Tourisme : comment Orelsan est devenu la tête de gondole de Caen

Le rappeur français assure comme personne le SAV de la ville où il a grandi. En retour, les opérateurs touristiques caennais ne se privent pas de capitaliser sur le succès de l’enfant du pays. Une forme de tourisme de niche qui fait mouche auprès des plus jeunes.
Située sur la presqu'ïle, la fresque représentant Orelsan est devenue un lieu de pélerinage pour les fans.
Située sur la presqu'ïle, la fresque représentant Orelsan est devenue un lieu de pélerinage pour les fans. (Crédits : Office du tourisme de Caen-la-mer)

Le site de l'hôtel des Quatrans le revendique crânement dès sa page d'accueil. Installé dans le centre de Caen, l'établissement classé trois étoiles rappelle qu'il fut, un temps, l'employeur d'Orelsan. Lequel y sévissait comme veilleur de nuit avant de se tailler une place au firmament de la scène française. « Vous pourrez facilement reconnaître l'hôtel dans la vidéo "Dernier jour de taff" », précise le gérant à l'intention de ses clients à qui ce détail aurait échappé. Étonnant ? Pas pour les Caennais qui savent ce qu'ils doivent à celui que Sony vient de débaucher pour la coquette somme de 15 millions d'euros.

Il est vrai que rarement un artiste se sera autant inspiré de la ville qui l'a vu grandir. De la pelouse du stade Malherbe (qu'il soutient assidûment) aux bistrots du port en passant par les douves du château ducal ou l'hippodrome, Orelsan -de son vrai nom Aurélien Cotentin- y a tout décrit ou, à défaut mis en scène dans ses clips. « Quel ambassadeur nous avons là », s'enflamme le graffeur Solice, auteur d'une fresque à succès de presque dix mètres de long qui lui rend hommage sur un mur de la presqu'île. Photographié des milliers de fois, l'endroit est devenu un lieu de pèlerinage pour les aficionados. De son côté, l'intéressé assume sans barguigner ce rôle de porte étendard. « J'suis le mec le plus connu d'ma ville avec Guillaume le Conquérant », chante-t-il.

Un produit d'appel

« Il fait très bien le job pour nous », reconnaît dans un sourire Emmanuelle Hardouin, directrice de l'Office du tourisme de Caen-la-mer pour qui le rappeur est devenu un produit d'appel. En témoigne ce circuit sur les traces d'Orelsan proposé en bonne place dans son catalogue d'offres, comme dans celui de l'agence régionale Normandie Tourisme. Mitonné par le jeune guide conférencier Romain Desclos sous le titre « Dans ma ville, on traîne », le road tour historico-culturel emprunte des sentiers peu battus d'habitude.

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Il entraîne les visiteurs du collège où le père d'Aurélien officiait comme principal jusqu'à la scène du très moderne Cargö, celle de son premier concert. Le tout ponctué par des arrêts devant les petits personnages représentant Orelsan qu'un street artist lyonnais malicieux a disséminé un peu partout dans la ville. La virée se termine devant le kebab du nom de « Magic Beau Gosse » rendu célèbre (et riche) par un refrain de l'artiste qui y avait ses habitudes.

Et ce filon en mode tourisme de niche fonctionne. « Les ados français ou belges y traînent leurs parents et leurs grands-parents. J'ai même des classes entières », rapporte Romain Desclos, manifestement pas fâché du succès de sa « proposition décalée ». « Le concept sort de l'image un peu poussiéreuse des visites thématiques et permet de drainer un public plus jeune que celui qui se rend sur les plages du débarquement », se félicite-t-il.

Du pain béni pour Caen qui fêtera en 2025 ses mille ans d'existence avec tambours et trompettes. La municipalité ne s'y est pas trompée. Son maire, Joël Bruneau, a confié il y a quelques jours à des journalistes « avoir des contacts avec Orelsan » en vue de sa participation éventuelle aux célébrations du millénaire. Rien n'est acté à ce stade mais à l'Office du tourisme, Emmanuelle Hardouin salue l'idée. « En tant que figure identitaire de la ville, il y a toute sa place », souligne-t-elle. CQFD.

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Commentaire 1
à écrit le 18/01/2024 à 19:36
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La ville du mémorial de Caen, à voir, presque indispensable même si internet fait sous une autre forme ce taf là aussi.

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