Dans un début d'année tonitruant, Lufthansa reste devant Air France-KLM

Ce ne sont pas encore les volumes inédits de 2019 mais, porté par un printemps exceptionnel, Lufthansa comme Air France-KLM affichent de très bons résultats semestriels et se préparent à réaliser une année de référence. Cela se traduit aussi par un retour, en apparence inexorable, à l'ordre naturel des choses : Lufthansa devant, Air France-KLM derrière.
Léo Barnier
Carsten Spohr, directeur général de Lufthansa, et Remco Steenbergen, directeur financier, se sont réjouis des bons résultats du groupe.
Carsten Spohr, directeur général de Lufthansa, et Remco Steenbergen, directeur financier, se sont réjouis des bons résultats du groupe. (Crédits : HANNIBAL HANSCHKE)

L'année 2023 sera-t-elle celle de tous les records après 2019 ? Une pandémie plus tard, l'exercice en cours est tout droit parti pour s'imposer comme la nouvelle référence du transport aérien. Après Air France-KLM, c'est au tour de Lufthansa de dévoiler des résultats semestriels de très bonne facture entre trafic fort et rendements élevés. Sur les six mois écoulés, le groupe allemand a une nouvelle fois pris le meilleur sur son concurrent français.

Avec 55 millions de passagers en six mois, Lufthansa a transporté plus de passagers qu'Air France-KLM. Ce n'est pas une surprise au vu de la taille supérieure du groupe allemand, qui va encore grandir si ITA Airways est consolidée dans les prochaines années. Le nombre de passagers comme le trafic calculé en nombre de passagers au kilomètre transportés de Lufthansa ont ainsi crû de 30 % environ, quand son concurrent se situe aux alentours de +20 %.

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Le lièvre et la tortue

Avec 11 millions de passagers de passagers supplémentaires chez Lufthansa, l'écart semble ainsi se creuser. Cette différence de rythme s'explique aussi par le fait qu'Air France-KLM a mieux réussi sa montée en puissance dès l'an dernier, en redéployant plus vite ses capacités que Lufthansa qui a connu d'importantes perturbations. Le groupe français a retrouvé 92 % de ses capacités et 88 % de ses passagers de 2019 - notamment grâce à la forte croissance de Transavia - quand Lufthansa tutoie à peine les 80 %. Sans compter un taux de remplissage supérieur de 5 points.  En 2019, la différence était ainsi de 18 millions de passagers.

Le revers de la médaille se situe dans les potentiels de croissance respectifs des deux groupes. Entre le dynamisme actuel et l'effet de rattrapage, Lufthansa semble mieux armé. Et il pourrait s'avérer redoutable au second semestre : il prévoit de retrouver 88 % de sa capacité - même s'il estime que « des goulets d'étranglement persistants dans le système européen de trafic aérien » ne lui permettent pas de se redéployer aussi vite qu'il le voudrait - et indique que son niveau de réservations pour les mois d'août à décembre 2023 représente en moyenne plus de 90 % du volume d'avant la crise. Carsten Spohr, son directeur général, prévoit d'ailleurs la remise en service de deux Airbus A380 supplémentaires pour soutenir cette demande.

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Le beurre et l'argent du beurre

En attendant, cet écart d'activité se retrouve aussi dans les résultats financiers. Lufthansa a engrangé plus de 16 milliards d'euros de chiffre d'affaires en l'espace de 6 mois. C'est 26 % de plus que l'an dernier sur la même période et 2,5 milliards d'euros de plus qu'Air France-KLM. Et le groupe allemand a une nouvelle fois prouver sa capacité à transformer cette activité en rentabilité comme s'en est félicité Carsten Spohr : « Que ce soit au sol, dans le cockpit, dans la cabine ou dans nos hangars de maintenance, ce sont nos employés dans le monde entier qui ont rendu possibles des opérations de vol fiables et le meilleur deuxième trimestre de notre histoire sur le plan financier. Ainsi, notre orientation claire vers la stabilité s'est avérée être le bon choix pour nos clients, nos employés et nos actionnaires ».

Encore dans le rouge à cette époque l'an dernier, son résultat opérationnel (Ebit) s'affiche positif à 777 millions d'euros, soit une marge de 4,7 %. Air France-KLM, qui était pourtant plus rentable que son rival à la même date l'an dernier avant de se faire dépasser, a dû pour sa part se contenter d'un résultat d'exploitation de 426 millions d'euros pour une marge de 3,1 %. En ne prenant que le deuxième trimestre, où le groupe français se targue d'un record de profitabilité opérationnelle avec 9,6 % de marge, force est de constater que Lufthansa est deux points au-dessus.

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Sur le résultat net, le constat est somme toute similaire. Les deux groupes sont repassés dans le vert mais Lufthansa émarge à 414 millions d'euros contre 260 millions pour Air France-KLM. En revanche, le groupe allemand a dégagé un flux de trésorerie libre ajusté d'un milliard d'euros seulement, trois fois inférieur à celui de l'année passée, en dépit de ses bons résultats opérationnels. Il se retrouve ainsi derrière son concurrent français, qui a dégagé environ 200 millions d'euros de plus.

Lufthansa justifie cette chute par le niveau d'investissements consenti, notamment pour le renouvellement de la flotte. Pendant les six premiers mois de l'année, le groupe a reçu trois Boeing 787, six Airbus A320 NEO et trois A321 NEO. Il a également passé commande pour quinze Airbus A350 et sept Boeing 787. Dans le même temps, Air France-KLM a également accru ses investissements, avec la réception de trois Boeing 787-10, quinze 737-800, neuf Airbus A220-300 et deux Embraer 195-E2.

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Une longueur d'avance

Fort de tous ces éléments, Lufthansa affine ses prévisions sur l'année, se fixant pour objectif de réaliser, ni plus ni moins, que l'un des trois meilleurs résultats de l'histoire du groupe, avec un résultat opérationnel ajusté (Ebit ajusté) de 2,6 milliards d'euros pour une marge d'au moins 8 %. Il parlait jusque-là d'une amélioration significative par rapport au 1,5 milliard d'euros de l'an dernier.

Air France-KLM ne s'est pas montré si précis, préférant se focaliser sur des objectifs à moyen terme (2024-2026), à savoir le retour aux capacités d'avant la crise en 2024, le maintien d'un cash-flow libre ajusté positif et une diminution des coûts unitaires, pour atteindre une marge opérationnelle de 7 à 8 %. Si chacun réalise ses objectifs, Air France-KLM devrait continuer à courir vite, mais toujours une longueur derrière Lufthansa.

Léo Barnier

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Commentaires 3
à écrit le 03/08/2023 à 15:07
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L'ère des paradoxes et des incohérences vue du ciel!

à écrit le 03/08/2023 à 14:39
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Bonjour, Le transport aérien a encore de beaux jours devant lui.... La réduction des prix et une qualité de prestation correcte attire toujours la clientèle... Maintenant, sur le marché intérieur européenne, la concurrence est importante.... La ré...

le 03/08/2023 à 14:53
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@ Rogger Le transport aérien qui véhicule à travers la planète des hordes de "touristes"! All inclusive !!! est une catastrophe écologique. Mais bien sûr, il fo pas le dires.

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