Crise énergétique : un terminal GNL flottant sera construit dans le port du Havre

Le gouvernement a confirmé qu’un terminal flottant d’importation de GNL serait amarré dans le port du Havre d’ici à un an et demi.
Un méthanier déverse le gaz liquéfié vers un terminal flottant qui le ramène à l'état gazeux.
Un méthanier déverse le gaz liquéfié vers un terminal flottant qui le ramène à l'état gazeux. (Crédits : Qatargas)

Les prix du gaz naturel liquéfié (GNL) au sommet n'y font rien. Depuis que les pipelines délivrent le gaz russe avec parcimonie, les pays européens se ruent sur les unités flottantes de regazéïfication de gaz naturel liquéfié, quitte à mettre la transition énergétique entre parenthèses. Tout le monde se dispute ces gros navires citernes connus sous leur acronyme de FSRU (Floating Storage and Regasification Units) sur lesquels viennent s'amarrer les méthaniers dans les ports. Et pour cause. Véritables usines sur l'eau, ils sont capables de chauffer le gaz liquide - importé à moins 160°- à très haute température pour le ramener à l'état gazeux afin qu'il puisse être injecté dans les réseaux.

Plus rapides et moins coûteux à déployer que leurs équivalents sur le plancher des vaches, ces terminaux flottants d'importation présentent un défaut : ils sont rares. Une grosse trentaine dans le monde à tout casser. Aussi sont-ils de plus en plus convoités à mesure que l'UE cherche à diversifier ses pays fournisseurs pour s'affranchir complètement du gaz de Vladimir Poutine. L'Allemagne mal équipée pour recevoir du GNL a émis le vœu d'en acheter ou d'en louer quatre, l'Italie veut en acquérir deux.

Le gouvernement accélère

L'Hexagone, bien que moins exposé que ses voisins, se jette à son tour dans la mêlée pour compléter les quatre terminaux d'importation terrestres de Dunkerque, Fos-sur-mer (2) et Montoir-de-Bretagne dont les capacités risquent d'être rapidement saturées. Quelques jours seulement après que le projet a fuité dans la presse, Elisabeth Borne a confirmé jeudi dernier qu'un FSRU -le premier sur le littoral français-  rejoindrait bientôt le port du Havre. Signe d'une certaine fébrilité au plus haut niveau de l'Etat.

Selon Agnès Pannier Runacher, ministre de la transition énergétique, l'installation sera opérationnelle à compter de l'hiver 2023 et capable de fournir « près de 10% de la consommation annuelle de gaz de la France ». A la manœuvre : TotalEnergies qui fournira une unité flottante rapatriée de Chine, GRTgaz qui la reliera à son réseau de transport et Haropa. L'établissement, qui gère les ports de la Seine, s'assurera de l'arrivée du terminal à bon port  et aménagera le quai d'amarrage.

L'avertissement d'un député

Les choses n'ont pas traîné. L'emplacement est déjà choisi après que plusieurs sites ont été investigués. La future unité sera amarrée sur le quai Bougainville, à quelques encablures de l'endroit où se construisent les fondations du futur parc éolien marin de Fécamp. « C'est le site qui présente le meilleur compromis parce qu'il est accessible sur le plan nautique, qu'il est très éloigné de résidents permanents et entourés d'espaces qui ne présentent pas de risques environnementaux », détaille le  directeur général délégué du port du Havre. Florent Weyer met également en avant le caractère « compact, réversible et temporaire » de l'installation mais aussi l'absence de danger majeur. « La manipulation de gaz liquéfié ne crée pas de risque d'explosion », assure t-il.

Quant aux travaux d'aménagement, ils pourraient débuter dès cet automne après que TotalEnergies et GRTgaz auront obtenu les autorisations administratives nécessaires auprès des services de l'Etat. Mais attention à ne pas bâcler la procédure au nom de l'urgence, prévient par avance le député communiste de Seine-Maritime, Jean-Paul Lecocq, dont la voix porte sur la place havraise. « S'il faut mettre ce terminal quelque part, autant qu'il soit au Havre mais si Total se contente du service minimum en matière d'étude de danger et n'informe pas en toute transparence, les populations ne l'accepteront pas et je m'opposerai  au projet. J'ai prévenu la ministre et le préfet », tance-t-il. Le parlementaire souhaite également obtenir des garanties que pas un mètre cube de gaz de schiste ne transitera par le FSRU havrais. A bon entendeur.

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