Quand l'Allemand Metro invite des startups à la table des restaurateurs

Le groupe allemand spécialisé dans la distribution alimentaire en gros recrute une dizaine de startups en Europe pour leur faire suivre les sessions de formation de l’incubateur américain Techstars. De quoi faire le plein d’innovations numériques pour son compte… et les mettre à disposition de ses premiers clients : des hôteliers et restaurateurs confrontés en France à une baisse des ventes pour une partie d’entre eux.
Pendant trois mois, des startups du numérique sélectionnées par le groupe allemand Metro suivront à Berlin les sessions organisées par l'incubateur TechStars.

Et si, là aussi, la réponse venait du numérique ? Le marché de la restauration connaît en France sa pire année depuis dix ans selon le cabinet spécialisé Giraconseil. Mais si les indépendants s'en sortent apparemment un peu mieux que les groupes de restauration rapide, globalement la restauration commerciale et hôtelière voit son activité reculer pour la première fois depuis dix ans. Digitaliser son point de vente et ses pratiques commerciales serait une solution. Ce que croient une partie des professionnels comme dans de nombreux secteurs du reste. C'est le cas du groupe allemand Metro, qui avant même la publication de ses chiffres le 19 mai, s'est lancé dans une tournée européenne afin de détecter des startups susceptibles de répondre aux besoins des restaurateurs et des hôteliers, ses principaux clients.

Entre une étape à Berlin et Londres, le distributeur spécialisé s'est ainsi arrêté à Paris, au Numa (IIe arrondissement) pour recruter d'éventuels candidats au programme Techstars Metro Accelerator. Le principe ? Des startups ont jusqu'au  3 août 2015 pour déposer leur candidature auprès de l'incubateur américain Techstars. Lequel choisira les 10 élus avec des cadres de Metro ainsi que des représentants de l'agence de communication new-yorkaise R/GA.

120.000 euros par startup

Les lauréats, dont le nom sera connu début septembre, pourront participer à trois mois d'entraînement ultra-intensifs à Berlin. Les sessions de mentorats auxquels participent des cadres du groupe mandataire débute le mois suivant. A cela, il faut ajouter une dotation "pouvant atteindre 120.000 euros" par startup en échange de 7 à 10% de ses parts.

De quoi allécher les jeunes entrepreneurs. Seulement, pour se qualifier, il faudra être déjà aguerri et maîtriser la langue de Shakespeare. Premier critère: savoir soigner sa communication. Le dossier de candidature en ligne invite en effet à résumer ce que fait l'entreprise en 140 signes - un tweet, et à envoyer des vidéos de présentation du produit et de l'équipe.

"Votre idée à la poubelle"

Il faudra en outre spécifier, s'il existe, le chiffre d'affaires total de la start-up et celui enregistré au cours du dernier mois. Mais les responsables du projet affirment que tous les candidats qui "proposent des solutions aux restaurateurs et aux hôteliers" sont admis.

"Attendez-vous à ce que votre première idée soit jetée à la poubelle", prévient Robert Johnson, responsable de l'incubateur en charge de ce projet. "La plupart des startups échouent parce qu'elles visent la résolution de problèmes qui n'existent pas vraiment", affirme-t-il. Ce sont donc davantage le potentiel de chaque équipe qui sera sélectionné que l'idée en elle-même.

Quelque quarante-cinq startups françaises (selon les organisateurs) réunies le 13 mai dans le nouveau temple parisien du numérique affichent déjà leur curiosité. Certaines, surtout attirées par le nom de l'incubateur américain, n'ont rien à voir avec l'industrie de l'hôtellerie ou de la restauration. D'autres s'en rapprochent sans savoir précisément si elles se qualifient. C'est le cas de Vincent Bilbeissi, co-fondateur de Shoopti, toute jeune application proposant de géolocaliser des points de vente en fonction d'un budget spécifique. "Nous sommes éventuellement intéressés par ce programme pour développer une offre à destination des restaurateurs", indique-t-il. Le jeune entrepreneur espère surtout s'assurer un partenariat tangible avec le distributeur. Il lance ainsi : "Les accélérateurs, c'est très bien, mais il faut que ce soit vraiment bénéfique pour les startups".

Metro, de son côté vante son programme en assurant qu'il permettra aux jeunes pousses sélectionnées de tester leurs services à grande échelle. Pascal Peltier, directeur marketing et communication France assure, ainsi :

 "Ce que nous pouvons offrir, indépendamment d'investissements éventuels, c'est surtout l'accès en France à nos 250.000 clients actifs qui viennent chez nous régulièrement et qui sont au contact de nos collaborateurs en entrepôts ; ainsi qu'une force de vente de 300 personnes qui se rendent auprès d'eux régulièrement."

Le Linkedin des métiers de bouches

De plus en plus fournisseur de services pour le secteur de l'hôtellerie et de la restauration, l'objectif assumé consiste également à repérer des pépites afin, éventuellement, d'intégrer certaines innovations à ses propres offres, voire de prendre des participations supplémentaires dans des entreprises. Déjà, le groupe a acquis 20% d'un réseau social américain, Culinary Agent.

"C'est un peu le LinkedIn des métiers de bouche, un lieu de rencontre entre employeurs et employés ainsi qu'un lieu de communication communautaire", décrit à la Tribune Benoit Feytit, directeur général de Metro Cash& Carry France. "Nous allons aider à structurer son activité à Paris et Milan", précise le responsable. Ce dernier compte sur "plusieurs manières pour accéder à l'innovation : pousser les initiatives en interne afin d'optimiser les flux de trésorerie ou créer des synergies ou bien passer par l'acquisition d'innovations en poussant des entreprises". Or, le groupe fondé par Otto Beisheim a de très nombreuses raisons d'innover. En France, par exemple, il sera bientôt confronté à une nouvelle concurrence, celle de l'Américain Costco, classé numéro 2 mondial des distributeurs derrière WalMart en 2013.

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