A peine lancée, la compagnie Riyadh Air vise 100 destinations d'ici 2030

Pourquoi l'Arabie saoudite vient-elle de créer une deuxième compagnie nationale en plus de Saudia ? Au-delà des grandes annonces et des méga-commandes, Riyadh Air dévoile ses ambitions et ses développements afin de contribuer pleinement à la "Vision 2030" du royaume wahhabite, tout en essayant de maîtriser au maximum sa communication.
La compagnie saoudienne Riyadh Air s'est lancée en commandant 39 Boeing 787 d'un coup.
La compagnie saoudienne Riyadh Air s'est lancée en commandant 39 Boeing 787 d'un coup. (Crédits : Riyadh Air)

Une compagnie aérienne entièrement nouvelle, « digital native », jeune, qui n'a pas à composer avec le fardeau d'un long héritage... Quelques semaines après avoir débarqué sur la scène mondiale avec une commande massive de Boeing 787 - qui comprend 39 exemplaires fermes et des options pour 33 avions supplémentaires - Riyadh Air est désormais lancée dans une grande entreprise de storytelling à coups d'annonces relayées massivement sur les réseaux sociaux. L'objectif, faire grandir la marque avec un événement tous les deux mois jusqu'au lancement des opérations en 2025. Derrière cette façade, Tony Douglas, directeur général de la nouvelle compagnie d'Etat saoudienne, livre aussi peu à peu les grandes lignes de son futur positionnement développé dans le cadre du gigantesque plan de développement national « Vision 2030 ».

Présente lors de l'assemblée générale de l'Association internationale du transport aérien (IATA), du 4 au 6 juin à Istanbul, Riyadh Air a été fidèle à ses principes en dévoilant son code de désignation, « RX », et une de ses livrées (une seconde sera présentée plus tard dans l'année). Disposant visiblement d'importants moyens pour son lancement, la compagnie a même loué et peint un 787 pour l'occasion - qui sera également présent pour le salon du Bourget - alors qu'elle ne recevra son premier appareil que début 2025. Une livrée digne d'un avion d'affaires à en croire Tony Douglas.

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Le point-à-point face aux hubs du Golfe

Interrogé par La Tribune, le directeur général s'est tout de même montré loquace au moment de détailler sa stratégie. Celle-ci est construite en opposition avec les grands transporteurs du Golfe, qui compensent la faiblesse de leur marché intérieur en misant sur la connectivité internationale avec des vols en correspondance. Tony Douglas entend pour sa part miser sur la taille de l'Arabie Saoudite, qu'il décrit aussi grande que la France, l'Allemagne, l'Italie et l'Espagne et le Royaume-Uni réunis avec plus de 2 millions de kilomètres carrés, et sur sa population de 36 millions d'habitants avec une moyenne d'âge de 30 ans.

Le patron de Riyadh Air veut lui aussi bâtir un réseau international, mais il mise essentiellement sur un trafic point-à-point articulé autour de Riyad, la capitale du royaume. Tony Douglas estime que 93 % du trafic répondra à cette logique de point-à-point (par opposition au trafic pour des correspondances). Ce qui est assez révélateur selon lui. Cela souligne « tout d'abord, l'importance de la demande entrante et sortante pour la capitale du royaume d'Arabie saoudite, mais aussi la réalité dont nous partons. Nous sommes l'une des capitales les moins bien desservies de la région. » En effet, la première compagnie d'Etat, Saudia, est pour sa part centrée sur Djeddah. Or, « renforcer la connectivité mondiale de Riyad fait partie des outils pour soutenir l'ambitieuse stratégie de diversification économique à l'horizon 2030 à laquelle travaille le royaume ». Riyadh Air doit ainsi contribuer à hauteur de 20 milliards de dollars dans le PIB saoudien et créer plus de 200.000 emplois directs et indirects d'ici la fin de la décennie.

De quoi donner des ailes à Riyadh Air, qui vise pas moins de 100 destinations desservies à l'horizon 2030. Cela pourrait correspondre à un trafic de l'ordre de 30 millions de passagers annuels, même si Tony Douglas précise qu'il est trop tôt pour faire des estimations plus précises. Il ajoute tout de même qu'il devrait s'agir majoritairement d'un trafic sortant avec des passagers saoudiens dans un premier temps. Ce réseau international sera naturellement desservi avec les 787 actuellement en commande.

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Vers une nouvelle méga-commande

En parallèle, Riyadh Air veut aussi bâtir un réseau domestique pour desservir la capitale saoudienne et accessoirement alimenter ses vols long-courriers. La compagnie prépare ainsi une commande d'avions moyen-courriers avec une compétition actuellement en cours. « Je ne donnerai pas de chiffres précis, mais il s'agira d'une commande importante », a indiqué Tony Douglas. Il espère ainsi la conclure dès cette année, mais pas au salon du Bourget.

Sans surprise, Airbus et Boeing sont candidats pour remporter ce contrat comme l'a confirmé Tony Douglas. L'un des critères de décision portera sur la disponibilité des appareils au vu des ambitions rapides de Riyadh Air. « Nous sommes une startup, ce n'est pas comme si nous avions une flotte existante ou des contrats de location que nous pouvons d'étendre. Nous cherchons à agir rapidement maintenant en raison de l'ampleur de l'ambition au sein du royaume et de la nécessité de fournir la connectivité que j'ai décrite précédemment », a déclaré le dirigeant. Il veut ainsi être sûr d'avoir des créneaux de livraison en adéquation avec son plan de développement.

Cela pourrait aller dans le sens de Boeing, le carnet de commandes d'Airbus étant plein au moins jusqu'en 2027. Bloomberg croit d'ailleurs savoir que l'avionneur américain travaille ainsi sur un contrat d'au moins 150 exemplaires de 737 MAX pour la compagnie saoudienne, dans un article paru ce dimanche. Cela s'inscrirait dans une commande groupée géante de la part du Fonds d'investissement public d'Arabie saoudite pour 300 à 400 appareils moyen-courriers, possiblement réparties entre Boeing et Airbus.

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Une vision de la modernité toute relative

Interrogé également sur la place des femmes saoudiennes dans cette vision de modernité et de jeunesse que veut transmettre la compagnie, Tony Douglas a calmement mais fermement contre-attaqué : « À moins d'avoir été en Arabie saoudite et de l'avoir vu, vous auriez du mal à le comprendre. L'âge moyen de la population étant d'environ 30 ans, vous verrez la population féminine la plus dynamique et la plus engagée, très éduquée, extrêmement accueillante. La seule vision apportée est celle des médias qui ne sont pas particulièrement bien informés. J'utilise ces mots sans vouloir paraître irrespectueux ou péjoratif, mais la plupart des Occidentaux ne sont pas allés là-bas. C'est la raison pour laquelle certaines personnes peuvent percevoir cela. »

Un laïus sorti d'une traite, avant de mettre en avant l'extrême sécurité offerte par le royaume wahhabite où chacun peut laisser sa porte ouverte. Une vision toute relative pour employer un euphémisme au vu des rapports régulièrement publiés par les organisations de protection des droits humains.

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Commentaires 2
à écrit le 05/06/2023 à 23:53
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La population féminine engagée accueillante sans doute mais sous un sac à patate et asservie par le pere les frères … alors pour moi non merci j irai jamais au moyen orient ni dans dans un tel pays De phallocrates !!

à écrit le 05/06/2023 à 23:53
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La population féminine engagée accueillante sans doute mais sous un sac à patate et asservie par le pere les frères … alors pour moi non merci j irai jamais au moyen orient ni dans dans un tel pays De phallocrates !!

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