De nombreuses lignes intérieures arrêtées, des suppressions de postes massives, des régions françaises qui vont perdre une grande partie de leur connectivité aérienne et par conséquent de leur attractivité : c'est le scénario qui se profile dans le plan de transformation d'Air France qui sera présenté en juin. Il avait été dévoilé récemment par Ben Smith, le directeur général d'Air France-KLM, lors d'une visioconférence avec les salariés de Transavia. La restructuration du réseau domestique va avoir un "impact social énorme", mais aussi "un impact économique pour beaucoup de petites villes qui auront un niveau de services différent ou des services qui seront arrêtés", avait-il prévenu.
Déficitaire à hauteur de 200 millions d'euros, le réseau domestique aujourd'hui assuré par Air France et sa filiale HOP va effet faire l'objet d'une réduction de voilure drastique. L'offre du groupe va en effet baisser de 40% d'ici à fin 2021, a indiqué ce mardi Ben Smith, lors de l'assemblée générale des actionnaires du groupe.
HOP va arrêter ses vols au départ d'Orly
En tenant compte des mesures écologiques demandées par le gouvernement en contrepartie de son soutien pour traverser la crise du Covid-19 et des différents messages distillés ces derniers jours en interne par les dirigeants du groupe, le paysage du réseau domestique que prévoit Air France commence à se dessiner.
L'obligation d'arrêter les routes sur lesquelles une alternative ferroviaire existe (hors vols d'alimentation des hubs) condamnait déjà trois routes : Orly-Lyon, Orly Bordeaux et Orly-Nantes (son arrêt avait déjà été acté en février), les seules à être touchées par cette mesure. Mais une autre contrainte environnementale imposée par le gouvernement, celle de réduire de 50% les émissions de CO2 d'ici à 2024 par rapport à 2019, justifie d'aller plus loin.
A la lecture du courrier adressé hier aux salariés de HOP par le PDG de la filiale régionale d'Air France, Pierre-Olivier Bandet, d'autres lignes vont être arrêtées. La concentration de l'activité de HOP sur la desserte des hubs de Roissy-Charles de Gaulle et de Lyon met en effet fin à tous les vols de HOP à Orly. Sont concernées des villes comme Clermont-Ferrand (siège de Michelin), Toulon, Perpignan, Tarbes/Pau, Brest.., pour la plupart reliées également à l'aéroport de Roissy pour le trafic de correspondances qui risque, pour une partie d'entre elles, d'être leur seul lien avec la capitale.
La Navette pour Air France, mais quelle Navette ?
Que restera-t-il donc à Orly ? D'une part, Air France va maintenir l'exploitation du service cadencé La Navette vers Nice, Toulouse et Marseille, a indiqué Anne Rigail lors d'une visioconférence organisée récemment avec les salariés de Transavia, la filiale low-cost du groupe.
Interdite d'exploiter des vols intérieurs par des accords de périmètre, Transavia va être déployée sur le réseau intérieur. Des négociations sont en cours avec le SNPL Air France-Transavia pour permettre cette nouvelle activité. Reste à voir quelles lignes domestiques elle assurera. Montpellier (qui fait partie du service "La Navette" assuré par des avions d'Air France et HOP) pourrait être l'une d'elles selon plusieurs observateurs.
En région, HOP en correspondance, Transavia en vols directs
En région, les contours de l'offre du groupe s'éclaircissent également. Le maintien de HOP sur les lignes reliant des villes régionales françaises au hub de Lyon conduisent de facto à l'abandon des lignes transversales (région-région) hors Lyon, pourtant très appréciées par la clientèle professionnelle. Transavia va se substituer à HOP sur certaines lignes, mais avec une offre complètement différente. Avec des appareils de 189 sièges contre une centaine pour ceux de HOP, Transavia ne pourra pas assurer le même nombre de vols par jour. Par conséquent, la desserte du réseau transversal pour la clientèle professionnelle passerait par des vols de HOP en correspondance via le hub de Lyon, auxquels s'ajouterait une offre de vols directs opérés par Transavia, beaucoup moins dense en termes de nombre de vols (quelques vols hebdomadaires dans un scénario extrême), pour lutter contre les low-cost Volotea et Easyjet.
La baisse des émissions de CO2 pourrait dépasser l'objectif gouvernemental
Pour HOP, ce réseau régional à Lyon constituerait un grand bon en arrière. Il ressemblerait à celui de Regional, (l'une des trois compagnies, avec Britair et Airlinair, qui ont été regroupées il y a quelques années pour créer HOP) au moment de son rachat par Air France en 2000, sauf que le hub se situait à l'époque à Clermont-Ferrand.
Avec une baisse d'offre de 40% et le renouvellement de la flotte moyen-courrier à partir de l'an prochain grâce à l'arrivée des premiers A220 consommant 25% de moins que les A320, l'objectif de réduction d'ici à 2024 de 50% des émissions de CO2 par rapport à 2019 pourrait être dépassé.
Les conséquences sociales seront énormes. Cette réduction de voilure va entraîner des sureffectifs et des plans de départs. Pierre-Olivier Bandet l'a déjà annoncé chez HOP.
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