Total pourrait remettre en cause ses investissements en France après les grèves

"Les clients, eux, n'acceptent pas que je leur dise que j'ai une force majeure à cause d'une grève en France", a expliqué Patrick Pouyanné, PDG du groupe pétrolier, dans le cadre des Rencontres économiques d'Aix-en-Provence.
Début juin, dans un document interne, le groupe avait évalué ses pertes à plusieurs dizaines de millions de dollars par semaine.

Le groupe pétrolier Total pourrait remettre en question des investissements prévus en France, notamment dans le plastique, après les récentes grèves contre la loi travail qui ont paralysé ses raffineries françaises, a indiqué samedi son PDG Patrick Pouyanné. "C'était un mouvement social totalement externe à l'entreprise. Il n'y avait pas une demande interne", a regretté M. Pouyanné, qui s'exprimait aux Rencontres économiques d'Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône).

"J'ai un investissement à l'heure actuelle, un problème concret, qui consiste à pouvoir faire des plastiques de performance: on les fait soit en France soit en Belgique", a-t-il raconté. "On avait décidé, avant le mouvement, de les faire en France, et on remet tout sur la table. Parce que les clients, eux, n'acceptent pas que je leur dise que j'ai une force majeure à cause d'une grève en France", a noté le dirigeant, rappelant que son "job" est aussi "d'investir le capital là où il sera le plus efficace".

"J'avais un comité européen la semaine dernière et la discussion était assez intéressante entre ceux qui ont fait des efforts (à cause de la chute des prix du pétrole qui a fragilisé le groupe, ndlr), qui ont continué, et qui disent "mais pourquoi le management veut-il donc investir dans un pays où les gens prennent pendant un mois les outils en otage?"", a expliqué Patrick Pouyanné. "On fait des efforts, très importants, pour tirer vers le haut l'industrie française, pour investir dans le raffinage français (...). Et quand vous voyez que tout d'un coup, tous les efforts que vous avez faits pendant trois ans sont mis à bas et qu'il y a une sorte de pacte (...) qui est cassé, moi j'ai un devoir qui est de me poser des questions", a expliqué M. Pouyanné.

"Ca ne veut pas dire que je n'ai pas envie d'investir, ça veut dire qu'il faut qu'on trouve les conditions, avec nos collaborateurs (français), pour savoir comment on peut travailler, mais on ne peut pas accepter d'être pris en otage comme ça pendant un mois", a-t-il insisté. Patrick Pouyanné avait déjà menacé le 24 mai de "réviser sérieusement" les investissements du groupe dans son activité de raffinage en France, en pleine restructuration pour la rendre bénéficiaire.

Total a par ailleurs confirmé samedi avoir engagé en mai un contentieux contre l'Algérie et sa compagnie pétrolière d'Etat, la Sonatrach, sur le partage des profits tirés du pétrole et du gaz. Selon Le Monde, qui a révélé l'information, Total et le groupe espagnol Repsol contestent la façon dont, au milieu des années 2000, l'Algérie a rétroactivement modifié à son avantage le partage de ces profits. "Les textes en Algérie ont évolué, c'est business as usual. On a essayé comme toujours d'abord de trouver un accord à l'amiable, on a échoué, on a convenu qu'on allait demander l'arbitrage", a déclaré à Reuters le PDG de Total, Patrick Pouyanné, en marge des Rencontres économiques d'Aix-en-Provence.

(AFP et Reuters).

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Commentaires 23
à écrit le 06/07/2016 à 6:22
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total a toujours utilisé les revenus en france pour financer son developpement à l'etranger et donc au detriment des clients français. de plus cette entreprise est bien peu respectueuse de l'environnement ( marée noire du prestige et de l'erika). Alo...

à écrit le 04/07/2016 à 12:56
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Il a entierement raison: les employés de TOTAL sont malheureux donc font greve, il ne va pas generer plus de malheureux, c'est logique. Je serais lui, j'irai meme plutot en Algerie, Tunisie ou Maroc, on l'accueillera a bras ouverts tandis qu'en Fran...

à écrit le 04/07/2016 à 12:27
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S'ils avaient payé des impôts en France, cela aurait pu être inquiétant. Mais en l'état, cela nous fera le plus grand bien. Qu'ils dégagent. Et n'oubliez pas de leur apporter l'addition lorsqu'ils voudront quitter le territoire.

à écrit le 04/07/2016 à 12:07
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Mouais... Tout cela n'est pas très honnête intellectuellement parlant. Je ne soutient pas les grévistes. Ils m'énervent. Cela dit, penser qu'une grève a une incidence sur les plans à 10 ou 15 ans d'une société ne me semble pas valable. C'est de la bl...

à écrit le 03/07/2016 à 14:42
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On a gagné!! Tous ensembles ,tous ensembles .Quel bon prétexte ils ont donné à Total qui cherche à réduire le nombre de raffineries en Europe depuis des années.et ce n'est pas shell,exxon ou BP qui vont le remplacer.produits livres finis,domage pour ...

à écrit le 03/07/2016 à 11:27
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SUPPRIMONS TOUTES LES SUBVENTIONS aux syndicats genre CGT quand ils ne travaillent pas pour l'intéret general et ne défendent que les priviléges 1789 s'applique oui ou non

à écrit le 02/07/2016 à 18:45
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Comme TOTAL, soyons brutaux et grossiers : interdisons leur l'accés au marché français

le 02/07/2016 à 23:32
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figurez-vous que j'ai étudié cette possibilité, et bien nous ne serions pas perdant entre les ventes et les impôts, il vaut mieux se barrer !!!!!!

à écrit le 02/07/2016 à 18:17
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Et bien dans ce cas l'État français n'a qu'a lui faire payer l’intégralité des impôts et charges pour cette année, on ne sera pas perdant.

le 02/07/2016 à 20:10
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Le groupe Total comme l'ensemble des entreprises paient les impôts selon la loi. Ils paient également des impôts dans les pays où ils sont implantés. A la suite de commentaire aussi stupide je dis merci à ces entreprises qui maintiennent leur siège...

le 03/07/2016 à 19:42
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Une année ou TOTAL avait fait 10 milliards d'euros de chiffre d'affaires, vous retrouverez facilement, un journaliste a enquêté un an après et TOTAL n'avait payé que 50 millions d'euros d'impôts et de charges. Dites à n'importe quel indépendant o...

à écrit le 02/07/2016 à 18:08
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Les grèves politiques sont interdites par le code du travail. Le gouvernement n'applique pas la loi, les entreprises qui en sont victimes doivent s'organiser pour parer à sa faiblesse, voire à sa quasi complicité.

à écrit le 02/07/2016 à 17:06
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Cela s'appelle l'ingratitude. Pendant les grèves des années 1930, une usine d'Aix-en-Provence, les lampes Zénith, était dirigée par des patrons modernes, soucieux de leur personnel. Les ouvriers avaient une crèche et des congés payés... Mais par soli...

le 02/07/2016 à 18:32
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@Harpagon: les époques se suivent et ne se ressemblent pas. Au début du siècle dernier, les gens vivaient en effet dans des cités patronales et travaillaient dans des conditions pas toujours faciles. Aujourd'hui, il pleut, on veut une indemnité, il f...

à écrit le 02/07/2016 à 13:23
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Soyons réalistes, Total n'a plus aucune raison de rester en France. 99.97% de leur production et de leur activité de prospection sont ailleurs. Toutes leurs demandes de permis pour prospecter en France ont été refusées, tant sur des pétroles non...

le 02/07/2016 à 15:12
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"Dans 5 ans il n'y aura plus une seule entreprise française capable de réaliser un forage pétrolier " Vous avez quant à vous sabordé votre compréhension du sujet, travaillez-vous à Disney ..?!

le 02/07/2016 à 17:54
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De toutes les manières dans 5 ans, la majorité des voitures vendues seront électriques. Plus sûrement, il n'y a pas de pays sur pour un investisseur: mr pouyanne s'en est déjà rendu compte avec l'Algérie. L'avantage des français c'est qu'ils sont tr...

le 02/07/2016 à 21:50
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Je doute que 20% des véhicules vendus en France soient électriques dans 5 ans, par contre elles seront probablement plus "plastiques" donc de plus en plus fabriquées à partir de dérivés du pétrole. pour l'anecdote, une des filiales de Total chimie ...

le 02/07/2016 à 23:37
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on voit cela partout, et ce n'est pas fini : nombre de pme se barre !!!

à écrit le 02/07/2016 à 13:19
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......au meme moment, Valls declare que les investisseurs etrangers sont les bienvenus.,cherchez l'erreur

à écrit le 02/07/2016 à 13:18
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Cette radicalisation du patronat est assez perverse et forcément dégueulasse c'est s'amuser avec les gens Ies faire chanter vous voyez ce que je veux dire ?

le 02/07/2016 à 17:51
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en l'occurrence ce sont plutôt les gens (des syndicats) qui s'amusent avec le patronat en le prenant comme levier pour faire pression et bloquer un projet de loi que tout le monde refuse meme le patronat. Pas étonnant qu'il y ait de temps en temps de...

le 04/07/2016 à 12:08
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Vous paieriez pour un vélo qui ne fonctionne pas? Vous accepteriez de faire faire vos travaux par des personnes qui risquent de prendre des mois de retard parce qu'ils s'arrêtent de travailler inopinément (pour x raison, bonne ou mauvaise)? Je ne pe...

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