Marée noire : verdict dans les prochaines 24 heures

Le gouvernement américain a présenté ce jeudi une première facture de 69 millions de dollars au groupe pétrolier britannique. Ce dernier saura dans les prochaines 24 heures si sa nouvelle tentative pour contenir la fuite est un succès.

Verdict dans les prochaines 24 heures pour BP. Le groupe pétrolier britannique a indiqué ce jeudi soir que ce délai était nécessaire pour juger du succès ou de l'échec de sa dernière tentative pour contenir la fuite provoquée par l'explosion de la plate-forme Deepwater Horizon, qui déverse chaque jour des millions de litres de pétrole dans le golfe du Mexique.

"Les prochaines 12 à 24 heures nous donneront une indication quant au succès de cette tentative", a expliqué le patron opérationnel du groupe, le directeur général Tony Hayward au cours d'une conférence de presse, depuis le centre d'opération de BP à Houston. "Comme nous l'avons toujours dit, rien de tout cela n'a jamais été fait, donc il y a toujours un risque".

L'annonce de son intervention en début de soirée avait fait resurgir les rumeurs de démission compte tenu du coût estimé de cette catastrophe pour BP (de un milliard de dollars à... 37 milliards selon les analystes de Crédit Suisse, plus que les profits annuels de la firme), dont la capitalisation boursière a plongé de plus d'un tiers depuis le début de cette affaire. Le gouvernement américain a d'ailleurs présenté ce jeudi une première facture de 69 millions de dollars.

Le commandant des garde-côtes américains, l'amiral Thad Allen, avait précédemment annoncé que la compagnie BP était parvenue à couper le conduit à l'origine de la fuite de pétrole à l'aide de pinces coupantes actionnées par des robots, une opération réalisée, rappelons par 1.500 mètres de profondeur qui relance l'espoir de parvenir à stopper la fuite de pétrole. "La prochaine étape" sera de mettre un dispositif "sur ce qui reste du conduit", pour contenir et pomper le flot de pétrole, a-t-il ajouté lors d'une conférence de presse. D'après lui, des puits de secours destinés à stopper la fuite de pétrole seront opérationnels à la mi-août.

Jusqu'à présent, près de quatre millions de litres de dispersants ont été utilisés pour lutter contre la marée noire. Or, l'emploi de ces dispersants est controversé en raison des risques possibles pour l'environnement.

Le groupe a en outre annoncé plus tôt dans la journée qu'il allait débourser 360 millions de dollars pour payer la construction de six sections d'îles artificielles destinées à protéger la Louisiane de la marée noire. La construction de ces îles a été décidée par le gouvernement américain. BP n'a pas l'intention de diriger personnellement la construction ou de passer directement des contrats dans ce cadre, pas plus qu'elle ne souhaite assumer les conséquences imprévues qui pourraient découler du projet.

Le groupe, qui affirme avoir déjà dépensé au moins un milliard de dollars à réparer les conséquences de la marée noire, précise dans le communiqué avoir consacré 170 millions de dollars à aider la Louisiane, l'Alabama, le Mississippi et la Floride à financer la lutte contre la marée noire et à sauvegarder leur industrie touristique. Elle indique aussi avoir payé environ 42 millions de dédommagement aux populations et aux entreprises affectées par cette pollution.

"Pas préparé" à un tel problème

En attendant, le pétrole continue de s'échapper de la plateforme. Tony Hayward a admis ce jeudi que le groupe n'était pas préparé à un tel problème survenant en haute mer et en eaux profondes. "Ce qui est incontestable est que nous n'avions pas les instruments qu'il aurait fallu dans notre trousse à outils", a-t-il reconnu dans une interview au Financial Times.

Tout en estimant que BP avait "très bien réussi" à empêcher la marée noire de trop souiller les côtes, il a reconnu "qu'on était parfaitement fondé à faire des critiques à la compagnie" sur son manque de préparation. Il a noté qu'après la catastrophe provoquée par le pétrolier Exxon Valdez en 1989, le secteur avait mis en place un organisme de réponse approprié aux pollutions de surface, la Marine Spill Response Corporation (MSRC). "Le problème va être de créer la même capacité de réaction [pour une marée noire] en profondeur", a-t-il dit.

"La situation pour l'environnement est la pire que j'ai jamais vue sans pouvoir évaluer quel en sera l'impact [...] qui se fera certainement ressentir pendant plusieurs années", a résumé Michel Boufadel, président de la chaire d'ingénierie environnementale à l'Université de Temple en Pennsylvanie, l'un des experts privés consultés par le gouvernement américain.

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