L'Europe reprendra les importations de gaz russe, assure le ministre de l'Energie du Qatar

Les pays européens finiront par reprendre leurs importations de gaz russe, a prédit samedi le ministre de l'Energie du Qatar, pays parmi les plus grands exportateurs de cet hydrocarbure, estimant que l'actuelle volatilité du marché devrait perdurer. Cette déclaration intervient alors que les importations de gaz russe en Europe ont dégringolé de 55% en 2022. Elles ont été compensées par des importations de gaz naturel liquéfié provenant notamment des Etats-Unis et du Qatar. Vendredi, TotalEnergies a d'ailleurs mis en service son terminal d'import de gaz naturel liquéfié (GNL) dans le nord-est de l'Allemagne.
Les exportations de Gazprom vers l'UE et la Suisse ont chuté de 55% en 2022
Les exportations de Gazprom vers l'UE et la Suisse ont chuté de 55% en 2022 (Crédits : DADO RUVIC)

L'Europe reprendra-t-elle un jour les importations de gaz russes ? Difficile aujourd'hui de se prononcer alors que les combats font rage en Ukraine et que les pays européens mettent les bouchées doubles pour se passer du gaz russe. Mais pour Saad Sherida al-Kaabi, ministre de l'Energie du Qatar et patron de QatarEnergy, la compagnie nationale du riche émirat gazier du Golfe, les pays européens finiront par reprendre leurs importations de gaz russe,

« Le gaz russe va revenir, à mon avis, en Europe » même si elle a désormais « une diversité bien plus grande » des sources d'approvisionnement. Les Européens disent aujourd'hui qu'il n'en est pas question, mais les choses se réparent avec le temps », a-t-il déclaré lors d'un forum sur l'énergie organisé à Abou Dhabi.

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Chute de 55% des importations de gaz russe en Europe en 2022...

Alors que l'Union européenne était jusqu'ici le premier marché du gaz russe, les exportations de Gazprom (hors pays de l'ex-bloc soviétique) ont dégringolé en 2022 de 55%, en raison de la forte baisse des livraisons vers l'Europe dans la foulée des sanctions occidentales contre l'offensive en Ukraine. Après les sanctions économiques prises par l'Occident contre la Russie, en réaction à son intervention militaire en Ukraine, Moscou a fortement réduit ses exportations d'hydrocarbures vers l'UE. Début décembre, l'Union européenne, les pays du G7 et l'Australie se sont également mis d'accord sur un plafonnement du prix du pétrole russe à l'export à 60 dollars par baril, dans l'espoir de priver Moscou de revenus importants.

... et les importations de GNL ont bondi de 60%

De leur côté, les pays européens ont multiplié les importations de gaz naturel liquéfié (GNL). En 2022, elles ont en effet bondi de 60% rapport à 2021, selon le groupe de réflexion IEEFA (Institute for Energy Economics and Financial Analysis).

La plupart du GNL importé l'année dernière provenait des Etats-Unis (+143% par rapport à 2021), du Qatar (+23%) mais aussi de Russie (+12%), d'après le

La France est le principal importateur de GNL russe en Europe, selon ce rapport. Ensemble, la France, la Belgique, les Pays-Bas et l'Espagne affichent une hausse de leurs importations de 55% par rapport à 2021. D'autres pays comme la Croatie, la Lituanie, le Portugal, la Suède et la Grande-Bretagne ont eux fortement réduit leurs importations de GNL russe en 2022. L'importation de gaz destiné à la production d'électricité a considérablement augmenté en Europe l'an dernier, pour compenser « un manque de pluie qui a réduit la production hydroélectrique dans les pays de l'UE » ou encore « les pannes dans les centrales nucléaires en France », souligne le rapport. Si la France est le premier importateur européen de GNL russe et américain, la Grande-Bretagne est le client numéro un du Qatar.

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Au total, l'Union européenne a importé 155 milliards de m3 de GNL en 2022. D'après les estimations de l'Agence internationale de l'énergie (AIE), la consommation totale de gaz de l'UE pourrait atteindre 360 milliards de m3 en 2022, sensiblement moins qu'en 2021 - 412 milliards de m3.

En décembre, l'AIE a prévenu qu'en cas d'arrêt total des livraisons de gaz russe et sans effort pour réduire ses besoins, l'UE pourrait manquer de gaz à l'hiver 2023/2024. Des craintes existent aussi concernant la concurrence pour les cargaisons de GNL entre l'Europe et l'Asie: la demande de Pékin pourrait repartir du fait d'un rebond de l'économie chinoise. En outre, si les températures sont plus rudes l'hiver prochain en Europe, les besoins pourraient être plus importants et le gaz venir à manquer.

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Explosion d'un gazoduc en Lituanie

Une explosion a endommagé vendredi le gazoduc Amber Grid, qui relie les pays baltes à la Pologne, dans le nord de Lituanie, sans faire de victimes. L'explosion de l'un des deux tuyaux du gazoduc, dont la section endommagée a été construite en 1978, s'est produite loin des immeubles résidentiels, à environ cinq kilomètres de Pasvalys, près du village de Valakeliai, selon l'opérateur.  Le gazoduc où l'incendie s'est déclaré servait à fournir du gaz dans le nord de la Lituanie et à en transporter vers la Lettonie voisine. Depuis juin 2022, la Lituanie s'est interdit d'importer du gaz russe, dans le contexte de l'invasion de l'Ukraine par Moscou.  Après avoir retrouvé son indépendance vis-à-vis de l'Union soviétique en 1990, la Lituanie a été fortement dépendante du gaz russe, jusqu'à la mise en service en 2014 d'un terminal GNL à Klaïpeda sur la mer Baltique, puis en 2022 celle d'un nouveau gazoduc qui relie les trois États baltes au réseau gazier européen, via la Pologne. Une enquête est en cours pour déterminer les causes de l'accident. Dans l'immédiat, aucune action malveillante n'avait été repérée.

TotalEnergies démarre son terminal de GNL en Allemagne

TotalEnergies a annoncé vendredi la mise en service de son terminal d'import de gaz naturel liquéfié (GNL) dans le nord-est de l'Allemagne, la veille de son inauguration par le chancelier Olaf Scholz. L'industriel français a installé à Lubmin, port de la mer Baltique où aboutit également le gazoduc Nord Stream depuis la Russie, « une unité flottante de stockage et de regazéification », pour transformer le gaz livré par navire sous forme liquide. TotalEnergies va également approvisionner le terminal, exploité par Deutsche ReGas, et devient ainsi « l'un des principaux fournisseurs de GNL en Allemagne », selon un communiqué. Le projet de Lubmin est le deuxième terminal de gaz liquéfié à ouvrir en Allemagne, après l'inauguration en grande pompe de celui de Wilhemshaven mi-décembre, en présence d'Olaf Scholz et de ses ministres de l'Economie, Robert Habeck, et des Finances, Christian Lindner.

Quatre autres terminaux flottants suivront dans l'année, après des chantiers menés au pas de charge grâce aux milliards d'euros débloqués par Berlin. Le projet de TotalEnergies est le seul 100% privé pour l'instant et a une capacité de regazéification de 5 milliards de mètres cubes par an, soit « de quoi couvrir environ 5% de la demande » du pays, selon le groupe. Les premiers mètres cubes injectés dans le réseau avaient été livrés d'Egypte en décembre. Le terminal peut accueillir un méthanier par semaine. A la différence d'autres pays européens, l'Allemagne ne disposait d'aucun terminal sur son sol, préférant la ressource peu chère arrivant par les gazoducs russes, dont elle dépendait à 55% de ses importations. Tout a changé avec la guerre en Ukraine et la fin des livraisons par Gazprom. Les importations de gaz liquéfié vers l'Allemagne, via les ports belges, néerlandais et français, ont bondi depuis. Ces nouvelles installations en Allemagne, qui doivent éviter un coût du transport prohibitif, fourniront un tiers des besoins en gaz du pays, éloignant, pour le moment, les scénarios de pénuries massives encore évoqués il y a quelques mois.

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Commentaires 2
à écrit le 14/01/2023 à 15:48
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Non, les importations de gaz russes n'ont pas été compensées, sinon les prix de l'énergie n'auraient pas autant explosés et les entreprises dépendant du gaz ne serraient pas à l'arrêt ou sur le point de mettre la clef sous la porte

le 14/01/2023 à 20:02
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Vladimir a fait réduire les quantités délivrées par Nord Stream 1 pour faire infléchir la décision UE d'autoriser et utiliser Nord Stream2, en vain. En faisant monter les prix ça lui permettait aussi de gagner autant en en livrant moins. Les explosio...

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