Nouvelle-Calédonie : l'Etat va soutenir les producteurs de nickel au bord de la faillite

En déplacement en Nouvelle-Calédonie, Bruno Le Maire s'est entretenu avec les acteurs de la filière du nickel. L'Etat accepte d'aider les trois usines métallurgiques en mauvaise santé économique, mais sous conditions. Le ministre espère parvenir à signer un accord final d'ici janvier.
La Nouvelle-Calédonie est l'un des cinq plus importants pays producteurs mondiaux de nickel, selon le Groupe d'étude international sur le nickel (INSG).
La Nouvelle-Calédonie est l'un des cinq plus importants pays producteurs mondiaux de nickel, selon le Groupe d'étude international sur le nickel (INSG). (Crédits : Reuters)

Un accord sur le nickel en Nouvelle-Calédonie est à « portée de main », s'est exclamé le ministre de l'Économie, Bruno Le Maire, ce lundi 27 novembre lors d'une conférence de presse. En particulier sur la question des exportations, mais à laquelle l'État conditionne l'aide aux trois usines métallurgiques de l'archipel, au bord de la faillite. La Nouvelle-Calédonie est l'un des cinq plus importants pays producteurs mondiaux de nickel, selon le Groupe d'étude international sur le nickel (INSG). 

A l'issue de la réunion d'un groupe de travail sur le nickel avec l'ensemble des acteurs de la filière, le ministre, en déplacement en Nouvelle-Calédonie du 25 au 27 novembre, s'est félicité que le cadre des discussions « a[it] été accepté par tous », ce qui « n'était pas gagné il y a deux jours ». Bruno Le Maire souhaite aller très vite pour parvenir à un accord préalable dans les tout premiers jours du mois de janvier, de façon à « pouvoir revenir à Nouméa signer cet accord final d'ici fin janvier ».

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Trois usines dans le rouge

En Nouvelle-Calédonie, la combinaison de mauvais rendements, d'une énergie coûteuse et d'une forte concurrence étrangère, ont fait plonger dans le rouge les trois usines métallurgiques traitant le nickel extrait sur l'archipel, poussant le gouvernement à se pencher sur leur sort. Cette réunion visait dès lors à ouvrir des discussions en vue de trouver un accord permettant d'éviter la faillite menaçant, à très court terme, les trois usines qui présentent, globalement, un besoin de financement de 1,5 milliard d'euros dans les semaines à venir.

« Il y a deux types d'activité en Nouvelle-Calédonie : l'extraction minière et le traitement métallurgique qui transforme ce nickel », résume le cabinet du ministre de l'Economie, Bruno Le Maire.

« L'essentiel des difficultés se concentre sur la partie de traitement local, donc sur les usines, puisque l'activité minière est rentable et que les activités métallurgiques sont très fortement déficitaires. Cela fait qu'au global, les trois entreprises qui ont des activités métallurgiques sur le territoire sont en déficit », ajoute-t-il.

De plus, la Nouvelle-Calédonie a adopté mi-octobre deux lois visant à instaurer une fiscalité sur l'activité minière malgré les inquiétudes qui pesaient sur la filière. Une redevance sur l'extraction minière permettra d'abonder les budgets des communes où est réalisée l'extraction, ainsi que le budget du gouvernement. Elle est complétée par une taxe d'exportation du minerai qui servira quant à elle à alimenter un fonds pour les « générations futures », devant être créé au plus tard en 2026.

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Un accord sous conditions

Le président de la province Nord, Paul Néaoutyine (Palika, indépendantiste), qui continue de défendre la doctrine consistant à favoriser la transformation du nickel sur place et d'en limiter l'exportation, était toutefois absent de la table des discussions. Il n'a pas non plus accueilli Bruno Le Maire lors de son déplacement dans le Nord de la Grande Terre, dimanche, pour aller visiter l'usine de Koniambo Nickel.

Le ministre de l'Économie a toutefois rappelé à plusieurs reprises qu'un « engagement sur la déclassification, l'exportation et la valorisation des ressources minières inutilisées » est « une condition sine qua non de tout accord financier ». Il a insisté sur le fait que « l'État ne financera pas des activités industrielles à perte ». Ce premier point de l'accord soumis aux acteurs calédoniens conditionne les deux autres, à savoir l'engagement de l'État à investir dans de nouveaux moyens de production électriques, moins coûteux et décarbonés, ainsi qu'une aide pour trouver de nouveaux débouchés pour le nickel calédonien, notamment en Europe.

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Les actionnaires n'apportent plus d'argent frais

En attendant la refonte du système électrique de l'archipel, les industriels pourraient bénéficier d'une subvention pour compenser l'important surcoût de l'électricité qui pèse sur la rentabilité des industriels. En effet, les actionnaires principaux de chaque industriel ont fait savoir ces dernières semaines qu'ils n'apporteraient plus de financements nouveaux à leurs sites industriels.

Dans le détail, l'industriel historique, la Société-Le Nickel (SLN) est fortement endettée (493 millions d'euros de dette financière nette fin 2022) et son actionnaire majoritaire Eramet a confirmé fin octobre qu'il n'injecterait pas plus d'argent dans sa filiale. Or la SLN a effectué en août le dernier tirage d'un important prêt de 60 millions d'euros consenti par l'Etat.

Prony Resources, dans le sud du territoire, est de son côté placée sous mandat ad hoc avec un endettement qui atteignait fin 2022 149 millions d'euros.

Enfin, l'usine de production de ferronickel Koniambo Nickel SAS, projet phare du rééquilibrage entre les provinces nord et sud, affiche une dette record de 13,7 milliards d'euros. La province nord en est actionnaire à 51%. Or le groupe anglo-suisse Glencore qui détient les 49% restants, a fait savoir en septembre par communiqué qu'il se retirerait du projet si « aucune nouvelle solution de financement n'est trouvée d'ici-là ».

(Avec AFP)

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Commentaires 8
à écrit le 28/11/2023 à 10:15
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Un Etat failli (dixit Fillon, et il y a contribué) venant au secours d'entreprises (presque) en faillite? Heureusement que NOUS, les contribuables (et les fumeurs), sommes là.

à écrit le 28/11/2023 à 9:34
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Tient donc le discours gaucho qui est tjrs a la mode : on reste la bas pour les exploiter et s'enrichir ne marche plus, la preuve !

à écrit le 28/11/2023 à 8:30
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est ce que quelqu'un a dit a ce gars que les independantistes veulent mettre dehors la france colonisatrice pour recuperer l'argent des mines? a priori non, sinon il ne ferait pas un cheque et laisserait constater que hors pognon de la france, y a ri...

à écrit le 27/11/2023 à 21:03
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Ce qui est en jeu ici c’est le domaine maritime immense dans le pacifique et l’état français semble prêt a payer le prix fort pour le conserver.

le 28/11/2023 à 7:44
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Il n'existe qu'un seul pays au monde qui soit incapable d'exploiter de manière rentable un métal aussi important et recherché, puis de justifier des aides d'État pour l'exploitation minière, tout en affichant des déficits budgétaires irresponsables e...

à écrit le 27/11/2023 à 19:29
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Donc, si j'ai bien compris, le gouvernement calédonien a adopté de nouvelles taxes au profit des communes et au profit de la calédonie... et l'Etat français (donc le contribuable métropolitain !) va subventionner le Nickel pour compenser le déficit e...

à écrit le 27/11/2023 à 19:05
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LEMAIRE QUI FINANCE LES INTERETS DES INDEPENDANDISTES ET DES INTERETS ANGLO-SAXONS AU DETRIMENT D ERAMET ET PUIS QUOI ENCORE ! JE REFUSE QUE MES IMPOTS AILLENT ALIMENTER LES INTERETS CLANIQUE D UN INDEPENDANTISTE ANTI-DEMOCRATIQUE ET AU CULTE DE LA P...

à écrit le 27/11/2023 à 19:04
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LEMAIRE QUI FINANCE LES INTERETS DES INDEPENDANDISTES ET DES INTERETS ANGLO-SAXONS AU DETRIMENT D ERAMET ET PUIS QUOI ENCORE ! JE REFUSE QUE MES IMPOTS AILLENT ALIMENTER LES INTERETS CLANIQUE D UN INDEPENDANTISTE ANTI-DEMOCRATIQUE ET AU CULTE DE LA P...

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