Aéroports : les nuisances ont baissé en 2023 mais restent supérieures au niveau d'avant-Covid

Les compagnies aériennes ont commis moins d'infractions à la réglementation environnementale en 2023 par rapport à l'année précédente en France. Reste que la situation a empiré pour certains aéroports, notamment à Paris-Orly, où une consultation publique est en cours dans l’optique d’y réduire progressivement le trafic de nuit pour protéger davantage les riverains.
Le gouvernement mène une consultation publique sur un arrêté visant à protéger davantage les riverains de l'aéroport de Paris-Orly des nuisances sonores nocturnes.
Le gouvernement mène une consultation publique sur un arrêté visant à protéger davantage les riverains de l'aéroport de Paris-Orly des nuisances sonores nocturnes. (Crédits : Gonzalo Fuentes)

Les riverains des aéroports français ont moins subi de nuisances en 2023 en comparaison avec l'année précédente. C'est ce qu'il ressort du bilan annuel de l'Autorité de contrôle des nuisances aéroportuaires (Acnusa), publié ce mardi 21 mai. Les règles encadrant la pollution et le bruit, en particulier celles liées aux couvre-feux nocturnes, « ont été mieux respectées en 2023 ». 773 poursuites ont ainsi été engagées par l'administration, ce qui représente une baisse de 18% sur un an.

Pour autant, cette amélioration reste à nuancer, selon le rapport de cette autorité indépendante. Car, d'une part, le niveau des manquements est « supérieur à celui d'avant la crise sanitaire (+29%) ». Et plusieurs plateformes ont vu la situation empirer, en particulier Nantes-Atlantique (+25,5% sur un an, à 290 infractions) mais aussi, sur des volumes plus faibles, Paris-Orly (+18%). À Lyon-Saint-Exupéry, les manquements ont plus que triplé pour atteindre 21 pendant l'année 2023.

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Les compagnies low-cost pointées du doigt

Du côté des compagnies aériennes, la plus poursuivie reste la low-cost espagnole Volotea, dont la principale base française est précisément installée à Nantes. À 20 poursuites pour 10.000 mouvements (décollages et atterrissages), elle a néanmoins été plus respectueuse des règles l'année dernière qu'en 2022, quand son taux d'infraction frôlait 49 pour 10.000.

Deux autres compagnies à bas coût occupent quasiment ex aequo la 2e place du tableau : Transavia (groupe Air France-KLM) et easyJet, à 7,3 infractions pour 10.000 chacune. Air France, qui a pourtant effectué le plus de mouvements, est quasiment la plus vertueuse à 1,1 pour 10.000.

Séquelles d'années 2022 et 2023 marquées par une explosion des poursuites contre les compagnies, l'Acnusa a prononcé l'année dernière 3,8 fois plus de sanctions contre les compagnies qu'en 2022, la majorité (506 sur 639) l'étant pour violation des couvre-feux.

« Le nombre des poursuites engagées pour des vols en débordement illustre les difficultés de ponctualité rencontrées par les transporteurs aériens en 2022, difficultés qui n'ont malheureusement pas été totalement surmontées en 2023 », remarque l'Acnusa, pour qui « il ne peut plus y avoir de programmation des vols non soutenable au plan opérationnel ».

L'autorité indépendante dénonce depuis plusieurs mois le fait que, depuis la crise sanitaire, la planification et la programmation des vols sont supérieures à la capacité du ciel européen. Conséquence : des retards qui s'accumulent et qui sont source de débordement, à savoir des vols qui sont initialement programmés de jour mais finalement opérés de nuit. « Ces débordements viennent impacter la santé et l'environnement des collectivités et populations riveraines des aéroports », a-t-elle encore souligné le mois dernier.

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Des réflexions sur une réduction du trafic

Ce rapport est publié au moment où le gouvernement mène une consultation publique sur un arrêté visant à protéger davantage les riverains de l'aéroport de Paris-Orly, deuxième de France en nombre de passagers, des nuisances sonores nocturnes en y interdisant progressivement les avions les plus bruyants. Lancée fin avril, elle s'étalera jusqu'à la fin du mois de juillet.

Concrètement, les mouvements d'avions les plus bruyants seraient interdits entre 22h00 et 23h00, selon des critères chiffrés de « bruits perçus en décibels » - sachant que cet aéroport est déjà actuellement soumis à un strict couvre-feu entre 23h30 et 06h00 du matin. D'autres avions considérés comme bruyants se verraient quant à eux interdire de façon « progressive », « notamment au travers d'une clause d'antériorité appliquées aux compagnies opérant déjà durant ce créneau horaire », selon le ministère.

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Une réflexion similaire est d'ailleurs aussi en cours en Belgique, concernant l'aéroport de Bruxelles-Zaventem, le plus fréquenté du pays. La haute autorité belge de la santé a prôné début mai l' « interdiction complète » des vols d'avions entre 23h00 et 07h00. Et le gouvernement partage son avis. « Il n'y a pas d'avenir pour les activités nocturnes dans un aéroport de cette région densément peuplée. Je suis donc favorable à une réduction progressive, réaliste mais systématique des vols de nuit, en stoppant en premier les vols des avions les plus bruyants », a commenté le ministre belge de la Santé Frank Vandenbroucke.

Outre les troubles du sommeil, les nuisances sonores peuvent provoquer de l'hypertension, un risque accru de dépression ou des troubles cognitifs chez les enfants, a souligné la haute autorité belge de la santé. Dans sa recommandation, elle cite notamment une étude menée auprès d'écoliers allemands de primaire, qui a établi un lien entre l'exposition aux bruits d'avions (à proximité de l'aéroport de Francfort) et des retards d'apprentissage dans la lecture.

Brussels Airport, l'exploitant de l'aéroport, a de son côté défendu l'importance du trafic de nuit notamment pour son activité de fret, et « le transport de certaines marchandises critiques, comme les produits pharmaceutiques ».

(Avec AFP)

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Commentaires 3
à écrit le 21/05/2024 à 13:31
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L'aviation comme transport de masse pour un tourisme de masse est une engeance.

à écrit le 21/05/2024 à 11:29
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Pour le moins le trafic devrait cesser de minuit à 6 heures du matin .En effet il est aberrant que quelques centaines de passagers tout au plus perturbent le sommeil de dizaines de milliers de riverains .

à écrit le 21/05/2024 à 10:22
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Il faut une capacité d’adaptation hallucinante et donc il faut vraiment que l'humain soit conditionné à vivre le pire, pour arriver à tenir en vivant autour d'un aéroport ou à côté d'une autoroute dont le bruit est permanent. Que nos dirigeants arrêt...

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