Restaurants, événements, hôtellerie... dans l'angoisse de la prolongation

Si les bars, cafés et restaurants ont reçu du Premier ministre une date de possible réouverture reportée à la mi-février « a minima », aucun mot n'a été prononcé par Jean Castex au sujet du secteur événementiel. Tous restent néanmoins inquiets par ce nouveau report et espèrent une aide renforcée de l'État.
Réouverture reportée à mi-février pour les bars et restaurants, mais pas de perspective pour le secteur événementiel.
Réouverture reportée à mi-février pour les bars et restaurants, mais pas de perspective pour le secteur événementiel. (Crédits : Jdussueil La Tribune)

Il n'y aura pas eu "scoop" hier dans la prise de parole du Premier ministre Jean Castex. Les restaurateurs s'attendaient déjà à ne pas pouvoir rouvrir le 20 janvier, cette réouverture étant conditionnée à une amélioration de la situation sanitaire. Or, les indicateurs restent dégradés. De ce fait, le chef du gouvernement a tranché : « Une réouverture en janvier n'est pas réaliste » et sera « a minima reportée jusqu'à mi-février ».

« Ce n'est pas une grosse surprise, mais c'est une énorme angoisse pour les professionnels », a réagi auprès de l'AFP Didier Chenet, président du GNI, le syndicat patronal des indépendants de l'hôtellerie restauration.

Sur Twitter, l'Umih, principal syndicat de l'hôtellerie restauration, s'est dit « profondément inquiet pour la survie de [nos] métiers en 2021 ».

Quant à la « date de mi-février [ce] n'est pas une certitude, loin de là », a souligné Didier Chenet. « C'est extrêmement angoissant : les professionnels auront été fermés huit mois minimum, sur un an, et on ne voit pas de perspectives. Certains sont en train de craquer, à la limite du désespoir ».

Le vice-président de l'Umih Hervé Becam retient que « l'accélération de la campagne de vaccination est vitale pour que nos établissements puissent rouvrir le plus tôt possible ». Pour rappel, seules 45.000 personnes ont été vaccinées en France ces cinq derniers jours, contre des centaines de milliers en Grande-Bretagne ou en Allemagne. Une lenteur spécifique à la France très critiquée.

Concernant « toutes les activités, tous les établissements, tous les équipements qui sont aujourd'hui fermés » - musées, cinémas, théâtres, salles de spectacle, équipements sportifs ou de loisirs - ils « ne connaîtront, dans les semaines qui viennent, aucun assouplissement », a précisé Jean Castex.

Lire aussi : Covid-19 : Castex maintient toutes les restrictions mais accélère la vaccination

"Accompagnements complémentaires"

« Je m'attendais à pire, je me fixais début mars, vu ce qui se passe en Angleterre et en Allemagne », explique à l'AFP Grégory Detouy, patron du restaurant parisien Au temps des cerises, qui se sent « soutenu par l'État », avec l'aide portée à 20% du chiffre d'affaires en décembre.

Toutefois les restaurateurs doivent « être rassurés » quant à la capacité des banques à assurer un report des échéances de prêts : suspendus pour un an, les remboursements des emprunts doivent reprendre fin mars, rappelle Didier Chenet.

« Se dire : "demain, mon banquier peut me couper les vivres", c'est minant », glisse-t-il.

Lire aussi : L'endettement des entreprises, premier risque pour le système financier français

Pendant « toute cette période de fermeture ou d'activités », tous les dispositifs d'aide « seront maintenus dans les mêmes conditions » pour les secteurs concernés, a affirmé Jean Castex, à savoir : chômage partiel, Fonds de solidarité "rénové" et aides sectorielles. Et dès la semaine prochaine, les ministères recevront les acteurs des filières, pour « examiner d'éventuels besoins d'accompagnement complémentaires », notamment pour ceux « fermés sur une très longue durée ». « Nous ne les laisserons pas tomber, nous mettrons l'argent nécessaire », avait déjà assuré dans la journée le ministre de l'Économie, Bruno Le Maire, quelques heures avant la prise de parole du Premier ministre.

Parmi les demandes des hôteliers - dont les établissements sont fermés ou quasi vides - et restaurateurs, le fait de pouvoir percevoir jusqu'à 3 millions d'euros, à l'image de ce que l'Allemagne verse à ses entreprises pour le paiement de leurs charges fixes. Bruxelles doit valider le dispositif.

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Quant aux Prêts garantis par l'Etat (PGE) accordés aux entreprises, le « robinet est en train de se fermer » pour des professionnels à la situation financière de plus en plus dégradée : les banques, qui doivent garantir 20% du montant, traînent des pieds, tandis que les prêts déjà souscrits commencent à s'épuiser.

Quelque 30% des professionnels des cafés, bars et restaurants se disent « en grande difficulté », « mais cela pourrait être beaucoup plus », selon Hervé Becam, certains « n'avouent pas » l'ampleur de leurs difficultés.

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Zéro perspective pour l'événementiel

D'autres professionnels n'ont par contre aucune perspective de réouverture. C'est le cas notamment des exploitants dans l'événementiel, paralysés depuis septembre.

« Premier secteur à avoir été interdit d'exercer, l'événementiel sera l'un des tous derniers à redémarrer puisqu'un événement c'est minimum 4 mois d'organisation. Les événements de janvier et février 2021 sont déjà tous quasiment annulés et ceux de mars et d'avril très compromis. Pour rappel, 55% de nos adhérents considèrent que leur pronostic vital est déjà engagé d'ici au mois d'avril 2020 », a alerté dans un communiqué Olivier Roux, président de l'Union française des métiers de l'événement (UNIMEV).

L'organisation professionnelle demande au gouvernement du « sur-mesure » à savoir des « aides vraiment adaptées au cycle de production des acteurs événementiels », attribuées « à tous les maillons de la chaîne de valeur (organisateurs, sites événementiels et prestataires) » ainsi qu'un «  accompagnement concret à la reprise de l'activité de la filière événementielle par la création d'un crédit d'impôt sur les dépenses événementielles ».

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L'angoisse aussi en altitude

L'inquiétude de l'avenir est partagée du côté des stations de ski. Leur situation a cependant été évoquée dans la prise de parole du Premier ministre : un point sera fait le 20 janvier pour étudier une éventuelle réouverture début février. Une « question de vie ou de mort pour un certain nombre d'acteurs », d'après Dominique Marcel, PDG de la Compagnie des Alpes, exploitant 10 domaines skiables, sur BFM Business.

« Si on n'ouvre pas en février, il faut regarder la réalité en face, la saison est terminée, des stations vont avoir de vrais problèmes d'existence », a-t-il ajouté.

Dans un premier bilan d'étape de la saison, les professionnels de la montagne ont fait état cette semaine d'un taux d'occupation en « chute libre », évoquant la perte de chiffre d'affaires de l'ensemble de la filière à 1,5 milliard d'euros sur les deux semaines des congés de Noël. Le mois de décembre représente d'ordinaire 25% de leur activité annuelle.

Lire aussi : Montagne à l'arrêt : le coup de gueule de Daniel Karyotis (Banque Populaire AURA)

(Avec AFP)

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Commentaires 6
à écrit le 09/01/2021 à 21:48
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C est impensable comment Nous allons faire Nous sommes le 8 janvier Aucun versement E.D F nous menace aucun Dispositif par .l ÉTAT comme En Avril 2020 Cordialement Dominique boisgard auberge du bon terroir

à écrit le 08/01/2021 à 17:58
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On n'a pas réussi à obtenir des Français un comportement responsable face à cette épidémie, tout le monde en paye les conséquences. Quand au gouvernement, avoir laissé entrer des gens venant d'Angleterre avec le nouveau variant, il vaut pas bien mie...

le 08/01/2021 à 23:23
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Je trouve au contraire que la majorité des français a eu un comportement responsable, comparé à celui du gouvernement, où je ne vous pas grand-chose de bon. Bien sûr, il y a toujours une petite minorité d'irresponsables, mais comme partout.

à écrit le 08/01/2021 à 17:12
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Mi février, faut oublier tout de suite. Ce qui veut dire que l'ouverture des stations de ski, c'est aussi "plié". "Quoi qu'il en coûte"! Ça doit commencer à peser dans la musette de Lemaire.

le 09/01/2021 à 10:38
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Souhaitons une montée en puissance des vaccinations pour que le tri dans les situations à risques soit fait et trouvé naturel par les utilisateurs. Il y a bien une interdiction d'aller en Guyane sans les multiples vaccins et ça choque personne. Je...

à écrit le 08/01/2021 à 10:43
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Il est incompréhensible de laisser les supermarchès ouverts, on aurait pu leur imposer les drive et services gratuits de livraison à domiciles pour personnes à risques, en leur imposant par contre de proposer tous leurs produits à la vente et non mêm...

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