Nouvelle critique à l'encontre de la stratégie de vaccination du gouvernement. Cette fois, elle est portée par les dirigeants des Régions de France via la voix de leur président, Renaud Muselier.
Qualifiant le démarrage de la campagne de vaccination de « chaotique », celui qui est aussi à la tête de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur se veut néanmoins optimiste. « Il n'est pas trop tard pour redresser la barre », a-t-il lancé dans un communiqué mercredi 6 janvier, accompagné d'une série de propositions pour « accélérer et réussir la campagne de vaccination ».
Parmi elles, la priorisation de la stratégie de vaccination aux « départements ayant dépassé la côte d'alerte maximale (taux d'incidence supérieur 250) et les personnes à risque afin de pouvoir vacciner de façon massive ces cibles prioritaires ». De façon générale, cette stratégie doit « basculer clairement d'une gestion centralisée de la crise et de la campagne de vaccination à une gestion décentralisée » d'après les présidents de Régions.
Miser sur le local
Dans cet optique, la première demande des dirigeants de territoires est d'installer une "instance de coordination à l'échelle régionale" qui réunirait chaque semaine les acteurs locaux engagés dans la gestion de la crise sanitaire (directeur général de l'ARS (agence régionale de santé), préfet, président de Région, présidents de départements et représentants des communes).
« Cette instance serait chargée notamment de sélectionner les lieux possibles de vaccination, de coordonner les questions de logistique de définir les stratégies d'identification des personnes cibles, de diffuser de l'information pratique. La stratégie nationale serait alors coordonnée à l'échelon régional et mise en œuvre sur le terrain avec l'appui opérationnel des régions, des départements et des communes », soulignent-ils.
Les présidents des Régions souhaitent également que la possibilité de vacciner soit élargie, notamment aux « médecins libéraux, pharmaciens, infirmières libérales, kinés, sages-femmes, etc », précisant qu'à leurs yeux « les pharmaciens paraissent l'échelon le plus pertinent qui constituent un réseau maillé finement à l'échelle territoriale avec un circuit logistique éprouvé ».
Toujours sur ce volet, les dirigeants proposent la mise en place d'un "conseil des territoires" constituant au niveau national une « vraie instance de co-construction et d'évaluation avec les collectivités locales » et d'associer des représentants des collectivités locales au Conseil de défense.
Ouvrir l'achat des vaccins
Les présidents des Régions demandent aussi à pouvoir acheter des vaccins de leur propre-chef, comme cela avait été fait pour les masques par exemple. Idem pour les employeurs de plus de 100 salariés, afin de compléter les dispositifs nationaux.
Renaud Muselier, a par ailleurs adressé ce jeudi 7 janvier un courrier aux présidents de quatre laboratoires pharmaceutiques - Sanofi France, Pfizer France, AstraZeneca France et Moderna - pour « connaître les conditions dans lesquelles les Régions qui le souhaitent pourraient leur commander 10 millions de doses de vaccins contre la Covid-19 ». Il leur demande ainsi de communiquer notamment le prix et le délai de livraison.
Comme l'a rappelé le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal à la sortie du Conseil des ministres ce 6 janvier, la « commande de vaccins » pour lutter contre le Covid-19 s'est faite « au niveau européen » depuis « plusieurs mois ». Il a également précisé que le « mécanisme de répartition » se fait « entre les États membres pour garantir qu'il n'y ait pas de concurrence qui aurait été préjudiciable à tout le monde et pour garantir une arrivée la plus rapide possible ».
Interrogé s'il serait possible de négocier sans l'État ou l'UE, le représentant du gouvernement a répondu qu'« [il] ne le crois pas ». La Direction générale de la Santé (DGS) a de son côté rappelé à LCI que la position française est de « passer toutes les commandes de vaccin par l'UE ».
Sur ce volet « d'indépendance vaccinale », les présidents des Régions incitent le gouvernement à « soutenir massivement les efforts de R&D des entreprises susceptibles de produire des vaccins, dans une logique de souveraineté sanitaire, et dans l'attente, procéder à l'achat de licences pour produire en France les vaccins déjà homologués ».
Accentuer la com'
Enfin, convaincus que « les traitements et les vaccins permettent d'éradiquer le virus », deux mesures visent à « faciliter l'adhésion de ceux qui doutent ». À savoir, d'une part, la co-construction et la diffusion massive d'une campagne de communication grand public sur les enjeux de la vaccination, et, d'autre part, « montrer l'exemple » en organisation et en médiatisant la vaccination des principaux responsables politiques à commencer par les présidents des Régions eux-mêmes. « Grâce à la vaccination, nous pourrons assurer la santé de nos concitoyens qui le souhaitent ainsi que la reprise d'une activité économique, sociale et culturelle proche de la normale », considère Renaud Muselier.
58% des Français ne veulent pas se faire vacciner selon un sondage Odoxa-Backbone consulting réalisé pour Franceinfo et le Figaro, publié dimanche 3 janvier. Un chiffre par ailleurs en progression de huit points par rapport au mois dernier.
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