L'aéroport d'Amsterdam-Schiphol prend des mesures radicales pour accélérer sa décarbonation leur impact. Le PDG du groupe Royal Schiphol, Ruud Sondag, va en effet mettre en œuvre une réduction du nombre des vols depuis la plateforme. Les avions seront interdits de décollage entre minuit et 6h du matin et ne seront pas autorisés à atterrir avant 5h du matin. Une décision qui n'est pas neutre pour le trafic cargo mais aussi passagers. En effet, tous les vols programmés avant minuit ne devront pas supporter le moindre retard sous peine d'annulation.
Ces changements apportés à l'un des plus grands hubs aériens d'Europe devraient entrer en vigueur à partir de 2025-2026. « La seule voie à suivre est de devenir plus silencieux et plus propre, plus rapidement », a déclaré le responsable. « Pendant trop longtemps, nous n'avons pensé qu'à la croissance et trop peu au prix à payer », a-t-il ajouté.
10.000 vols de moins par an, les jets privés bannis des pistes
L'interdiction des vols de nuit apportera « la paix dans les environs », a déclaré Schiphol, après des années de plaintes concernant le bruit. Cela signifie 10.000 vols de moins par an.
Même si leurs émissions sont extrêmement en raison de leur poids limité dans le trafic aérien, les jets privés seront interdits car ils causent « une quantité disproportionnée de nuisances sonores et d'émissions de CO2 par passager ». Ils représentent environ 20 fois plus d'émissions de CO2 qu'un vol régulier, fait valoir l'aéroport.
En novembre, la police néerlandaise a arrêté des centaines de militants pour le climat qui s'étaient invités sur le tarmac à Schiphol avant d'y faire du vélo et de s'asseoir devant des jets privés pour les empêcher de décoller.
Plainte des compagnies aériennes
Les Pays-Bas ont déjà déclaré en juin 2022 qu'ils réduiraient les vols à Schiphol à 440.000 par an d'ici 2024, contre un niveau pré-covid de 500.000, pour limiter la pollution sonore et les émissions. De grandes compagnies aériennes, dont KLM, Delta et Easyjet, ont annoncé en mars qu'elles intentaient une action en justice contre le gouvernement néerlandais pour protester contre cette mesure.
« Les Pays-Bas handicapent leur économie en détruisant la connectivité et ils le font en violation du droit de l'UE et des obligations internationales », a déclaré Willie Walsh, directeur général de IATA, l'association des compagnies aériennes, cité dans le communiqué.
« L'approche hostile et destructrice d'emplois dans le secteur de l'aviation que le gouvernement néerlandais a choisie est une réponse totalement disproportionnée à la gestion du bruit », a-t-il ajouté. « Le dangereux précédent créé par cette approche illégale ne laissait d'autre choix que de la contester devant les tribunaux».
Une incapacité à absorber le rebond du trafic
Pour justifier cette décision, Amsterdam-Schiphol aurait pu aussi mettre en avant une éprouvante année 2022 et une incapacité à faire face à un rebond du trafic. « Jamais dans l'histoire de Schiphol, il nous était arrivé de décevoir autant de passagers et de compagnies aériennes comme ce fut le cas en 2022 », a admis Ruud Sondag. « Nos efforts et notre travail acharné n'ont pas permis d'apporter les améliorations nécessaires au bon fonctionnement et, par conséquent, nous n'avons pas été en mesure de fournir le service que nous souhaitions », a-t-il déclaré. Schiphol aurait de nouveau fixé des limites au nombre de voyageurs pendant les vacances de printemps en mai, selon des informations néerlandaises, ce qui fait craindre de nouveaux retards et des files d'attente.
(Avec AFP)
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