L'exécutif néerlandais vient d'asséner un sacré coup derrière la tête de KLM en guise d'au revoir. Démissionnaire, le gouvernement de coalition de Mark Rutte a pris la peine de poursuivre son projet de limitation du nombre de vols à l'aéroport d'Amsterdam-Schiphol avant de partir. Il vient ainsi d'annoncer avoir déposé un plan en ce sens devant la Commission européenne pour une mise en place l'an prochain. Et celui-ci va encore plus loin qu'annoncé précédemment.
Le ministre de l'Infrastructure et de la gestion de l'eau, Mark Harbers, a indiqué dans un communiqué que le nombre de vols serait plafonné à 452.500 par an en lieu et place du plafond actuel de 500.000 mouvements annuels. Cette limitation serait donc encore plus importante que ce que le gouvernement de La Haye annonçait jusqu'ici, à savoir 460.000 mouvements par an. Le nombre de vols de nuit sera lui limité à 28.700 mouvements, contre 32.000 aujourd'hui, et les vols devront être effectués par des avions plus silencieux.
« L'aviation apporte beaucoup de choses merveilleuses aux Pays-Bas, à condition que l'on prête également attention aux effets négatifs pour les personnes vivant autour de l'aéroport », a déclaré Mark Harbers. Par cette mesure, il entend limiter les nuisances sonores induites par le transport aérien, ainsi que les émissions de CO2. Selon les calculs du ministère, « ce train de mesures permet de réduire le bruit d'environ 15 % par période de 24 heures et de 15 % la nuit. » Il annonce que des mesures complémentaires devront être prises pour atteindre l'objectif de 20 %.
KLM, première touchée
Cette mesure devrait impacter principalement KLM, la compagnie du groupe français Air France-KLM basée à Amsterdam, qui est de loin le plus grand aéroport des Pays-bas et qui constitue également sa plateforme de correspondances (hub). Sa filiale à bas coût Transavia Holland sera également impactée, et sera limitée dans son développement au contraire de Transavia France en pleine expansion.
Air France-KLM a exprimé son opposition au projet, estimant que « cette décision entravera inévitablement la connectivité, l'attractivité et la situation de l'emploi aux Pays-Bas, et ne tient pas compte des efforts déployés par notre compagnie aérienne, KLM, et par l'ensemble du Groupe pour réduire efficacement leur empreinte environnementale et sonore. » Le groupe indique également qu'il « n'aura d'autre choix que d'ajuster sa stratégie pour maintenir sa part de marché européenne au sein d'une industrie mondiale » et prévient que « cela inclut la réévaluation de ses plans d'investissement aux Pays-Bas pour les années à venir et la réaffectation des capacités au sein de notre réseau. »
Lors des précédentes annonces du gouvernement néerlandais, pour une limitation à 460.000 mouvements, Air France-KLM avait tenté de contester cette décision sur le plan légal mais avait fini par être débouté par la Cour d'appel d'Amsterdam en juillet dernier.
Vives réactions
Les associations du transport aérien ont également vivement réagi. La décision est « arbitraire, mal pensée et va à l'encontre des procédures normalement utilisées », a déclaré Ourania Georgoutsakou, directrice générale du groupe de compagnies aériennes Airlines For Europe (A4E), dans un communiqué.
L'Association internationale du transport aérien (IATA) a également commenté cette décision : « Dans quelques mois, ce gouvernement ne sera pas responsable des graves conséquences qui pourraient découler de la décision de Schiphol, notamment en ce qui concerne les relations avec les partenaires commerciaux des Pays-Bas, ainsi que la perte d'emplois et de prospérité dans le pays. » C'est en effet un sacré cadeau empoisonné que le gouvernement démissionnaire va laisser gérer à son successeur.
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