![L'offre de Bouygues était la mieux-disante au regard de l'ensemble des critères retenus par Engie, y compris sur le plan financier, souligne Engie dans un communiqué.](https://static.latribune.fr/full_width/1798868/bouygues-a-remis-une-offre-ferme-pour-le-rachat-d-equans-a-engie.jpg)
Le champion tricolore du BTP a été choisi par Engie, face à son concurrent Eiffage et au fonds d'investissement américain Bain, pour acheter sa filiale de services Equans. L'énergéticien a en effet annoncé, à l'issue d'une réunion de son conseil d'administration vendredi soir, entrer en négociations exclusives avec Bouygues qui débourse 7,1 milliards d'euros pour mettre la main sur Equans. Une somme qui dépasse les estimations qui circulaient dernièrement, soit entre 6 et 7 milliards d'euros. Le groupe de BTP Eiffage avait également déposé une offre engageante, tout comme le fonds américain Bain Capital, allié au financier français Marc Ladreit de Lacharrière, fondateur de la holding diversifiée Fimalac.
"L'offre de Bouygues était la mieux-disante au regard de l'ensemble des critères retenus par Engie, y compris sur le plan financier", souligne Engie dans un communiqué diffusé très tôt samedi quelques heures après la fin de la réunion de son conseil d'administration.
Dès fin août, Bouygues avait annoncé être intéressé par ce rachat. "Géographiquement, les marchés d'Equans, Europe et Etats-Unis, correspondent aux endroits où l'on souhaite se développer", avait alors argumenté Olivier Roussat, directeur général du groupe. Bouygues rachète ainsi la totalité du capital d'Equans, précise le communiqué, permettant également à Equans de rester 100% français. L'acquisition devrait être finalisée au second semestre de l'an prochain. Pour financer cette opération, le groupe de BTP et de télécoms a précisé qu'il n'aura pas recours à une augmentation de capital. Bouygues indique qu'il souhaite racheter Equans sur la base d'une valeur d'entreprise de 6,7 milliards d'euros, et qu'elle aura pour objectif d'atteindre, à moyen terme, une marge opérationnelle courante au-dessus de 5%. En incluant la dette, la transaction avec Engie s'élève à 7,1 milliards d'euros.
Ce rachat constitue un virage stratégique pour Bouygues déjà présent dans le BTP, la construction, les médias et les télécoms et qui pourra ainsi grandir dans la transition énergétique et les services. En effet, les services multi-techniques deviendront son premier métier avec un chiffre d'affaires combiné de 16 milliards d'euros devant sa filiale de travaux routiers Colas. Equans ayant généré un chiffre d'affaires de 12,5 milliards d'euros en 2019 pour un résultat opérationnel courant de 350 à 450 millions. Ce rapprochement donnera naissance à un nouveau numéro deux mondial, fort d'un effectif de 95.000 personnes, derrière un autre Français, Vinci.
De son côté, après avoir déjà cédé son bloc d'actions dans Suez à Veolia ainsi qu'une partie de ses titres dans GRTgaz, Engie compte mettre à profit cette nouvelle cession pour recentrer ses activités. Cette vente intervient en effet dans le cadre d'une vaste réorganisation d'Engie (détenu à 23,64% par l'Etat français) qui souhaite se concentrer sur ses activités d'infrastructures et les énergies renouvelables, en se séparant de son entité de services multi-techniques créée cet été (climatisation, chauffage et ventilation, services généraux...).
Un dossier sensible sur le plan social
Ce dossier, particulièrement sensible, est suivi de près par l'Etat français, premier actionnaire d'Engie. Et pour cause, parmi les 74.000 collaborateurs, 27.000 sont employés dans l'Hexagone et répartis dans plus de 400 agences. La crainte des doublons, provoqués par un rapprochement avec un autre industriel, et de la casse sociale que cela risquait engendrer était très présente.
Mais, le fournisseur de gaz et d'électricité avait fixé parmi ses critères de sélection la solidité du projet industriel, la qualité du projet social, la valorisation proposée et le risque d'exécution.
Pour convaincre Engie et ses syndicats, Bouygues s'est notamment engagé "à ne mettre en œuvre aucun plan de départs contraints en France et en Europe pendant une durée de cinq ans à compter de la réalisation de l'opération, et à la création nette de 10.000 emplois sur cinq ans", précise le communiqué.
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