
Tout va bien pour Saint-Gobain, à la différence d'autres groupes cotés au CAC 40. Le fabricant et distributeur français de matériaux de construction et de verres vient de réaliser une « performance solide » au troisième trimestre 2023, dixit son directeur général Benoit Bazin. Ce dernier s'attend ainsi à un « nouveau record » de marge d'exploitation à la fin de l'année, après avoir atteint 10,2% en 2021 et 10,4% en 2022.
Mais le résultat du chiffre d'affaires de ce troisième trimestre, tombé ce jeudi soir, nuance quelque peu cet optimisme : en baisse de 10,5% au troisième trimestre 2023 à 11,5 milliards d'euros, en raison notamment de la « poursuite du ralentissement de la construction neuve », marquée en Europe du Nord.
Qu'à cela ne tienne, Benoit Bazin poursuit sur les raisons de cette tendance globale positive : elle serait liée aux « orientations stratégiques » prises, à l'image de sa politique d'investissements en Amérique du Nord, sur le modèle de ses concurrents suisses Sika et Holcim. L'ex Lafarge s'est, en effet, offert en 2021 Firestone Building Products et Malarkey Roofing Product ainsi que Duro-Last en février dernier.
En moins de cinq ans, Saint-Gobain a, de son côté, acheté pas moins de quatre acteurs majeurs présents aux Etats-Unis et au Canada: Continental Building Products (CBP) pour 1,4 milliard de dollars (1,3 milliard d'euros) en novembre 2019, GCP Applied Technologies pour 2,3 milliards de dollars en décembre 2021, Kaycan pour 928 millions de dollars (860 millions d'euros) en mai 2022 et Building Products of Canada pour 1,325 milliard de dollars canadiens (925 millions d'euros) en juin 2023.
La décentralisation de Saint-Gobain porte toujours ses fruits
Cette dernière a été intégrée à la multinationale le 1er septembre, assure Benoit Bazin. Tant est si bien que dans ce pays, Saint-Gobain a réalisé +4,3% au troisième trimestre 2023 et même +5% de janvier à septembre.
Autre axe structurant pour le géant du BTP: la chimie de la construction, qui performe à +3% de croissance interne sur neuf mois grâce à GCP Applied Technologies et Chryso acquis en mai 2021.
La décentralisation de Saint-Gobain, c'est-à-dire la responsabilisation de chaque pays, amorcée début 2019 porte, elle aussi, toujours ses fruits, enchaîne Benoit Bazin. Ses prix sont toujours « stables » et tiennent « très bien ». A base 100 avant Covid-19, ils sont de 125 aujourd'hui. Et ce alors que les volumes de production sont en baisse de 5% au dernier trimestre et même de 5,9% entre janvier et septembre. C'est « en ligne avec nos attentes, » commente, de manière surprenante, le directeur général du groupe coté qui se réjouit de n'être « pas passé à -15% » de production.
Benoit Bazin reste sur sa faim quant à l'enveloppe de Ma Prime Rénov'
Le patron de Saint-Gobain est par ailleurs un ardent défenseur de Ma Prime Rénov' qui permet aux ménages de financer leurs chantiers de rénovation de leur logement. Seulement, il plaide pour un « plan Marshall » et un rôle renforcé des banques dans le dispositif.
Interrogé sur l'enveloppe de 5 milliards d'euros prévue au budget 2024, Benoit Bazin se dit « très content » que cela s'oriente vers la rénovation globale. « C'est ce que nous avons toujours prôné depuis deux-trois ans », rappelle-t-il.
Il n'empêche: le directeur général reste sur sa faim. En ligne avec un rapport de l'Assemblée nationale dont les députés appellent à tripler l'effort financier, il « rêve qu'on passe de 5 à 10 milliards d'euros » chaque année pendant dix ans.
« Ce serait une aberration que les bâtiments G et F sortent du marché locatif en 2025 et 2028. Au lieu de faire 50 milliards d'euros de bouclier tarifaire, prenez 10 milliards et mettez-les sur Ma Prime Rénov. Engagez-vous sur un plan pluriannuel pour toute la filière », s'exclame Benoit Bazin.
Isoler avant de chaudière son système de chauffage
Ce dernier a aussi rappelé que « le bâtiment, c'est une inertie longue et une pluralité d'acteurs. Il faut de la permanence pour avancer ».
Opposé à l'interdiction des chaudières à gaz, le patron de Saint-Gobain insiste sur le fait que la priorité reste d'isoler les combles - 30% des déperditions d'énergie -, puis la façade avant de changer de système de chauffage.
« Il importe qu'un logement soit bien isolé pour qu'une pompe à chaleur puisse être efficace », a l'habitude de répéter Benoit Bazin, qui plaide pour une « clarification rhétorique ».
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