Air France quitte Orly, la pilule ne passe pas pour les syndicats qui appellent à la grève

Alors que le 18 octobre dernier, la compagnie aérienne française a acté que plus aucun de ses avions n'atterriraient à l'aéroport du sud de l'Ile-de-France dès 2026, les syndicats dénoncent un choix aux « lourdes conséquences sociales » et appellent à la grève mardi 28 novembre.
Aucun avion Air France n'atterrira plus à Orly dès 2026, à l'exception des liaisons depuis la Corse.
Aucun avion Air France n'atterrira plus à Orly dès 2026, à l'exception des liaisons depuis la Corse. (Crédits : Gonzalo Fuentes)

C'est une « nécessaire riposte à l'affaiblissement sans précédent de notre réseau » intérieur, a dénoncé, ce jeudi, Force Ouvrière. Comme plusieurs autres syndicats au sein d'Air France, il appelle à la grève mardi 28 novembre. Ils protestent contre la décision de la compagnie aérienne de quitter l'aéroport de Paris-Orly. Ainsi, dès 2026, aucun avion Air France n'atterrira plus à Orly, à l'exception des liaisons depuis la Corse.

Une décision actée le 18 octobre. Et ce, en dépit du rôle central joué, depuis une soixantaine d'années, par l'aéroport dans le trafic point-à-point de la compagnie, vers les villes françaises de l'Hexagone comme de l'Outre-Mer. Mais Air France souhaite désormais concentrer ses opérations à Roissy, qui occupe actuellement un rôle de plateforme de correspondance entre ses réseaux moyen et long-courrier.

Une demande en baisse, la présence de Transavia renforcée

Pour justifier son choix, Air France a invoqué une « chute structurelle de la demande » pour le court-courrier due notamment au développement des visioconférences et à la réduction des déplacements professionnels.

Concrètement, ce choix signe l'arrêt de la Navette, produit emblématique d'Air France à Orly, vers Nice, Toulouse et Marseille et de l'intégralité de ses liaisons vers l'outre-Mer. Elle représentait, avant la crise sanitaire, plusieurs dizaines de vols quotidiens vers cinq villes (Marseille, Toulouse, Nice, Bordeaux, et Montpellier). En ajoutant les vols de sa filiale Hop, le groupe Air France assurait à lui seul près du tiers de l'activité de la plateforme sans même compter Transavia (17,5 %).

Mais, depuis, la Navette s'est arrêtée sur Montpellier et Bordeaux, notamment du fait de l'interdiction dans le cas de la présence d'une alternative ferroviaire de moins de 2h30 avec Orly-Nantes et Orly-Lyon). L'offre a aussi été revue à la baisse sur les autres destinations de la Navette, et des liaisons vers l'Outre-Mer sont opérées depuis Roissy depuis 2020.

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En 2022, Air France ne représentait plus que 22 % du trafic. À l'inverse, Transavia n'a cessé de monter en puissance, conformément au plan stratégique d'Air France-KLM, jusqu'à dépasser 28 % du trafic l'an dernier.

Sans surprise donc, suite à l'annonce du départ d'Orly, l'offre sera renforcée au départ de Roissy et Transavia sera positionnée sur Toulouse, Marseille et Nice au départ de l'aéroport du Val-de-marne. « Les capacités du groupe entre Paris et Toulouse, Marseille et Nice seraient maintenues à hauteur de 90% de leur niveau actuel, et à 100% pour les liaisons entre Paris et les Outre-Mer », a ainsi assuré le géant de l'aviation. Et d'affirmer que l'impact social « sera limité et géré uniquement sur la base de mobilités ou de départs volontaires » dans les trois escales régionales et que les bases des personnels navigants seraient maintenues. Le groupe estime ainsi pouvoir éviter tout départ contraint.

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« De lourdes conséquences sociales sont en jeu »

Une confiance qui n'est pas partagée par les syndicats. À commencer donc par FO qui estime, lui, que « de lourdes conséquences sociales sont en jeu ». Comme FO, la CFDT (deuxième organisation syndicale) a appelé à cesser le travail et à manifester mardi à 10H00 à Orly. « On va tout faire pour » que la mobilisation soit importante, a affirmé à l'AFP son secrétaire général, Christophe Dewatine. « L'idée n'est pas d'empêcher les clients de prendre l'avion, mais de bien montrer notre opposition à ce projet, la disparition de la marque Air France de la plateforme » d'Orly, a-t-il ajouté. À ce titre, la date du 28 novembre est symbolique puisqu'il s'agira du 71e anniversaire du transfert d'Air France à Orly depuis l'aéroport du Bourget (nord de Paris).

Deux plateformes de part et d'autres de Paris

« La direction souhaite que 600 de ses salariés de sa base sud aillent travailler sur l'aéroport de Roissy. Ce sont non seulement nos collègues, mais aussi des familles entières, qui vont payer un lourd tribut à ce projet », a critiqué pour sa part l'UNSA Aérien (troisième syndicat), appelant elle aussi à la grève. Même exhortation à la CGT (cinquième organisation), qui a décrié un projet « synonyme de casse sociale pour un gain économique risible ».

La compagnie avait, en effet, indiqué que, pour les salariés à Orly, des solutions de mobilité sur l'aéroport seraient proposées et que la hausse d'activité à Roissy permettrait de proposer des emplois équivalents. Mais cette solution ne prend pas en compte le fait que les deux plateformes sont de part et d'autre de Paris. « Pratiquement 60% des salariés qui travaillent sur la base Orly habitent dans le sud de l'Essonne », et aller à Roissy « va générer des difficultés » pour eux, pointait, en effet, Christophe Dewatine, le 20 novembre dernier.

En outre, comme d'autres syndicats, la CGT souhaite que les salariés d'Air France puissent gérer les mouvements des avions de Transavia.

Quant à la CFE-CGC-UNAC, le quatrième syndicat a expliqué s'associer à la mobilisation, « mais pas au mouvement de grève à ce stade », exigeant néanmoins des mesures d'accompagnement « à la hauteur de l'enjeu ».

De son côté, Air France, qui a chiffré à 430 le nombre d'employés au sol et 170 de la maintenance concernés à Orly, ainsi qu'une centaine en région, a estimé qu'il était « trop tôt pour connaître l'impact de ce mouvement sur les opérations » et promis qu'elle « mettra(it) tout en œuvre pour acheminer l'ensemble de ses clients », selon les mots de sa direction.

Sur le fond, la compagnie a souligné qu'« un accord de méthode a(vait) été signé avec les organisations représentatives de l'Etablissement personnel au sol (CFDT, CFE-CGC et FO), le mardi 14 novembre, contractualisant l'ouverture de négociations et confirmant l'engagement de la compagnie à accompagner au mieux l'ensemble des salariés concernés par cette évolution ».

(Avec AFP)

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