Frappé de plein fouet par la crise que traverse le transport aérien, ADP réduit ses coûts. En plus de vouloir diminuer ses charges courantes de 550 millions d'euros en 2020, le gestionnaire d'infrastructures aéroportuaires, parisiennes notamment, veut réduire sa masse salariale pour revenir à un résultat net positif dès 2021.
Négociations avec les syndicats à la rentrée
Plutôt que de supprimer massivement des postes, le groupe entend privilégier les réductions de salaires "raisonnables et suffisantes", selon son PDG Augustin de Romanet, pour qui "il n'est pas question de déséquilibrer les budgets familiaux" des salariés, au nombre de 6.300 dans le groupe.
"Je préfèrerais 100 fois un accord de performance [collective, APC, Ndlr] très puissant et très peu de suppressions d'emplois et uniquement des suppressions d'emplois volontaires", a expliqué mardi Augustin de Romanet, lors d'une conférence de presse téléphonique, qui voit une opportunité de montrer "qu'en acceptant de se couper un doigt, les départs volontaires ne sont pas une fatalité".
"Il s'agit de réduire un certain nombre de rémunérations de façon, pour partie temporaire, à permettre par cette solidarité d'éviter des départs contraints", a-t-il ajouté, sans se prononcer sur l'ampleur des mesures envisagées. "L'objectif est de retrouver la santé financière par la solidarité".
Avec la crise du coronavirus, ADP a accusé une perte nette de 543 millions d'euros au premier semestre. Son chiffre d'affaires a fondu de 46,5% à 1,168 milliard d'euros.
Des négociations avec les syndicats vont s'étaler de fin août à fin septembre pour signer plusieurs accords : l'un sur l'activité partielle de longue durée (APLD), un accord de performance collective (APC) qui passe généralement par des baisses de salaire ou une augmentation du temps de travail, et un dispositif de rupture conventionnelle collective (RCC).
Réduction des investissements
Les économies passeront également par une baisse des investissements. En 2020, 400 millions d'euros d'investissements prévus dans les aéroports parisiens sont supprimés. Seuls les grands travaux déjà en cours sont poursuivis compte tenu des surcoûts qu'aurait engendrés une suspension des travaux. En 2021 et 2022, les investissements seront réduits de moitié, à 500 millions d'euros l'an prochain et 600 millions d'euros dans deux ans.
La crise sera longue. Selon ADP, il faudra attendre entre 2024 et 2027 pour que le trafic des aéroports parisiens retrouve son niveau d'avant-crise. En 2020, il devrait chuter de 63%.
Réadaptation du projet d'extension de CDG
Ces prévisions poussent le groupe à revoir ses projets d'extension. À Roissy-Charles de Gaulle, ADP va mener une "adaptation" du projet de réaménagement de l'aéroport, lequel passait essentiellement par la construction d'un terminal 4 d'une capacité de 40 millions de passagers par an.
"L'autorisation environnementale relative au projet de réaménagement de l'aéroport Paris CDG devait faire l'objet d'une enquête publique en novembre 2020. Le Groupe ADP a décidé de conduire une adaptation du projet pour tirer les conséquences sanitaires et en termes de prévisions de trafic de la crise actuelle, préparer l'arrivée de l'avion à hydrogène et répondre aux recommandations de l'autorité environnementale. Ce travail aura pour objectif de créer les conditions d'une enquête publique sur le projet ainsi réadapté en profondeur", explique ADP dans un communiqué.
Pour le ministre délégué aux Transports Jean-Baptiste Djebbari, le projet "doit être revu en profondeur".
"Revu en profondeur, cela veut dire que le projet qui prévoyait l'accueil à horizon 2030 de 40 millions de passagers en plus, probablement aujourd'hui ne se justifie plus tel qu'il était prévu", a-t-il précisé. "Par contre, il y aura besoin d'aménagements, il y aura besoin d'accueillir de nouveaux types de trafics, il y aura besoin de continuer à pouvoir construire sobrement en fonction des besoins de ceux de la plateforme", a poursuivi le ministre.
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