
EDF est rattrapé par ses difficultés financières. L'énergéticien a décidé de suspendre ses recrutements le temps de « faire un état des lieux de ses besoins en personnel », pour mieux cibler ses priorités, à un moment où l'entreprise traverse « une situation difficile », a expliqué un porte-parole, confirmant des informations du journal Les Echos.
« Il y a donc un moratoire sur les embauches pour 2023 », même si « l'idée n'est pas de suspendre » les recrutements « toute l'année ». L'annonce a été faite récemment en interne dans un courriel de travail adressé par le directeur des ressources humaines à ses équipes.
Un gel des embauches qui n'arrive pas au meilleur des moments
Le nombre d'embauches prévues n'a pas été rendu public par EDF, qui a par ailleurs annoncé l'arrivée lundi d'une nouvelle directrice déléguée des Ressources humaines, Caroline Chanavas, en prévision du remplacement du directeur actuel, Christophe Carval, sur le départ. Elle est un transfuge du fabricant militaire Naval Group, après une carrière qui l'a vue débuter en Chine, travailler dans des entreprises de l'informatique puis chez Thales.
Cette suspension des recrutements intervient à un moment crucial pour EDF. L'entreprise, en voie de nationalisation complète, est confrontée à de nombreux défis industriels et financiers, qui impliqueraient plutôt des embauches que l'inverse.
Les effectifs d'EDF déjà agités
« Geler les embauches au regard des enjeux industriels qui attendent EDF, ça n'a aucun sens », s'est étonné la secrétaire nationale CFE-Energie d'EDF, Amélie Henri. L'Etat met effectivement la pression sur EDF : le gouvernement lui a demandé d'étudier le scénario d'une augmentation de la puissance de ses réacteurs existants pour redresser sa production électrique après une année noire 2022 qui l'a vue tomber à son niveau le plus bas depuis 30 ans. L'Etat-actionnaire demande à l'électricien national de produire plus, en optimisant les capacités de son parc nucléaire existant composé de 56 réacteurs mis en service entre 1979 et 2002.
Par ailleurs, l'électricien devra en particulier vérifier 200 soudures dans l'ensemble de son parc, selon l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN), de quoi provoquer potentiellement des arrêts prolongés de réacteurs et soulever des incertitudes sur la production nucléaire en 2023.
Une perte record de 17,9 milliards d'euros en 2022
En matière de ressources humaines, EDF connaît également des turbulences liées à la réforme des retraites, contre laquelle de nombreux agents se sont mobilisés depuis janvier. La réforme, si elle est promulguée, modifie le contrat des nouveaux embauchés à partir de septembre, en supprimant le régime spécial de retraites des industries électriques et gazières. Avant que la participation ne marque le pas, un agent sur deux a fait grève lors des premières journées de mobilisation.
L'électricien a terminé l'année 2022 avec une perte record de 17,9 milliards d'euros, attribuant une partie de ses maux au mécanisme de l'Arenh (Accès régulé à l'électricité nucléaire historique). Ce mécanisme dont EDF demande l'abandon, contre l'avis du gouvernement, l'oblige à revendre son électricité à ses concurrents fournisseurs induisant « une sous-rémunération de l'entreprise », selon son PDG Luc Rémont.
(Avec AFP)
Retrouvez ici tous les articles de notre dossier LA REVANCHE DU NUCLÉAIRE
Sujets les + commentés