Œnotourisme : Quand le vignoble bourguignon se professionnalise

SÉRIE D'ÉTÉ – BOURGOGNE-FRANCHE-COMTÉ. (2/4). De la Bourgogne au Jura, le vignoble se réinvente. Même si le vignoble bourguignon est l’un des plus connus au monde, la crise est passée par là et a amené les acteurs de l’œnotourisme à se repositionner. Une redynamisation du secteur est en marche.
(Crédits : Sonia Guyon)

La Bourgogne s'apprête à ouvrir un réseau de Cités des vins à Beaune, Chablis et Macon, d'ici à la fin de l'année. Objectifs : initier les touristes à la dimension culturelle des Climats des vignobles bourguignons inscrits au patrimoine mondial de l'UNESCO et les inciter à poursuivre leur découverte dans les vignes situées dans les alentours pour déguster les plus grands crus. Une aubaine pour l'œnotourisme qui tend à se professionnaliser, avec déjà plus de 600 activités œnotouristiques labellisées Vignobles & Découvertes (dégustations et visites de caves, hébergement, restauration, patrimoine, activités culturelles ou de loisirs...), dont 213 caves. Ce label national porté par Atout France (et délivré en Bourgogne par le Bureau Interprofessionnel des Vins de Bourgogne -BIVB) a permis de mettre en exergue les grandes tendances en matière d'offres touristiques. Il apparaît que la principale offre proposée aux touristes est à 68% une prestation de dégustation simple en cave. Dans 19% des cas, les caves proposent au moins deux animations à l'année, telles qu'une lecture de paysage ou une visite guidée des vignes, en plus de la vente directe et de la dégustation. Seules 13% se démarquent en développant une autre dimension touristique, tels que des chambres d'hôtes, des gites ou des animations spécifiques.

« Cette répartition est très caractéristique du vignoble bourguignon car elle est liée à la structure de nos caves, morcelées et de petites tailles », explique Virginie Valcauda, directrice communication du BIVB, en charge de l'œnotourisme. « La plupart des domaines comptent seulement entre 7 et 9 hectares. Ce sont des petites entreprises familiales qui proposent des dégustations dans un contexte convivial », poursuit-elle.

Pas de tourisme de masse en Bourgogne, le territoire garde sa dimension authentique dans son offre oenotouristique avec encore de nombreux caveaux en pierres voutées.  « La Région s'est engagée dans un schéma régional de l'oenotourisme avec un objectif d'excellence qui vise une prestation de haute qualité », précise Virginie Valcauda. Autrement dit : « quand on parle de vin, on parle de passion ! »

Des acteurs locaux qui se redynamisent

Durant la crise sanitaire, les caves sont restées fermées plusieurs mois. De nombreux cavistes ont eu le temps de revoir leurs offres. « Ceux qui ont le mieux résisté sont ceux qui avaient des canaux de distribution diversifiés », constate Virginie Valcauda. Même s'il est difficile d'obtenir des chiffres précis, la vente directe pour les cavistes représenterait 15% de leurs ventes totales, selon le BIVB. « La prochaine étape pour les vignerons sera la fidélisation de leur clientèle. Le confinement a accéléré leur diversification avec notamment la création de boutiques en ligne. Les touristes qui visiteront une cave, seront plus enclins à acheter ensuite en ligne », souligne Virginie Valcauda.

Le domaine Vincent Cornin

Pour d'autres, la relance de l'activité passe par une diversification de l'offre touristique en proposant des initiatives insolites pour découvrir le vignoble. Pour Vincent Cornin, tout a démarré il y a quatre ans, un jour de la Saint Vincent tournante, la célèbre fête viticole en Bourgogne... Le vigneron et ses amis organisent une virée en mobylette pour faire la tournée des caveaux. Quinze jours plus tard, une idée germe : Pourquoi ne pas inventer un nouveau concept de découverte des vignes en "motobécanes" ?

Aujourd'hui, il faut compter un an de délai ... « Cette prestation nous a permis d'augmenter de 30% nos ventes et de 50% la fréquentation de notre domaine », affirme Vincent Cornin, propriétaire du Domaine éponyme, situé entre le Beaujolais et le Mâconnais. À quelques kilomètres, au Nord de Beaune, Clémence et Nicolas Chambon tiennent une adresse de charme 4 étoiles, au milieu des vignes, l'Ermitage de Corton. Le couple propose une offre complémentaire avec une lecture de paysage à bord d'un véritable Combi Volkswagen des années 70. « C'est une offre qui plaît beaucoup aux Français, et en particulier aux locaux qui redécouvrent le terroir autrement », constate Clémence Chambon. « L'activité en elle-même ne rapporte pas beaucoup de chiffre d'affaires - car nous limitons les balades à 8 personnes - mais c'est un excellent outil marketing pour attirer les touristes », poursuit-elle. Idem pour le Domaine Comte Senard qui possède le monopole Corton « Clos des Meix » Grand Cru et le Corton Blanc Grand Cru - et qui vend plus de 60 000 bouteilles par an dans le monde entier. Lorraine Senard s'est lancée dans l'oenotourisme en 1999 en développant une table d'hôtes. Sa dernière offre, née durant le confinement, est une prestation de sophrologie dégustation au cœur des vignes. « C'est un concept qui me tenait à cœur et qui associe à la fois le bien-être avec la séance de sophrologie et le partage avec la dégustation de vin », explique-t-elle. L'initiatrice a été la première émue en goûtant ses propres vins après une séance de sophrologie : « J'ai ressenti des sensations que je n'avais pas éprouvées auparavant car je n'avais pas pratiqué ce moment de paix intérieure avant de goûter mes propres vins ».

LA SOPHROLOGIE DEGUSTATION

De son côté, Sonia Guyon a créé sa société de Wine Tour en 2016, Burgundy Emotions, avec une offre très ciblée sur les américains à fort pouvoir d'achat. La crise sanitaire a amené l'entrepreneuse à repenser son offre pour attirer plus de Français. « C'est une clientèle plus exigeante car les Français connaissent déjà le bien manger et le bien boire. Il leur fallait des expériences plus insolites », souligne Sonia Guyon.  Sur la route des Grands Crus, entre la Côte de Beaune et la Côte de Nuits, la jeune passionnée s'est creusée les méninges pour proposer des offres uniques, comme une dégustation en montgolfière, une sortie équitation pour découvrir le travail de la vigne à cheval, des massages au cœur des vignes ou encore un repas gastronomique typiquement bourguignon, au milieu des vignes.

Lire ici les autres épisodes de cette série

1/4« L'œnotourisme est l'un des points forts de l'attractivité de notre région » (Sophie Ollier Daumas, directrice de Bourgogne-Franche-Comté Tourisme)

3/4 Œnotourisme : le tourisme durable mène au vignoble du Jura

4/4/ Œnotourisme : la Vallée de la Gastronomie-France fait étape par les plus beaux vignobles bourguignons

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Commentaires 3
à écrit le 27/07/2021 à 13:48
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La bourgogne sud, azé Igé, milly lamartine, pierreclos, et pouilly-fuissé un des meilleurs blancs secs, belle ballade!

à écrit le 27/07/2021 à 13:30
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Il faut lire "Terres rares" de Jean Tuan chez C.L.C. Editions. L'auteur sous forme de fiction policière évoque comment de prestigieux domaines viticoles sont achetés par de riches chinois. Disponible en librairie et via les sites de vente sur interne...

à écrit le 27/07/2021 à 11:03
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Désolé mais cette photo ça va pas du tout ! ^^ Mettez nous des vignerons bourguignons en bottes et en tenue de travail plutôt !

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