Comment GreenFlex prospère dans le giron de Total

Un an après son rachat par le pétrolier, l’entreprise qui aide ses clients à concilier développement durable et réalité économique, affiche toujours une santé insolente. Une part croissante de ses activités est désormais liée aux certificats d’économie d’énergie.
Dominique Pialot
GreenFlex mène un programme de massification de la rénovation énergétique

Après un an d'intégration par Total, le fondateur de GreenFlex, Frédéric Rodriguez, tient à répondre aux craintes suscitées alors par ce que d'aucuns voyaient comme une irruption du loup dans la bergerie. Il se présente comme un patron heureux, disposant de plus de temps pour réfléchir et travailler sur la prospective. « Nous avons conservé la même gouvernance qu'avec le fonds d'investissement (précédent actionnaire de GreenFlex, ndlr) », précise-t-il.

Autrement dit, une relative autonomie. Certes, le déménagement récent dans de nouveaux locaux destiné à regrouper les 250 salariés parisiens (sur les 420 que compte le groupe) a été validé par la maison-mère,. Mais les équipes n'ont pas rejoint la tour du pétrolier à la Défense, et sont au contraire restées dans le centre de la capitale, à quelques encablures seulement des précédents locaux. Une décision qui a probablement limité le risque de turnover, demeuré équivalent à celui des années précédentes. L'expansion de l'entreprise en régions et à l'étranger (Italie, Espagne, Pologne, et bientôt Allemagne et Angleterre) permet également de proposer des plans de carrière plus séduisants. Du côté des clients, en tant que filiale de Total, GreenFlex a pu se montrer plus actif en matière d'efficacité énergétique dans l'industrie, et signer des contrats plus longs, jusqu'à 10 ans. « Au-delà des données énergétiques stricto sensu, nous sommes à même de comprendre et améliorer les process de nos clients industriels », affirme Frédéric Rodriguez.

Nouveaux métiers développés grâce à Total

En un an, l'entreprise a été absorbée par le géant pétrolier, mais aussi intégré BHC Energie (60 salariés et quelque 40 millions de chiffre d'affaires), la filiale du groupe dédiée à l'efficacité énergétique, notamment à son activité de délégataire de certificats d'économie d'énergie (CEE). Ce qui constitue une nouvelle activité pour GreenFlex, et maximise le volume de CEE collecté par Total, l'un des plus importants - si ce n'est le plus important - obligé de France. Instauré en 2006, ce mécanisme impose aux "obligés", les vendeurs d'électricité, de gaz, GPL, chaleur et froid, fioul domestique et carburants automobiles, une obligation de réalisation d'économies d'énergie. Le principe consiste à les inciter à promouvoir l'efficacité énergétique auprès des autres consommateurs d'énergie : ménages, collectivités territoriales ou professionnels. Un volume global déterminé en début de période triennale est réparti entre les opérateurs sur la base de leurs ventes. À la fin de chaque période, les obligés doivent justifier de l'accomplissement de leurs obligations par la détention du montant équivalent de CEE. «Les CEE sont une bonne façon d'aider les entreprises à investir », observe Frédéric Rodriguez.

Nouveaux programmes de certificats d'économie d'énergie

Et GreenFlex n'a pas loupé le coche que représente depuis le 1er janvier dernier l'élargissement du dispositif à d'autres typologies d'opérations, dont la formation. «  Nous faisons partie d'un des 10 programmes CEE innovants pour promouvoir l'éducation aux économies d'énergies et la formation à l'efficacité énergétique dans le secteur industriel, témoigne Frédéric Rodriguez. Notre programme Pro Invest vise à créer une communauté pérenne de praticiens du financement de l'efficacité énergétique dans le secteur industriel, afin de lever les nombreuses barrières identifiées. »

Autre extension de ses activités antérieures, réalisée dans le cadre d'un programme CEE : celle du programme EnergieSprong. Depuis 3 ans, en lien avec les autorités publiques et les financeurs, GreenFlex s'est employé à adapter en France ce programme européen qui vise à massifier la rénovation énergétique lourde en logement social et qui, aux Pays-Bas où il a été initié, a permis en 5 ans de baisser les coûts des rénovations lourdes de 50% et de démocratiser massivement l'accès au plus grand nombre à des rénovations énergétiques ambitieuses. François de Rugy vient de retenir GreenFlex pour continuer à œuvrer à ce travail de massification de rénovation « zéro énergie garantie » à une toute autre échelle : en élargissant son implantation de 3 à 12 régions françaises, du logement individuel vers le logement collectif, du logement social vers le logement privé et en travaillant à son adaptation aux bâtiments éducatifs : écoles, collèges, lycées et bâtiments universitaires.

Une activité de conseil au moins doublée en 2019

Avec tout cela, « Comme depuis 10 ans, la croissance s'est maintenue à 35% en moyenne, sur l'ensemble de notre portefeuille, avec des contrats pérennisés en France et en Europe », se réjouit Frédéric Rodriguez. En plus des 60 personnes de BHC Energie, 130 emplois ont été créés en un an. Le chiffre d'affaires atteint  500 millions d'euros en 2018, et il n'entend pas en rester là. « Nous prévoyons de multiplier par deux ou trois notre activité de conseil en stratégie, qui constitue souvent une porte d'entrée pour nos clients. »

Autre nouvelle activité développée par GreenFlex suite à l'intégration de BHC : l'agrégation de productions d'énergies renouvelables. « Les activités d'agrégation et de flexibilité (effacement électrique par exemple, ndlr) sont des activités de long terme, avec des temps de retour sur investissement plus longs, des modèles économiques qui ne sont pas encore totalement figés, et nécessitent des proofs of concept (POC) et de la R&D, observe Frédéric Rodriguez. Nous n'aurions pas pu les développer avec un fonds d'investissement. »

Depuis qu'il a créé GreenFlex il y a 10 ans, Frédéric Rodriguez jouit d'un poste d'observation privilégié sur les progrès de l'efficacité énergétique en France. Il se réjouit que la prise de conscience se soit enfin produite, même si l'accélération de la mise en œuvre se fait attendre. « En régions, les acteurs issus de divers secteurs se rendent compte qu'ils doivent se rassembler », observe-t-il cependant.

Quant à GreenFlex, qui a « renforcé ses équipes d'ingénieurs énergéticiens sur le terrain pour favoriser le passage à l'action chez nos clients » et s'est fixé pour objectif que «toutes nos offres soient reliées à un impact neutre, avec une échéance temporelle claire», Frédéric Rodriguez est confiant. « Stockage, autoconsommation, boucles locales d'énergie, mais aussi mobilité et bâtiment... aujourd'hui tout converge. Et GreenFlex est bien armé pour opérer dans ce contexte. »

Dominique Pialot

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Commentaire 1
à écrit le 28/05/2019 à 16:23
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Rhoooo mais que ne faut il pas lire.... Greenflex réalise 90% de son chiffre d'affaire sur le leasing auprés de CASINO. Absolument aucun lien avec le DD!!!!!!

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