Un temps envisagée en Chine, la nouvelle usine de Siemens dédiée à l'automation industrielle (robotisation des processus de production) verra finalement le jour à Singapour. L'industriel allemand l'a annoncé dans un communique ce jeudi 15 juin, ajoutant qu'elle aura pour but de « servir les marchés du sud-ouest de l'Asie ».
200 millions d'euros seront investis dans ce projet, qui s'inscrit dans une volonté plus globale de Siemens d'étendre ses capacités de production. L'entreprise va débloquer au total deux milliards d'euros dans ce sens. Ce plan géant représente à lui seul le « double des investissements des deux dernières années » pour l'entreprise basée à Munich.
Réduire la dépendance au marché chinois sans s'en couper
En optant pour Singapour plutôt que la Chine, Siemens souhaite réduire sa dépendance au marché chinois, selon le quotidien économique allemand Handelsblatt. Outre-rhin, l'entreprise est critiquée depuis plusieurs mois à ce sujet, dans un contexte où les tensions autour de l'île de Taïwan et la guerre en Ukraine ont exacerbé les risques géopolitiques. Ce mercredi d'ailleurs, le chancelier allemand a déploré le comportement de la première puissance asiatique, la décrivant comme une force hostile à l'Allemagne alors qu'elle est pourtant son « partenaire ».
Le PDG de Siemens a justifié ce changement en déclarant que « Singapour est un pôle de stabilité, une nation intelligente et connectée », lors d'une conférence sur la plateforme LinkedIn ce jeudi. Roland Busch a toutefois réfuté que le choix de Singapour se justifiait par une « raison géopolitique ». Mais le dirigeant a admis une volonté de « se diversifier et de disposer d'une meilleure résilience sur les chaînes d'approvisionnement ».
Malgré cette volonté de diversification, Siemens va continuer d'élargir son activité en Chine. « C'est un marché en pleine croissance, et la demande est gigantesque pour nos produits », a ajouté Roland Busch. Le groupe compte investir 140 millions d'euros dans son usine de Chengdu, dans le centre du pays, spécialisée dans l'industrie 4.0 (numérisation des processus industriels), avec la création de 400 emplois. Un nouveau centre de recherche et développement sera par ailleurs lancé à Shenzen (est).
L'Europe et les États-Unis aussi dans le viseur
Le reste des deux milliards d'euros annoncés, environ 800 millions d'euros, seront répartis entre « l'Europe et les États-Unis », selon Roland Busch, qui n'a pas détaillé ces projets. L'industriel a déjà annoncé vouloir élargir ses capacités de production aux États-Unis. Il prévoit un investissement de 220 millions pour construire une nouvelle usine pour sa division transport à Lexington, en Caroline du Nord, pour « répondre à la demande croissante de trains » dans le pays.
Un investissement de 500.000 euros dans la recherche sur « le métavers » et « l'intelligence artificielle » sera également mobilisé. Le groupe a récemment signé un partenariat avec Microsoft pour utiliser ChatGPT afin « d'accélérer la génération de code » informatique dans son processus de production.
Le géant allemand Siemens a fait état mi-mai d'un bénéfice net triplé sur un an au deuxième trimestre de son exercice décalé. Entre janvier et mars, ce dernier a augmenté de +194% à 3,5 milliards d'euros. Grâce, d'une part, à une hausse de la valeur de ses parts dans Siemens Energy. Et, d'autre part, à un bond de ses commandes, porté par la réouverture du marché chinois et l'amélioration des perturbations sur les chaînes d'approvisionnement, qui l'avait plombé l'an dernier. Ces bons résultats permettent à l'entreprise de relever ses prévisions annuelles. Siemens prévoit désormais une croissance de son chiffre d'affaires dans « une fourchette de 9% à 11% », contre « 7% à 10% » précédemment.Après une année 2022 difficile, Siemens reprend des couleurs
(Avec AFP)
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