Près d'un mois après le décès brutal de son président, Jérôme Armbruster, fauché à 53 ans par un chauffard à Rennes, le groupe HelloWork, champion de l'emploi en France, reprend le cours de son activité dans un contexte de croissance soutenue.
Pour les 530 salariés et les deux directeurs, le décès de celui qui avait posé les bases du groupe en fondant RégionsJob en 2000 marque d'une « pierre noire » le début d'année, mais l'organisation opérationnelle de la plateforme d'offres d'emploi en ligne, filiale du groupe Télégramme, évolue peu. Une présidence non-exécutive est désormais assurée par l'actionnaire en la personne de Jean-Baptiste Pavin, le directeur général adjoint du groupe de presse.
« Jérôme restait présent sur des sujets stratégiques, mais depuis deux ans il avait pris du recul dans la gestion opérationnelle de la société, appelé à prendre plus de responsabilités au sein du groupe Télégramme. L'organisation autonome que nous avions adoptée nous permet de poursuivre ce qu'il avait construit avec nous tous », explique François Leverger, le directeur général d'HelloWork.
Dans le top 5 des acteurs digitaux européens
En vingt ans, Jérôme Armbruster est notamment parvenu à hisser HelloWork au rang d'acteur majeur de l'emploi, du recrutement et de la formation en France. Pour l'entreprise, dont les concurrents directs sont les Américains Indeed et LinkedIn, l'année 2023 s'est clôturée sur une hausse de 15 millions d'euros des commandes pour un total de 109 millions d'euros (environ 100 millions d'euros de chiffre d'affaires).
Rentable, l'activité est portée par le développement des plateformes HelloWork, Maformation, Diplomeo, le blog BDM et la suite de solutions de Talent Acquisition. A la fin de l'année dernière, quinze millions de personnes, soit la moitié des actifs français, avaient utilisé un ou plusieurs services du groupe pour trouver un emploi, recruter, se former ou s'informer.
« Plutôt fluide, le marché de l'emploi se caractérise par une forte mobilité, mais peu de créations de postes. On ne quitte plus une entreprise, mais on change plus facilement de job. La réforme du Compte personnel de formation a aussi changé l'organisation des formations », constate David Beaurepaire, directeur délégué d'HelloWork.
« Le métier d'HelloWork est d'accompagner les actifs tout au long de leur vie professionnelle et de les mettre en relation avec les recruteurs. Avec près de cinq millions de visiteurs uniques mensuels (+22%), la plateforme a continué de gagner des parts de marchés en France et se positionne dans le top 5 des acteurs digitaux européens », fait-il valoir.
Internationalisation et acquisitions
Dotée d'une ligne d'investissement de 50 millions d'euros sur 2024-2027, l'entreprise tire les fruits d'une stratégie fondée à la fois sur des acquisitions externes et sur l'augmentation des investissements dans l'innovation et la notoriété de ses services.
En trois ans, HelloWork a généré une croissance de 113%, doublant de taille et se renforçant en Europe. Basile, sa solution de cooptation, a multiplié ses commandes par trois l'année dernière. Quant à l'agrégateur d'offres JobiJoba, il est commercialisé dans treize pays avant un lancement aux Etats-Unis cette année.
L'internationalisation va se poursuivre avec dans le viseur l'acquisition d'entreprises positionnées sur la formation et les solutions digitales dédiées aux ressources humaines (HR Tech, EdTech) en France et en Europe.
En termes d'offres, le groupe, qui traite 30 millions de données par jour sur ses serveurs, se fait fort de couvrir tous les emplois et typologies de recrutement, du CDI aux free-lances ou aux indépendants. Ainsi que toutes les formations existantes. Actuellement, 20.000 établissements mettent en avant leurs 500.000 formations initiales ou continues.
Cibler davantage les TPE
« Avec 9,6 millions d'offres d'emplois, nous adressons toutes les entreprises, du CAC 40 à la PME-TPE. Chaque jour, 6.000 personnes sont recrutées grâce aux 200.000 candidatures envoyées et 225.000 CV sont consultés quotidiennement par 50.000 recruteurs » avance François Leverger, précisant que seules les entreprises financent les services proposés.
« Les profils des recruteurs demeurent toutefois généralistes. Pour être exhaustifs, nous allons adresser davantage les TPE locales. De même, nous essayons de faire bouger les lignes sur la transparence des salaires. C'est un argument supplémentaire pour recruter », assure-t-il.
Début 2024, plus de 75% des offres mentionnent ou estiment le salaire, contre 15% un an plus tôt. Pour sa part, HelloWork n'accuse aucun déficit d'attractivité. Son expansion croissante se traduit dans ses recrutements à Rennes, Paris et Bordeaux, ainsi que dans les bureaux régionaux de Lyon et Lille. En 2024, plus de 80 postes seront ouverts et 130 nouveaux recrutements sont prévus au cours de l'année.
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