marins. « Les relations sont très bonnes entre les deux pays et exceptionnelles entre CSR et Saint-Gobain. Il y a une intimité culturelle et un enthousiasme ainsi qu'une qualité des équipes qui font que nous avons tout pour réussir », élude le patron de la multinationale, interrogé par La Tribune.

Reste que les investisseurs semblent sceptiques sur les conséquences de ce rachat à venir. L'action du groupe a affiché une légère baisse de 0,28% ce lundi dans un marché parisien baissier.

César Armand

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Commentaire 1
à écrit le 27/02/2024 à 8:38
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Il se passe quoi en Australie en ce moment ? Et ne serait il pas temps de s’intéresser à la pluie artificielle qui a contaminé tous les pays du monde dont l'Australie fait partie ? Qu'est-ce qu'ils envoient dans le ciel comme produits chimiques ? Com...

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